mardi 4 juin 2024

De vie ou de mort

La terrible guerre qui oppose aujourd'hui, à Gaza, Israël au Hamas n'avait pas commencé lorsque Le déserteur est sorti sur les écrans. De son second opus, Dani Rosenberg dit qu'il "s'est écrasé sur le mur de la réalité". Il indique aussi qu'il est né de ses propres angoisses. J'y ai vu l'un des films les plus intenses de ce premier semestre 2024 !

Shlomi est un simple soldat de l'armée d'Israël, âgé d'une vingtaine d'années. Nous le découvrons endormi, aux côtés de ses camarades. Quand un officier réveille tout le monde, le jeune homme remarque que personne ne lui prête alors attention et en profite pour s'éclipser. Son objectif ? Retrouver Shiri, la fille qu'il aime. Il est clair que Shlomi garde en lui une forme d'insouciance adolescente liée au sentiment amoureux et ne mesure pas vraiment les conséquences de son acte. C'est en le suivant pas à pas au cours d'une (longue) journée décisive que nous en prendrons acte avec lui - la fiction rejoignant la réalité dont nous parlent actuellement les médias présents au Moyen-Orient. Le déserteur a l'immense mérite de ne rien céder au manichéisme. Même s'il adopte un point de vue, il n'en fait pas un propos univoque centré sur la perception d'une seule des communautés et parties prenantes au conflit. L'absurdité de la situation est aussitôt établie...

J'ai apprécié que le récit nous plonge immédiatement dans la guerre et nous rappelle également que, pendant que des hommes se battent pour leur terre, d'autres mènent une existence presque ordinaire. Sachez-le: il y a aussi une part d'autobiographie dans ce film puissant. Dani Rosenberg l'admet, mais souligne qu'après avoir fui son unité combattante, il avait pris peur et était donc retourné à sa base militaire... où personne ne s'était visiblement aperçu de son absence. L'oeuvre qu'il a créée à partir de cet épisode de sa propre expérience est à mes yeux un hymne à la jeunesse, quel que soit le contexte politique - ou le camp - dans lequel certains ont tôt fait de l'enfermer. J'ajoute qu'en plus d'un bon scénario sublimé par une mise en scène au cordeau, Le déserteur profite aussi des prestations remarquables des actrices et acteurs choisis pour ces rôles souvent complexes. Celui qui incarne le rôle-titre, Ido Tako, nous offre une prestation majuscule: j'espère donc voir d'autres de ses films sortir en France. Si, en prime, ils délivrent un message pacifiste, je dirais tant mieux !

Le déserteur
Film israélien de Dani Rosenberg (2023)

Oui, ce garçon qui court pour échapper à l'atrocité d'un monde étroit m'a beaucoup touché: puisse-t-il également en émouvoir d'autres ! Dans un registre somme toute similaire, j'ai pensé à un film algérien découvert il y a quelques années: Le repenti, de Merzak Allouache. Plus récemment, Nezouh est un autre de ces grands longs-métrages qui montrent la guerre pour ce qu'elle est vraiment: une pure atrocité.

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Il semble que le film n'a fait qu'une sortie discrète...

Vous pourrez toutefois voir que Pascale l'a beaucoup aimé, elle aussi.

2 commentaires:

Pascale a dit…

Contente que tu aies pu le voir. Il fallait vraiment le choper rapidement.
Tu as raison ce film est remarquable et l'acteur exceptionnel. Quelle performance physique !

Martin a dit…

Je suis vraiment content d'avoir pu le voir ! C'est vrai qu'il n'est pas resté longtemps.
D'après ce que je lis sur mon site de référence pour le box-office, il n'a fait qu'à peine 31.400 entrées.