J'ai vu mon premier film flamand l'an passé. Mon goût pour le cinéma wallon allant croissant, j'ai aujourd'hui le sentiment d'un grand champ de découvertes possibles de l'autre côté de ce que les Belges francophones appellent la frontière linguistique. C'est cet a priori favorable qui m'a incité à aller voir Alabama Monroe en salles. Évidemment, j'avais vu la bande-annonce du film: un bien joli couple avec enfant s'y aime et s'y déchire sur fond de musique country. Repoussantes pour certains, ces images m'ont aimanté. J'y ai décelé la promesse d'un grand film social et sensible, comme je les aime.
Vérification faite, Alabama Monroe est un vrai mélodrame. Il montre combien la vie peut être belle, mais aussi, frontalement, à quel point elle peut être salope. D'aucuns jugeront, et c'est vrai, qu'on n'a pas besoin du cinéma pour le savoir. D'autres diront, et c'est leur droit, qu'ils n'ont pas envie qu'on leur rappelle cette réalité dans une salle obscure, après qu'ils ont dépensé une dizaine d'euros. Je fais partie d'une autre catégorie de personnes, je crois. Oui, j'aime la tristesse au cinéma, parce que c'est justement du cinéma. Quand l'image s'arrête et quand la lumière se rallume, je regarde défiler le générique et je reprends ainsi mon souffle en me disant que non, le petit chat n'est pas mort, pas vraiment. Et j'aime ça, oui, j'aime ça, avoir vécu une émotion difficile et, soudain, revenir à ma réalité, en général plus souriante. Je crois qu'il y a une vraie poésie, dans le drame fictif. Le geste d'un humain vers les autres, pour les sensibiliser peut-être à quelque chose de profond et, idéalement, les préparer. Exemplaire à ce titre, ce film-là ne manque jamais d'empathie.
Pour nous faire pleurer, il aurait sans doute été possible de dérouler le drame de ces prémices jusqu'à sa glaçante conclusion. Le choix opéré par le réalisateur est autre: Alabama Monroe se caractérise d'abord par un montage déstructuré. Passé, présent et futur s'enchaînent constamment, sans pourtant perdre de vue le fil conducteur et la compréhension du spectateur. On voit donc arriver les catastrophes, mais on a aussi la garantie qu'après une scène particulièrement rude, une autre arrive, moins difficile à encaisser. J'ignore dans quel ordre ces scènes ont été tournées, mais je dois dire que le duo Johan Heldenbergh / Veere Baetens fonctionne parfaitement et donne l'image d'un couple réel. Peut-être juste l'homme est-il un peu plus investi dans sa manière de jouer: il faut préciser que le film adapte en fait une pièce de théâtre qu'il a écrite. J'ai déjà dit beaucoup de choses, mais toujours rien sur la musique. Elle est un vrai personnage: sans elle, le film ne serait pas le même. À vous de découvrir le reste. Un gros coup de coeur, pour ma part.
Alabama Monroe
Film belge de Felix van Groeningen (2013)
Tôt ou tard, je devrais être amené à vous reparler du cinéma flamand. Un séjour à Bruges m'a en effet permis d'acquérir une série de DVD de longs-métrages venus de l'autre partie de la Belgique. Détail amusant: alors que Felix van Groeningen a été connu en France avec son film précédent, La merditude des choses, j'ai à disposition les deux premiers extraits de sa jeune filmographie. À suivre, donc. En attendant, ultime conseil: n'ayez pas peur de la version originale. Les acteurs chantent eux-mêmes: si tant est qu'elle existe, la VF risque d'être "décalée". Vraiment, rien de tel que le tout en flamand !
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Et en attendant, ce que je peux vous proposer...
C'est de retrouver le blog de Liv, "Liv/raison de films". Vous verrez qu'elle évoque le film d'aujourd'hui de façon bien plus directe. La lire vous dévoilera beaucoup et vous offrira au final une comparaison avec un autre film. Pascale, elle, a choisi d'évoquer également comment les personnages se placent face à la notion de foi. Il est vrai que c'est un sous-thème majeur - détails ici: "Sur la route du cinéma". Rien sur "L'impossible blog ciné": David l'a trouvé... insupportable !
Vérification faite, Alabama Monroe est un vrai mélodrame. Il montre combien la vie peut être belle, mais aussi, frontalement, à quel point elle peut être salope. D'aucuns jugeront, et c'est vrai, qu'on n'a pas besoin du cinéma pour le savoir. D'autres diront, et c'est leur droit, qu'ils n'ont pas envie qu'on leur rappelle cette réalité dans une salle obscure, après qu'ils ont dépensé une dizaine d'euros. Je fais partie d'une autre catégorie de personnes, je crois. Oui, j'aime la tristesse au cinéma, parce que c'est justement du cinéma. Quand l'image s'arrête et quand la lumière se rallume, je regarde défiler le générique et je reprends ainsi mon souffle en me disant que non, le petit chat n'est pas mort, pas vraiment. Et j'aime ça, oui, j'aime ça, avoir vécu une émotion difficile et, soudain, revenir à ma réalité, en général plus souriante. Je crois qu'il y a une vraie poésie, dans le drame fictif. Le geste d'un humain vers les autres, pour les sensibiliser peut-être à quelque chose de profond et, idéalement, les préparer. Exemplaire à ce titre, ce film-là ne manque jamais d'empathie.
Pour nous faire pleurer, il aurait sans doute été possible de dérouler le drame de ces prémices jusqu'à sa glaçante conclusion. Le choix opéré par le réalisateur est autre: Alabama Monroe se caractérise d'abord par un montage déstructuré. Passé, présent et futur s'enchaînent constamment, sans pourtant perdre de vue le fil conducteur et la compréhension du spectateur. On voit donc arriver les catastrophes, mais on a aussi la garantie qu'après une scène particulièrement rude, une autre arrive, moins difficile à encaisser. J'ignore dans quel ordre ces scènes ont été tournées, mais je dois dire que le duo Johan Heldenbergh / Veere Baetens fonctionne parfaitement et donne l'image d'un couple réel. Peut-être juste l'homme est-il un peu plus investi dans sa manière de jouer: il faut préciser que le film adapte en fait une pièce de théâtre qu'il a écrite. J'ai déjà dit beaucoup de choses, mais toujours rien sur la musique. Elle est un vrai personnage: sans elle, le film ne serait pas le même. À vous de découvrir le reste. Un gros coup de coeur, pour ma part.
Alabama Monroe
Film belge de Felix van Groeningen (2013)
Tôt ou tard, je devrais être amené à vous reparler du cinéma flamand. Un séjour à Bruges m'a en effet permis d'acquérir une série de DVD de longs-métrages venus de l'autre partie de la Belgique. Détail amusant: alors que Felix van Groeningen a été connu en France avec son film précédent, La merditude des choses, j'ai à disposition les deux premiers extraits de sa jeune filmographie. À suivre, donc. En attendant, ultime conseil: n'ayez pas peur de la version originale. Les acteurs chantent eux-mêmes: si tant est qu'elle existe, la VF risque d'être "décalée". Vraiment, rien de tel que le tout en flamand !
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Et en attendant, ce que je peux vous proposer...
C'est de retrouver le blog de Liv, "Liv/raison de films". Vous verrez qu'elle évoque le film d'aujourd'hui de façon bien plus directe. La lire vous dévoilera beaucoup et vous offrira au final une comparaison avec un autre film. Pascale, elle, a choisi d'évoquer également comment les personnages se placent face à la notion de foi. Il est vrai que c'est un sous-thème majeur - détails ici: "Sur la route du cinéma". Rien sur "L'impossible blog ciné": David l'a trouvé... insupportable !
2 commentaires:
Je l'ai vu hier grace à une bonne critique car j'ai la vilaine manie de zapper les titres en anglais sans articles ni verbes ! (bonne chance au futur Canet ;-))je trouve que ce snobisme est insupportable ..
Très émue aussi par le film, tout en fraicheur et en pudeur, l'histoire d'amour de ces deux presque marginaux, leur douleur de parents, et une belle découverte de la musique bluegrass dont ils sont fous.
Voila un client pour la Palme d'or, oui c'est à ce point là, "social" comme il se doit mais sans agressivité ni verbiage (comme c'est maintenant la règle ..)
l'ai vu hier grace à une bonne critique car j'ai la vilaine manie de zapper les titres en anglais sans articles ni verbes ! (bonne chance au futur Canet ;-))je trouve que ce snobisme est insupportable ..
Très émue aussi par le film, tout en fraicheur et en pudeur, l'histoire d'amour de ces deux presque marginaux, leur douleur de parents, et une belle découverte de la musique bluegrass dont ils sont fous.
Voila un client pour la Palme d'or, oui c'est à ce point là, "social" comme il se doit mais sans agressivité ni verbiage (comme c'est maintenant la règle ..)
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