samedi 3 octobre 2015

La délurée

Je vous laisserai découvrir seuls ce qui sort des entrailles de Google quand on recherche Une blonde émoustillante. Également distribué sous d'autres titres, comme Retailles, Recoupes ou La chevelure sacrifiée, cette gentille petite comédie aurait dû être le second film diffusé par mon association cinéma en ce début de saison 2015-2016. Un malentendu a fait que je ne l'ai finalement vu que le lendemain...

Bon... je suppose que vous vous fichez un peu de mes péripéties associatives, à juste titre, d'ailleurs. Le film, lui, est un vaudeville autour du personnage de Maryska, la jeune, blonde et jolie épouse d'un gérant de brasserie, dans ce qui est redevenu la Tchécoslovaquie des années de l'entre-deux-guerres. Mutine sans conscience véritable des regards qu'elle attire chez ces messieurs, la tendre ingénue s'affiche en femme moderne avant l'heure, boit de la bière et mange des côtelettes au petit-déjeuner, flirte avec une innocence de gamine avec son insupportable beau-frère et finit inévitablement par susciter la jalousie de Francin, son pauvre mari, submergé par le travail. Bref... Une blonde émoustillante porte plutôt bien son nom. J'ai lu quelques critiques qui en faisaient même un film érotique. Mouais... 

La première qualité de ce drôle de long-métrage, c'est d'après moi qu'il joue très habilement sur une gamme humoristique étendue. Tantôt coquin, tantôt franchement burlesque, le scénario s'amuse visiblement à dresser toute une galerie de personnages attachants. Qu'ils soient sur le devant de la scène ou à l'arrière plan, ces derniers vivent mille et une péripéties: un vrai air de fantaisie souffle constamment sur ces images d'une autre époque. Adapté du roman éponyme de Bohumil Hrabal sorti sept ans plus tôt, Une blonde émoustillante s'illustre également par la reconstitution d'une période un peu oubliée. Pour se situer dans le temps, l'apparition progressive d'objets nouveaux comme la radio donne quelques indices, suffisants d'ailleurs pour renforcer le côté sympa de l'entreprise, sans passéisme aucun, mais avec une dose de poésie. C'est avec un sourire constant que j'ai pensé à ce qui a pu changer depuis. Une chouette trouvaille !

Une blonde émoustillante
Film tchécoslovaque de Jiri Menzel (1981)

Quinze ans plus tôt, le réalisateur se faisait remarquer favorablement avec Trains étroitement surveillés, Oscar du meilleur film étranger. Je n'ai encore rien vu d'autre de sa création: partie remise, j'espère. La découverte du jour m'a fait penser à Kusturica et Kaurismäki. Curieusement, j'ai aussi songé à la folie de certains longs-métrages tournés à la Audiard (Michel), du style Elle cause plus... elle flingue.

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Une petite anecdote pour finir...
Magda Vasaryova, l'actrice principale du film, a 67 ans aujourd'hui. Elle a fait carrière au cinéma jusqu'en 1991. Elle est aussi connue pour avoir été ambassadrice de Tchécoslovaquie en Autriche de 1990 à 1993, puis de Slovaquie en Pologne de 2000 à 2005. Candidate malheureuse à la présidentielle slovaque en 1999, elle a été secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères du pays de février 2005 à juillet 2006.

J'aurais aimé vous en dire plus...
Seulement voilà: ce qui devait être une soirée de mon association s'est transformée en projection privée pour quelques happy few invités par une autre. Et, non sans dépit, j'ai donc raté Jiri Menzel...

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