Tiens, tiens ! J'ai appris récemment que l'immense Donald Sutherland avait fait ses débuts au cinéma en 1963 dans un film d'horreur italien. Réalisé en Italie par un cinéaste britannique, Ne vous retournez pas pourrait en être un, qui convoque l'acteur - et avec lui Julie Christie - dans la lagune vénitienne, les sommant de faire le deuil d'un enfant...
Christine, la fille de Laura et John Baxter, s'est noyée par accident alors qu'elle jouait sagement dans le jardin de la maison de campagne de ses parents. Après une éprouvante scène d'ouverture, le couple réapparaît du côté de la Sérénissime. C'est l'hiver et Madame s'ennuie en attendant Monsieur, chargé par un évêque de restaurer une église. Bientôt, elle retrouve cependant le sourire, au terme d'une rencontre avec deux compatriotes anglaises: deux soeurs dont l'une est aveugle et possède un don de médium, qui lui permet donc de "voir" Christine et, en quelque sorte, de rassurer ses parents sur le repos de son âme. Tout cela fait du bien à Laura, mais irrite John au plus haut point. Maintenant, c'est à vous de découvrir la suite, où Venise est filmée sous son jour le plus sombre, ses facettes les moins touristiques. Nous perdons nos rares repères à mesure que Ne vous retournez pas gagne en efficacité. Jusqu'à nous faire ressentir une sorte de vertige.
Le film est un jeu de piste entre le parcours du personnage principal et les images mentales que le scénario tient résolument à lui imposer. Résultat: comme lui, nous sommes dans l'incertitude et ne parvenons à séparer le vrai de l'irréalité qu'à grands renforts de suppositions aléatoires. Et, oui, ce flou fait tout le sel de Ne vous retournez pas ! J'ai ainsi particulièrement apprécié que la version originale du film parle aussi bien anglais qu'italien: cela vient renforcer l'idée même d'un piège dans lequel deux malheureux étrangers se seraient égarés. Ensuite, tout est question d'empathie: si ces pauvres protagonistes peuvent atteindre votre corde sensible, je suppose que ce sera gagné et que vous passerez dès lors un bon moment en leur compagnie. N'allant pas jusqu'à faire du long-métrage un incontournable, je dirais toutefois qu'il s'agit presque d'un classique, au moins dans son genre. Nota bene: il circule en copie restaurée depuis bientôt un an et demi !
Ne vous retournez pas
Film britannique de Nicolas Roeg (1973)
Avis aux amateurs de frissons: cet opus peut marquer chaque esprit sensible, mais je l'ai trouvé moins gore que je n'avais pu le craindre. C'est une petite leçon de cinéma en tension, d'autant plus frappante que l'intrigue concerne aussi un enfant. S'il est vrai que Mort à Venise peut également glacer le sang, c'est en fait d'une bien autre manière. En guise de labyrinthe, autant revoir Frantic. Et Shining, à la limite !
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Si jamais vous avez envie de creuser le sujet...
Je vous suggère de le faire sans hésitation aux côtés de Strum et Lui.
Le film est un jeu de piste entre le parcours du personnage principal et les images mentales que le scénario tient résolument à lui imposer. Résultat: comme lui, nous sommes dans l'incertitude et ne parvenons à séparer le vrai de l'irréalité qu'à grands renforts de suppositions aléatoires. Et, oui, ce flou fait tout le sel de Ne vous retournez pas ! J'ai ainsi particulièrement apprécié que la version originale du film parle aussi bien anglais qu'italien: cela vient renforcer l'idée même d'un piège dans lequel deux malheureux étrangers se seraient égarés. Ensuite, tout est question d'empathie: si ces pauvres protagonistes peuvent atteindre votre corde sensible, je suppose que ce sera gagné et que vous passerez dès lors un bon moment en leur compagnie. N'allant pas jusqu'à faire du long-métrage un incontournable, je dirais toutefois qu'il s'agit presque d'un classique, au moins dans son genre. Nota bene: il circule en copie restaurée depuis bientôt un an et demi !
Ne vous retournez pas
Film britannique de Nicolas Roeg (1973)
Avis aux amateurs de frissons: cet opus peut marquer chaque esprit sensible, mais je l'ai trouvé moins gore que je n'avais pu le craindre. C'est une petite leçon de cinéma en tension, d'autant plus frappante que l'intrigue concerne aussi un enfant. S'il est vrai que Mort à Venise peut également glacer le sang, c'est en fait d'une bien autre manière. En guise de labyrinthe, autant revoir Frantic. Et Shining, à la limite !
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Si jamais vous avez envie de creuser le sujet...
Je vous suggère de le faire sans hésitation aux côtés de Strum et Lui.
6 commentaires:
Tiens donc, Donald Sutherland est ici à l'honneur. Il se trouve (je ne l'ai même pas évoqué tant sa participation est brève) qu'il joue aussi dans le dernier film de Roland Emmerich. Piteuse fin de carrière pour cet acteur que j'aime beaucoup.
Je l'avais d'ailleurs bien apprécié dans ce film du grand Nicholas Roeg, saisi par cette angoisse lagunaire et hivernale (à peu près aussi romantique qu'un séjour à Ibiza en décembre comme dirait un certain ministre). Martin McDonagh y fera d'ailleurs un large clin d'oeil dans "Bons Baisers de Bruges", la Venise du Nord.
Je n'avais pas beaucoup aimé "Bons baisers de Bruges", mais il se peut que je change d'avis en le revoyant avec ce prisme. Je t'avoue que ce n'est pas ma priorité d'aller vérifier...
Pour ce qui est de Donald Sutherland, oui, ces choix récents semblent discutables. Respect malgré tout pour ce vieux monsieur qui continue de bosser. Et j'ai encore des sueurs froides quand je repense à son personnage dans le "1900" de Bertolucci !
Je suis tombée dessus récemment dans le poste... je n'ai pas accroché du tout. Soirée zapping infernal. Une de plus.
Je comprends très bien qu'on puisse ne pas accrocher. C'est un film à l'ambiance pesante...
Très surprise lorsque je j'ai découvert. Oui, ambiance très glauque, personnages tourmentés et puis, je n'avais jamais perçu Venise dans une telle atmosphère !
Ma "Venise à moi" sur le blog en est très très loin :)
Tu noteras que j'ai également parlé de ta Venise à toi. C'est effectivement un tout autre genre !
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