jeudi 13 mai 2021

Avant la révolution...

Vous vous souvenez ? En avril, je vous avais fait part de mon envie d'évoquer le parcours des plus atypiques du cinéaste José Giovanni. Cette chronique biographique... attendra ! Cela dit, j'ai un autre film dudit réalisateur à vous présenter aujourd'hui: Le rapace, adaptation d'un roman de l'Écossais John Carrick paru dans la Série Noire (1966) !

Le rapace, c'est d'abord l'histoire d'un type qui descend d'un train. Origine et nom inconnus. Lieu: quelque part en Amérique du Sud. Vera Cruz, 1938, selon ce que précise un carton, mais qu'importe. Lino Ventura attrape la caméra et ne lâche plus guère jusqu'au terme d'un voyage étonnant: celui d'un tueur à gages arrivé dans un pays lointain pour liquider un président-dictateur sorti, lui, de son palais pour rendre une visite de courtoisie à sa maîtresse presque officielle. Un groupuscule révolutionnaire - aux intentions discutables - imagine que le tyran sera bientôt remplacé par un très jeune homme, petit-fils d'un ancien dirigeant désormais déchu. Jeune homme qui sera amené à seconder le tueur avant donc de faire triompher la cause du peuple. Un sujet qui rappelle celui de nombre de westerns hispano-italiens ! Étant plutôt amateur de ces productions européennes, je me suis pris au jeu. Et, autant vous le dire à ce stade, le film m'a bel et bien plu...

Avec la complicité de son ami acteur, José Giovanni signe un opus efficace autour d'un assassin doté d'un solide code d'honneur, proche finalement de ces truands "à l'ancienne" d'un certain cinéma policier. Le regard porté sur le monde est désillusionné, mais je n'ai pas senti d'amertume. Est-ce celui de l'homme derrière la caméra ? Peut-être. Celui-ci cherchait-il à justifier ou au moins à faire oublier son passé criminel ? C'est possible, mais ce n'est pas mon sujet aujourd'hui. Simplement, je dirais que Le rapace correspond bien à mes goûts pour un certain cinéma viril, mais correct. Oui, j'ai écrit "viril": le fait est que les femmes, ici, jouent les utilités, sur la base de modèles caricaturaux. N'empêche: à mon avis, une femme peut aimer le film. Les hommes, eux, n'y ont d'ailleurs pas toujours le beau rôle. D'aspect un peu rugueux de prime abord, le scénario est en fait capable d'intéressantes nuances: c'est même très précisément son intérêt. Certains esthètes ont souligné l'apport de l'impeccable bande originale de François de Roubaix. À (re)voir, donc, les oreilles grand ouvertes !

Le rapace

Film français de José Giovanni (1968)
Vous ne serez peut-être pas surpris d'apprendre que ce long-métrage aura aussi pu compter sur des producteurs italiens... et mexicains. J'ai plein de choses à découvrir dans ce registre, mais dresse un pont avec un western de Corbucci: El mercenario, sorti la même année. José Giovanni scénariste et ses truands peuvent aussi sublimer le film noir (cf. Le deuxième souffle et/ou Symphonie pour un massacre) !

2 commentaires:

cc rider a dit…

La thématique du mercenaire « gringo » intervenant dans un pays sud américain et notamment au Mexique est en effet un classique du western , et pas qu'italien ..la liste est longue ... »Vera cruz » d'Aldrich, « L'aigle et le vautour » de Lewis Foster (moins connu). « Révolte au Mexique » de Bud Boetticher, « Pancho villa » de Buzz Kulik, « Sierra torride » de Don Siegel , j’arrête là...
Bonne surprise en effet que de voir notre Lino national ne pas démériter face à des Lancaster , Cooper , Mitchum , ou autre Eastwood dans un rôle similaire.... Les puristes auront noté que l'arme de notre héros qu'il dissimule dans un sac de golf est une carabine M1 qui ne sera fabriquée qu'au début des années 40 pour l'armée américaine , l'action se situant en 1938....Je chipote .

Martin a dit…

Pfiou ! Ça m'en fait encore plein, des films à découvrir !