mardi 4 février 2020

Sous le sable

L'affiche de mon film d'aujourd'hui le relie aux oeuvres burlesques d'Elia Suleiman et d'Aki Kaurismäki. La Palestine et la Finlande resteront à distance: l'OFNI de ce mardi nous est arrivé du Maroc. C'est d'abord un bonheur pour les yeux: les images sont magnifiques. De quoi vous donner illico des envies de (longues) vacances au soleil !

Avant que vous ne vous décidiez à partir, quelques mots sur l'histoire. Le miracle du saint inconnu a un voleur pour personnage principal. En passe d'être arrêté par la police, notre homme planque son magot au sommet d'une colline, au milieu d'un désert de sable et de cailloux. Quand, après sa sortie de prison, il retourne finalement sur les lieux pour récupérer son bien, un mausolée a été construit à l'endroit précis où il pensait avoir trouvé la cachette idéale. Vous pouvez imaginer qu'il n'est pas évident de réaliser des "fouilles" sur une terre sacrée. Bientôt, c'est toute une communauté qui s'agite à l'écran: un médecin venu prendre ses fonctions dans un dispensaire voisin, les femmes d'un village ravies de rencontrer ce beau jeune homme, un homme d'âge avancé et son fils en mal d'eau, un coiffeur-barbier-dentiste avare en mousse à raser, le gardien du site protégé... et j'en oublie sûrement. Peu de dialogues, mais tout le récit est très facile à suivre.

C'est bien sûr une question de goût: si vous accrochez à la bizarrerie de ce petit monde, vous devriez sans doute passer un bon moment. Et si, en prime, vous avez le goût du farfelu, vous serez servis ! "Dans mon travail, le point de départ est souvent une situation absurde, a souligné le réalisateur, présent à la Semaine de la critique cannoise l'an passé. Ce qui définit ce film, c'est son ton. Un mélange de situations. Certaines sont comiques, d'autres plus dramatiques. L'avantage du burlesque est qu'on peut être sérieux tout en restant léger à la surface. Cela permet d'avoir une écriture sur deux degrés". Je ne saurais mieux expliquer la réussite de ce long-métrage étonnant et, je crois, accessible à tous types de publics. Point digne d'intérêt que je n'ai découvert qu'après coup: le casting associe des acteurs confirmés et d'autres débutants, l'idée étant d'éviter toute approche psychologisante des personnages au bénéfice des seules situations. Autant le dire très clairement: dans l'ensemble, j'ai trouvé cela réussi. Une preuve de plus que le cinéma (nord-)africain gagne à être connu !

Le miracle du saint inconnu
Film marocain d'Alaa Eddine Aljem (2019)

J'ai passé un bon moment, mais je ne sais pas trop à quel autre film comparer ce long-métrage, sorti en France... le 1er janvier dernier. Suleiman ? Je n'y suis pas encore venu. Kaurismäki ? Dans la veine burlesque, je conseille Leningrad Cowboys go America ou Le Havre. Maintenant, le propre des bons films est d'avoir des qualités uniques. Parmi ceux issus du Maroc, Much loved est nettement plus politique !

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Et maintenant, un petit tour ailleurs vous tente ?
Je sais en tout cas que cela vous permettrait de lire l'avis de Pascale

4 commentaires:

Pascale a dit…

L'image est en effet magnifique mais c'est un film "mignon", grandement surestimé à mon avis.

Martin a dit…

"Grandement surestimé" ? J'ai trouvé que c'était un film sans prétention. Ça fait du bien.

Pascale a dit…

La critique était dithyrambique.

Martin a dit…

C'est vrai. Je n'ai pas lu beaucoup de critiques négatives.