Il arrive après ceux de la Croatie, de la Bolivie et de l'Uruguay. Inattendu, le drapeau de la Syrie flottera désormais sur les Bobines. J'ai en effet eu le temps de voir Nezouh, le (joli) film d'une cinéaste de ce pays, peu avant qu'il ne soit plus à l'affiche. Vous noterez aussi qu'il été primé lors du Festival de Venise de 2022. Une bonne surprise.
Dans la langue arabe, le mot nezouh désigne un simple déplacement. Celui des hommes, bien sûr, mais aussi ceux de l'âme ou d'éléments premiers, comme l'eau par exemple. Mon long-métrage d'aujourd'hui l'explique dès le début: libre ensuite à chacun d'interpréter les choses comme il l'entend. Tout cela en s'immergeant dans le quotidien concret d'une ville en guerre, Damas, devenue un champ de ruines. Nous faisons alors la connaissance d'une adolescente, Zeina, 14 ans. Aux côtés de ses parents, Hala et Mozat, elle survit dans la capitale dévastée. Une bombe tombée pile sur son immeuble a cassé les murs pour y laisser quelques petites fissures... et de gigantesques trous. Pas de quoi décourager le pater familias, décidé à colmater les unes et à boucher les autres au plus vite pour éviter les regards indiscrets des voisins. Mais c'est alors que la résistance féminine s'organise ! Autour de Zeina, tout d'abord, qu'un vague cousin de son âge entraîne sur les toits, au mépris des traditions et des usages "raisonnables" définis en temps de conflit armé. Il n'y a qu'à passer par l'ouverture...
À ce stade de la lecture, vous vous attendez peut-être à un drame mâtiné d'une certaine touche poétique. C'est - presque - le contraire que le film nous offre: un récit onirique qui n'occulte rien des horreurs subies par le peuple syrien depuis maintenant plus de douze ans. Simplement, tout est beaucoup plus suggéré que réellement montré. Nezouh fait ce choix et s'y tient de bout en bout de son métrage. Sachant que l'idée de la cinéaste était de montrer un visage différent des hommes et les femmes ayant fui la dictature, c'est plutôt réussi pour une coproduction franco-britannique (tournée en Turquie). Évidemment, dans le sens opposé, le résultat peut aussi déplaire. Pour ma part, j'ai préféré considérer la démarche sous son angle positif: celui de la fameuse résilience dont les médias nous parlent devant ce type de tragédies humanitaires, quasiment à nos portes. Autour du cas qui nous occupe, je n'ai pas entendu de prêchi-prêcha moralisateur pour renvoyer illico la culpabilité droit dans notre camp non-interventionniste. Un autre "détail" que je mets au crédit du film.
Nezouh
Film (franco-anglo-)syrien de Soudade Kaadan (2023)
Une note un peu surévaluée, aujourd'hui encore, pour saluer la qualité du travail d'une artiste formée au cinéma dans son pays et au Liban. Certains critiques ont proposé une comparaison avec La vie est belle de Roberto Benigni... et je dois dire que ce n'est pas du tout absurde. Resté au Moyen-Orient, devant la gamine, j'ai aussi songé à Wadjda. Et pour embellir ce qui est abominable, je repense aussi à Timbuktu !
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Un point de vue différent ?
Hum... je n'en ai pas déniché et vous laisse donc lire celui de Pascale.
Dans la langue arabe, le mot nezouh désigne un simple déplacement. Celui des hommes, bien sûr, mais aussi ceux de l'âme ou d'éléments premiers, comme l'eau par exemple. Mon long-métrage d'aujourd'hui l'explique dès le début: libre ensuite à chacun d'interpréter les choses comme il l'entend. Tout cela en s'immergeant dans le quotidien concret d'une ville en guerre, Damas, devenue un champ de ruines. Nous faisons alors la connaissance d'une adolescente, Zeina, 14 ans. Aux côtés de ses parents, Hala et Mozat, elle survit dans la capitale dévastée. Une bombe tombée pile sur son immeuble a cassé les murs pour y laisser quelques petites fissures... et de gigantesques trous. Pas de quoi décourager le pater familias, décidé à colmater les unes et à boucher les autres au plus vite pour éviter les regards indiscrets des voisins. Mais c'est alors que la résistance féminine s'organise ! Autour de Zeina, tout d'abord, qu'un vague cousin de son âge entraîne sur les toits, au mépris des traditions et des usages "raisonnables" définis en temps de conflit armé. Il n'y a qu'à passer par l'ouverture...
À ce stade de la lecture, vous vous attendez peut-être à un drame mâtiné d'une certaine touche poétique. C'est - presque - le contraire que le film nous offre: un récit onirique qui n'occulte rien des horreurs subies par le peuple syrien depuis maintenant plus de douze ans. Simplement, tout est beaucoup plus suggéré que réellement montré. Nezouh fait ce choix et s'y tient de bout en bout de son métrage. Sachant que l'idée de la cinéaste était de montrer un visage différent des hommes et les femmes ayant fui la dictature, c'est plutôt réussi pour une coproduction franco-britannique (tournée en Turquie). Évidemment, dans le sens opposé, le résultat peut aussi déplaire. Pour ma part, j'ai préféré considérer la démarche sous son angle positif: celui de la fameuse résilience dont les médias nous parlent devant ce type de tragédies humanitaires, quasiment à nos portes. Autour du cas qui nous occupe, je n'ai pas entendu de prêchi-prêcha moralisateur pour renvoyer illico la culpabilité droit dans notre camp non-interventionniste. Un autre "détail" que je mets au crédit du film.
Nezouh
Film (franco-anglo-)syrien de Soudade Kaadan (2023)
Une note un peu surévaluée, aujourd'hui encore, pour saluer la qualité du travail d'une artiste formée au cinéma dans son pays et au Liban. Certains critiques ont proposé une comparaison avec La vie est belle de Roberto Benigni... et je dois dire que ce n'est pas du tout absurde. Resté au Moyen-Orient, devant la gamine, j'ai aussi songé à Wadjda. Et pour embellir ce qui est abominable, je repense aussi à Timbuktu !
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Un point de vue différent ?
Hum... je n'en ai pas déniché et vous laisse donc lire celui de Pascale.
6 commentaires:
Pas encore vu celui-là,mais je me souviens du”Le jour où j’ai perdu mon ombre ”.
Ce pourrait être le Liban aussi.Je le verrai à l’occasion.
Je n'avais pas entendu parler de cet autre film. Merci pour la référence !
Si vous cherchez un film qui se passe au Liban, je vous recommande "L'insulte".
Je reste par ailleurs à l'écoute d'autres suggestions éventuelles de votre part.
Ah je vais voir merci.
Autre film libanais ”Le déjeuner ”du réalisateur Bourjeily .
Lors d’un repas de famille pour Pâques,des tensions se révèlent dans la famille,les mêmes tensions sociales, religieuses qu’on a au Liban. C’est très drôle.
J’ai vu ces deux films par l’intermédiaire de l’association Aflam (aflam.fr) .
C’est une association qui s’occupe de la diffusion de films libanais,syriens, armeniens mais pas que.
@Jourdan 1 (enfin... 2):
Merci pour cette nouvelle référence libanaise. Ces films sont méconnus et pas très souvent (jamais ?) diffusés.
@Jourdan 2 (enfin... 3):
Merci également pour l'info sur l'association. Je regarderai cela de plus près dès que j'aurai un peu de temps devant moi pour cela. Je suis toujours curieux des filmographies moins connues que d'autres, comme vous l'avez certainement constaté.
Mais je ne sais pas encore quel sera mon prochain "nouveau" pays...
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