Le cinéma est-il un instrument de liberté ? Sans doute. Osama fait partie de ces films qui me le laissent croire. Parti d'Afghanistan, il est parvenu jusqu'à nous par l'intermédiaire du Festival de Cannes. Présenté à la Quinzaine des réalisateurs en 2003, il a ensuite obtenu une mention à la Caméra d'or. Il a reçu d'autres distinctions également et pourtant, avant de le voir au programme d'une chaîne de mon fournisseur d'accès à Internet, je n'en avais jamais entendu parler. Sa nationalité a toutefois suffi à ce que je m'intéresse à lui.
Osama n'est pas le premier film afghan. C'est le premier que je vois et, apparemment, le premier réalisé après le départ des Talibans. Tourné à Kaboul, il montre, dans une démarche d'abord assez proche du documentaire, un pays courbé sous la férule des fondamentalistes musulmans. Il se tourne vers les femmes, leurs premières victimes. Précision que je crois importante: le film ne présente pas la religion comme la source de tous les maux. Ce qui nous est exposé repose d'abord sur la vilenie d'hommes ordinaires, petits potentats locaux jamais aussi sûrs de leur pouvoir que de celui de leur Kalachnikov. L'intérêt du long-métrage - sa force, dirais-je même - consiste à faire d'une jeune fille le symbole d'une population martyre. Osama devient son prénom quand sa mère la déguise en garçon pour qu'elle puisse sortir et travailler. Leurs époux morts à la guerre, les autres femmes de la famille n'ont plus rien: ni d'argent, ni même le droit d'en gagner.
Je n'ai pas envie de vous raconter la suite, mais j'espère vraiment que vous aurez l'occasion de la découvrir. Les exactions talibanes étaient rangées dans un recoin de ma mémoire, presque oubliées finalement. Les revoir sous le masque de la fiction m'a bousculé. Évidemment, la liberté du peuple afghan était alors si conditionnelle qu'elle n'existait pas. Pas sûr que ce soit tellement mieux aujourd'hui. C'est là que je reviens à mon idée d'un cinéma, instrument de liberté. Qu'un film comme Osama puisse simplement exister a quelque chose de rassurant. Le plus surprenant est que le réalisateur fasse preuve d'une grande justesse technique. Né en 1962, Siddiq Barmak a étudié son art dans une école de cinéma soviétique, dont il est sorti diplômé à 25 ans. Je suis très favorablement impressionné par la prestation de ses acteurs, tous amateurs, et en particulier bien entendu par celle de l'enfant, Marina Golbahari. Il semble qu'elle poursuive sa carrière !
Osama
Film afghan de Siddiq Barmak (2003)
Le réalisme de cette oeuvre peut faire mal ! Je crois devoir dire toutefois que la pudeur avec laquelle ces événements sont contés permet aussi d'atténuer le choc. Le film reste sombre, son auteur soucieux de montrer les choses comme elles sont, écartant alors l'idée d'un happy end hollywoodien. Ceux d'entre vous que le drame rebute se tourneront plutôt vers Wadjda, long-métrage saoudien découvert cette année. Certes différentes, les deux histoires se ressemblent...
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Pour les autres qui aimeraient d'autres avis...
Je recommande la lecture des chroniques de "L'oeil sur l'écran".
Osama n'est pas le premier film afghan. C'est le premier que je vois et, apparemment, le premier réalisé après le départ des Talibans. Tourné à Kaboul, il montre, dans une démarche d'abord assez proche du documentaire, un pays courbé sous la férule des fondamentalistes musulmans. Il se tourne vers les femmes, leurs premières victimes. Précision que je crois importante: le film ne présente pas la religion comme la source de tous les maux. Ce qui nous est exposé repose d'abord sur la vilenie d'hommes ordinaires, petits potentats locaux jamais aussi sûrs de leur pouvoir que de celui de leur Kalachnikov. L'intérêt du long-métrage - sa force, dirais-je même - consiste à faire d'une jeune fille le symbole d'une population martyre. Osama devient son prénom quand sa mère la déguise en garçon pour qu'elle puisse sortir et travailler. Leurs époux morts à la guerre, les autres femmes de la famille n'ont plus rien: ni d'argent, ni même le droit d'en gagner.
Je n'ai pas envie de vous raconter la suite, mais j'espère vraiment que vous aurez l'occasion de la découvrir. Les exactions talibanes étaient rangées dans un recoin de ma mémoire, presque oubliées finalement. Les revoir sous le masque de la fiction m'a bousculé. Évidemment, la liberté du peuple afghan était alors si conditionnelle qu'elle n'existait pas. Pas sûr que ce soit tellement mieux aujourd'hui. C'est là que je reviens à mon idée d'un cinéma, instrument de liberté. Qu'un film comme Osama puisse simplement exister a quelque chose de rassurant. Le plus surprenant est que le réalisateur fasse preuve d'une grande justesse technique. Né en 1962, Siddiq Barmak a étudié son art dans une école de cinéma soviétique, dont il est sorti diplômé à 25 ans. Je suis très favorablement impressionné par la prestation de ses acteurs, tous amateurs, et en particulier bien entendu par celle de l'enfant, Marina Golbahari. Il semble qu'elle poursuive sa carrière !
Osama
Film afghan de Siddiq Barmak (2003)
Le réalisme de cette oeuvre peut faire mal ! Je crois devoir dire toutefois que la pudeur avec laquelle ces événements sont contés permet aussi d'atténuer le choc. Le film reste sombre, son auteur soucieux de montrer les choses comme elles sont, écartant alors l'idée d'un happy end hollywoodien. Ceux d'entre vous que le drame rebute se tourneront plutôt vers Wadjda, long-métrage saoudien découvert cette année. Certes différentes, les deux histoires se ressemblent...
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