dimanche 21 juin 2015

Intimité partagée

Le Japon est un pays qui m'intéresse - et m'attire - de plus en plus. Faute d'y être déjà allé en vacances, je suis heureux d'en découvrir quelques facettes par l'intermédiaire du cinéma. La maison au toit rouge m'a offert une nouvelle opportunité: le récit de ce film récent court essentiellement sur une dizaine d'années, entre 1935 et 1946. Un long flash-back nous est proposé, sur l'histoire de deux femmes...

La première, Taki, est une modeste campagnarde, placée au service de la seconde, Tokiko. Leur évidente différence de statut social n'empêche pas les deux femmes de bien s'entendre. En suivant chacun des pas de Taki, la caméra nous familiarise aussi avec Tokiko, l'idée étant visiblement d'illustrer la vie d'une famille japonaise "ordinaire" à la veille et pendant toute la seconde guerre mondiale. Le parti-pris du réalisateur consiste à tourner l'essentiel de ses plans à l'intérieur même du foyer. Quelques exceptions notables font avancer l'intrigue autour d'un possible adultère, mais La maison au toit rouge demeure foncièrement un film cloisonné. Une sensation d'intimité partagée pourrait vous saisir si vous tombez en empathie avec les héroïnes. Les quelques scènes au présent n'ont pas forcément le même impact.

Une chose est sûre: les équipes techniques ont fait du beau travail pour donner de la consistance à ce décor (un peu trop ?) soigné. Personnellement, sans m'emballer tout à fait, j'ai apprécié la qualité de cette reconstitution, mais aussi et surtout cette volonté de laisser les événements historiques hors-champ. La maison au toit rouge interroge subtilement sur la mémoire et l'importance que peut revêtir le fait de vivre concrètement les choses pour en avoir une vision juste. Vous aurez très certainement deviné que le long-métrage aborde certaines questions sensibles avec pudeur, mais je dois dire aussi qu'il n'est pas tout à fait dépourvu d'humour. Vous apprendrez que le film adapte un roman. Le réalisateur est presque contemporain de ses personnages: Yôji Yamada, 83 ans, a fait ses débuts en 1960 !

La maison au toit rouge
Film japonais de Yôji Yamada (2014)

Je crois que c'est inévitable: ce type de films charrie avec lui d'innombrables références aux grands maîtres japonais classiques. Pour dire les choses comme elles sont, je préfère encore aller piocher du côté du cinéma actuel: Still walking me reste alors en mémoire comme un film comparable. Du beau cinéma, certes, mais qui reste un cran en-dessous des classiques du genre, comme Voyage à Tokyo.

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Je dirais que Pascale se montre un peu plus enthousiaste que moi. 

4 commentaires:

Princécranoir a dit…

Je dois dire que j'avais été plutôt intrigué par ce film japonais dans mon cinéma, sans pour autant oser franchir le seuil de la salle malheureusement. On m'en a dit le plus grand bien par la suite, confirmé par ce texte élogieux. Un de plus à ajouter sur la liste du rattrapage.

Martin a dit…

Ce n'est pas un film génial, mais c'est quand même plutôt intéressant et bien joué. Je te recommande en effet de le laisser dans ta liste de rattrapage: il le mérite.

Pascale a dit…

Oh oui que j'ai aimé cet univers désuet et ce calme apparent alors que les affres de la passion sont à l'oeuvre.
ET puis c'est BEAU à regarder !

Martin a dit…

C'est vrai que c'est un film très beau à regarder. Tu as raison également de dire que les affres de la passion sont à l'oeuvre derrière le calme apparent. Et n'oublions pas non plus les ravages de la guerre !