vendredi 17 mai 2019

Une lubie africaine

Clint Eastwood assume l'héritage: il dit de Sergio Leone et Don Siegel qu'ils sont ses deux pères spirituels. Faut-il y ajouter John Huston ? Possible. Dans Chasseur blanc, coeur noir, l'éternel cowboy solitaire rend hommage à son aîné (sans que cela soit tout à fait explicite). Quoiqu'il en soit, il nous raconte comment un film peut se fabriquer...

Nous voilà revenus au début des années 50. Un certain John... Wilson entend partir en Afrique pour y tourner un film. Il doit batailler ferme avec un ami scénariste, mais aussi et surtout avec son producteur. Une fois ces deux hommes convaincus, son enthousiasme artistique s'efface devant son insatiable envie de chasser l'éléphant. Il est clair que le tournage prend alors du retard, au grand dam des financiers. Clint Eastwood avait-il des comptes à régler avec certains mécènes hollywoodiens exagérément frileux ? Allez savoir. Ce que je peux dire sans me tromper, c'est qu'il compose avec jubilation ce personnage bourru et égocentré. Chasseur blanc, coeur noir se révèle amusant !

Cela dit, il bascule petit à petit vers quelque chose de plus sombre. J'hésite à parler de drame pour ne pas vous décourager de le voir. Dans le même état d'esprit, je n'ai aucune envie de trahir les secrets du scénario, en dévoilant trop d'éléments de l'intrigue. J'ai découvert cette histoire sans m'être informé de sa teneur et elle m'a embarqué vers là où je ne pensais pas aller. Oui, Chasseur blanc, coeur noir m'a surpris et assez positivement, d'ailleurs. Mon seul regret véritable concernera... l'Afrique, filmée sans éclat particulier, à mon goût. Heureusement, la bande originale, réussie, participe du sentiment d'immersion sur un sol inconnu. En outre, je le répète: la prestation de Clint Eastwood est efficace et finit donc par emporter le morceau. Vous croiserez bien quelques visages connus dans la distribution complémentaire, mais ils se sont tous mis au service de la vedette. Compte tenu du sujet abordé, je ne dirai pas que cela pose problème.

Chasseur blanc, coeur noir
Film américain de Clint Eastwood (1990)

Vous savez l'affection que j'ai pour le réalisateur: ce long-métrage restera au bilan comme très légèrement en-deça de mes attentes. Rien de scandaleux. Attention: je crois préférable de vous orienter vers Out of Africa pour (re)voir le continent dans toute sa beauté ! En contrepoint, La chasse au lion à l'arc offre un spectacle troublant pour dépasser les idées toutes faites. Et L'Africain permet d'en rire...

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Une précision sur John Huston...
Ce film est aussi l'adaptation d'un roman de Peter Viertel: il se trouve que l'auteur avait suivi le cinéaste lors du tournage (mouvementé) d'un classique du cinéma américain: L'odyssée de l'African Queen. Clint Eastwood a par ailleurs consulté Anjelica Huston, la fille de John.

Vous avez envie d'aller plus loin ?
Je vous informe que mon ami Eeguab mentionne (brièvement) le film.

4 commentaires:

eeguab a dit…

Hello Martin. Bien sûr le regard d'Eastwood prolonge celui de Huston, très fifties. mais il convoque les mânes de Bogart/Hepburn, Romain Gary, et ça suffit à mon bonheur. Merci pour le lien qui se référe plus aux Racines du ciel. Pour la Croisette tu sais que je ne suis guère cannophile, ce qui ne m'empêche pas d'attendre certains films avec impatience. A+.

Pascale a dit…

Un beau film avec un Clint qui se régale à jouer les (Huston) bougons.

J'ai vu Douleur et Gloire. BEAU. Une palme enfin ???

Martin a dit…

@Eeguab:

Il faudrait peut-être que je découvre également "Les racines du ciel", donc.
De la Croisette, je reparlerai bientôt. Comme toi, ce sont les films qui m'intéressent le plus.

Martin a dit…

@Pascale:

Clint et la bougonnitude, c'est plus qu'une habitude: une marque de fabrique !
Le Almodovar, j'en reparlerai quand je l'aurai vu. Mais je ne sais pas quand...