C'est une situtation dont on parle peu: parmi les quelque 49 millions de ses ressortissants, la Colombie compterait entre 7,5 et 8 millions de déplacés. Chassés de chez eux par la multiplicité des conflits internes au pays, ces malheureux sont au coeur de Los silencios. Précision: ce film récent est l'oeuvre d'une réalisatrice... brésilienne !
C'est sur l'île de La Fantasia, triple frontière (!) entre les deux pays sud-américains et leur voisin péruvien, que la caméra nous emmène. C'est la nuit: descendus d'une barque, une femme et ses deux enfants trouvent refuge chez une vieille tante. Le contexte de guerre civile entre le gouvernement, les narcotrafiquants et les groupes d'action paramilitaire revient bien vite en toile de fond... sonore, une radio annonçant la tenue, à Cuba, de négociations de paix entre les parties prenantes. Aussi, le retour soudain et inattendu du père de famille paraît presque naturel, le fait qu'il soit équipé d'une mitraillette laissant toutefois supposer que rien n'est vraiment aussi simple. Autant le dire: Los silencios joue beaucoup sur les faux semblants. Quelques indices visuels pourraient sans doute vous faire comprendre qu'il faut savoir dépasser les apparences, mais tout le film est drapé dans le mystère. Et j'avoue que j'ai trouvé cela tout à fait fascinant...
Une condition pour en profiter, à mon avis: il faut s'y laisser prendre. Accepter de ne pas tout comprendre aussitôt pour avoir idéalement une révélation plus tard, au moment où les toutes dernières images défileront. Contemplatif, Los silencios est également l'un de ces films que je présente comme des oeuvres sensorielles: sa seule esthétique est une invitation au voyage, ainsi qu'à l'introspection, dirais-je. Même s'il fait référence à des femmes et des hommes d'aujourd'hui, bien réels, il transcende leur histoire et lui confère une portée symbolique, universelle. Que vous dire de tout cela ? C'est puissant. Les émotions que j'ai ressenties sont dignes d'une grande découverte cinématographique: les nombreuses possibilités d'expression offertes par ce médium artistique sont en effet exploitées de très belle façon. Tout le récit tient en moins d'une heure et demie. Cette concision n'est en rien un défaut: bien au contraire, elle apporte de la fluidité. Après coup, rien ne vous interdira de vous pencher sur l'histoire réelle de la Colombie: il y a à l'évidence mille autres choses à en apprendre !
Los silencios
Film colombien de Beatriz Seigner (2018)
Sortir des sentiers battus et traverser les frontières géographiques réserve parfois de belles surprises: oui, mon film du jour en est une. Émotionnellement parlant, j'avais eu, l'an passé, un coup de coeur équivalent pour La terre et l'ombre, venu lui aussi de Colombie. J'oserai un parallèle avec un long-métrage japonais: Vers l'autre rive. Camarade de mon asso, Bruno a repensé à Nostalgie de la lumière...
C'est sur l'île de La Fantasia, triple frontière (!) entre les deux pays sud-américains et leur voisin péruvien, que la caméra nous emmène. C'est la nuit: descendus d'une barque, une femme et ses deux enfants trouvent refuge chez une vieille tante. Le contexte de guerre civile entre le gouvernement, les narcotrafiquants et les groupes d'action paramilitaire revient bien vite en toile de fond... sonore, une radio annonçant la tenue, à Cuba, de négociations de paix entre les parties prenantes. Aussi, le retour soudain et inattendu du père de famille paraît presque naturel, le fait qu'il soit équipé d'une mitraillette laissant toutefois supposer que rien n'est vraiment aussi simple. Autant le dire: Los silencios joue beaucoup sur les faux semblants. Quelques indices visuels pourraient sans doute vous faire comprendre qu'il faut savoir dépasser les apparences, mais tout le film est drapé dans le mystère. Et j'avoue que j'ai trouvé cela tout à fait fascinant...
Une condition pour en profiter, à mon avis: il faut s'y laisser prendre. Accepter de ne pas tout comprendre aussitôt pour avoir idéalement une révélation plus tard, au moment où les toutes dernières images défileront. Contemplatif, Los silencios est également l'un de ces films que je présente comme des oeuvres sensorielles: sa seule esthétique est une invitation au voyage, ainsi qu'à l'introspection, dirais-je. Même s'il fait référence à des femmes et des hommes d'aujourd'hui, bien réels, il transcende leur histoire et lui confère une portée symbolique, universelle. Que vous dire de tout cela ? C'est puissant. Les émotions que j'ai ressenties sont dignes d'une grande découverte cinématographique: les nombreuses possibilités d'expression offertes par ce médium artistique sont en effet exploitées de très belle façon. Tout le récit tient en moins d'une heure et demie. Cette concision n'est en rien un défaut: bien au contraire, elle apporte de la fluidité. Après coup, rien ne vous interdira de vous pencher sur l'histoire réelle de la Colombie: il y a à l'évidence mille autres choses à en apprendre !
Los silencios
Film colombien de Beatriz Seigner (2018)
Sortir des sentiers battus et traverser les frontières géographiques réserve parfois de belles surprises: oui, mon film du jour en est une. Émotionnellement parlant, j'avais eu, l'an passé, un coup de coeur équivalent pour La terre et l'ombre, venu lui aussi de Colombie. J'oserai un parallèle avec un long-métrage japonais: Vers l'autre rive. Camarade de mon asso, Bruno a repensé à Nostalgie de la lumière...
4 commentaires:
Hélas il est passé en coup de vent chez moi. J'aurais aimé le voir.
Il a tout pour me plaire, ce film ! Faut encore pouvoir y avoir accès...
@Pascale:
J'espère que tu pourras le rattraper dans de bonnes conditions.
@Sentinelle:
Oui, j'ai eu de la chance de le voir, je crois !
J'espère que tu auras tout de même l'occasion de confirmer ton a priori positif.
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