Le court-métrage est-il le parent pauvre du cinéma ? J'ai pu constater qu'il était encore très souvent présenté comme l'outil des cinéastes débutants soucieux de faire leurs gammes (et de se faire connaître). Personnellement, je trouve cette vision un peu réductrice. Et je veux revenir aujourd'hui sur trois courts que j'ai pu découvrir récemment...
Arthur Rambo
Court-métrage français de Guillaume Levil (2018)
De ce petit film, j'aurais pu parler plus tôt, puisque je le l'ai découvert avant La belle, au départ de la nouvelle saison de mon association. Guillaume Levil est un réalisateur ami, que nous invitons parfois comme animateur-présentateur. Avec une équipe réduite, il a tourné ce court dans un lieu qu'il connaît bien pour y avoir vécu enfant: l'Île de la Réunion. L'histoire est un peu la sienne, semble-t-il, et parle d'enfants que la vie et les adultes séparent après une bêtise commise en classe. L'un d'eux récitant péniblement des poèmes au feu rouge pour gagner quelque menue monnaie, il y a aussi un regard social derrière la caméra. Rien de brutal au sens explosif du terme, cela dit. Le film avait été préacheté (et en partie remonté) par France 2. J'ignore s'il fera aussi l'objet de prochaines diffusions sur la chaîne...
Rentrée des classes
Court-métrage français de Jacques Rozier (1956)
Changement de décennie, mais on retrouve à nouveau des enfants. Cette fois, c'est Correns, un petit village du Var, que la caméra explore pour nous. Les gamins qu'elle nous permet ainsi de rencontrer vont donc à l'école, sauf un, René Boglio. Il faut dire que le môme aurait du mal à se présenter devant son professeur, puisqu'il a... jeté son cartable dans la rivière voisine, en réponse au défi d'un copain. Vous l'aurez (peut-être) compris: le film nous convie à une escapade buissonnière, le temps de retourner en salle de classe. Le regard posé sur les marmots est d'une tendresse renversante et les images belles comme un après-midi sous le soleil de Provence. C'est encore mieux grâce à la BO, ouverte sur les rythmes entraînants de Darius Milhaud. Mozart est là, lui aussi: extraites de La flûte enchantée, les vocalises de la Reine de la Nuit ajoutent même à la magie du décor. J'ai aimé ces 24 minutes hors du temps, découvertes... dans une bibliothèque !
Zéro de conduite
Court-métrage français de Jean Vigo (1933)
Toujours à la bibliothèque, j'ai enfin croisé la route de ce cinéaste "maudit" des années 30. Pourquoi le qualifier ainsi sans avoir parlé encore de son travail ? Parce qu'après quelques années d'une carrière éphémère, l'homme est mort de septicémie, à 29 ans seulement. Aujourd'hui (et depuis 1951), un Prix de cinéma porte son nom, offert à l'auteur d'un film que le jury distingue - je cite - "par l'indépendance de son esprit et la qualité de sa réalisation". Le court-métrage évoqué ce jour aurait pu le gagner: il met en scène une autre rentrée des classes, dans un pensionnat parisien, cette fois. L'insouciance relative des enfants se heurte vite à la sévérité des adultes, en dépit de la mansuétude de l'un des surveillants, à l'attitude chaplinesque. D'inspiration anarchiste et jugé subversif, le film fut privé de visa d'exploitation jusqu'en 1945 ! Je me suis délecté de son air moqueur et de ses images, proches de celles du cinéma muet. À voir et revoir !
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Une bonne nouvelle, d'abord: n'importe lequel de ces trois films permet d'avancer mon Movie Challenge. Après un faux départ il y a quelques mois, je coche la case n°18: "Le film est un court-métrage".
Cette chronique est désormais, comme les autres, ouverte au débat. J'envisage d'évoquer d'autres courts d'ici la fin de l'année, en tournant mon regard aussi vers le monde de l'animation (et/ou d'autres pays). La richesse du sujet est infinie, je suppose, comme celle des longs. N'hésitez donc pas si vous avez des titres à me conseiller: je prends !
Arthur Rambo
Court-métrage français de Guillaume Levil (2018)
De ce petit film, j'aurais pu parler plus tôt, puisque je le l'ai découvert avant La belle, au départ de la nouvelle saison de mon association. Guillaume Levil est un réalisateur ami, que nous invitons parfois comme animateur-présentateur. Avec une équipe réduite, il a tourné ce court dans un lieu qu'il connaît bien pour y avoir vécu enfant: l'Île de la Réunion. L'histoire est un peu la sienne, semble-t-il, et parle d'enfants que la vie et les adultes séparent après une bêtise commise en classe. L'un d'eux récitant péniblement des poèmes au feu rouge pour gagner quelque menue monnaie, il y a aussi un regard social derrière la caméra. Rien de brutal au sens explosif du terme, cela dit. Le film avait été préacheté (et en partie remonté) par France 2. J'ignore s'il fera aussi l'objet de prochaines diffusions sur la chaîne...
Rentrée des classes
Court-métrage français de Jacques Rozier (1956)
Changement de décennie, mais on retrouve à nouveau des enfants. Cette fois, c'est Correns, un petit village du Var, que la caméra explore pour nous. Les gamins qu'elle nous permet ainsi de rencontrer vont donc à l'école, sauf un, René Boglio. Il faut dire que le môme aurait du mal à se présenter devant son professeur, puisqu'il a... jeté son cartable dans la rivière voisine, en réponse au défi d'un copain. Vous l'aurez (peut-être) compris: le film nous convie à une escapade buissonnière, le temps de retourner en salle de classe. Le regard posé sur les marmots est d'une tendresse renversante et les images belles comme un après-midi sous le soleil de Provence. C'est encore mieux grâce à la BO, ouverte sur les rythmes entraînants de Darius Milhaud. Mozart est là, lui aussi: extraites de La flûte enchantée, les vocalises de la Reine de la Nuit ajoutent même à la magie du décor. J'ai aimé ces 24 minutes hors du temps, découvertes... dans une bibliothèque !
Zéro de conduite
Court-métrage français de Jean Vigo (1933)
Toujours à la bibliothèque, j'ai enfin croisé la route de ce cinéaste "maudit" des années 30. Pourquoi le qualifier ainsi sans avoir parlé encore de son travail ? Parce qu'après quelques années d'une carrière éphémère, l'homme est mort de septicémie, à 29 ans seulement. Aujourd'hui (et depuis 1951), un Prix de cinéma porte son nom, offert à l'auteur d'un film que le jury distingue - je cite - "par l'indépendance de son esprit et la qualité de sa réalisation". Le court-métrage évoqué ce jour aurait pu le gagner: il met en scène une autre rentrée des classes, dans un pensionnat parisien, cette fois. L'insouciance relative des enfants se heurte vite à la sévérité des adultes, en dépit de la mansuétude de l'un des surveillants, à l'attitude chaplinesque. D'inspiration anarchiste et jugé subversif, le film fut privé de visa d'exploitation jusqu'en 1945 ! Je me suis délecté de son air moqueur et de ses images, proches de celles du cinéma muet. À voir et revoir !
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Une bonne nouvelle, d'abord: n'importe lequel de ces trois films permet d'avancer mon Movie Challenge. Après un faux départ il y a quelques mois, je coche la case n°18: "Le film est un court-métrage".
Cette chronique est désormais, comme les autres, ouverte au débat. J'envisage d'évoquer d'autres courts d'ici la fin de l'année, en tournant mon regard aussi vers le monde de l'animation (et/ou d'autres pays). La richesse du sujet est infinie, je suppose, comme celle des longs. N'hésitez donc pas si vous avez des titres à me conseiller: je prends !
8 commentaires:
J'admire ta curiosité.
J'aime aussi les courts. J'en verrai au Festival où je me rends. Des régionaux paraît il...
Le Rozier me tente beaucoup. Tu donnes envie.
Je ne connaissais pas le destin tragique de Vigo. La façon dont on en parle je pensais même que ç'avait été un vieux briscard.
Il y a une rubrique courts métrages dans mon blog. Tu peux jeter un oeil à l'occasion.
Il y a même Ogres Niais de mon copain Blancan que tu peux visionner sans sortir de chez toi.
http://www.surlarouteducinema.com/courts-metrages/
@Pascale admirative:
Je t'avoue que j'ai moins d'intérêt pour les courts que pour les longs, mais on y découvre des choses intéressantes.
Pour les deux qui te titillent, le Rozier est plus tendre que le Vigo, mais les deux valent assurément le détour.
@Pascale communicative:
Je jetterai un coup d'oeil à l'occasion. Merci pour le tuyau !
Pour ce que je connais de lui, il se trouve que je l'aime bien, en plus, ton copain Blancan.
C'est vrai que l'on s'intéresse assez peu (un euphémisme... ) au court métrage car l'exercice parait moins spectaculaire, moins prestigieux que le long. Ce qui est faux. Le court métrage exige un esprit de synthèse qui n'est pas partagé par tout le monde.
Belle initiative donc de ta part que leur accorder une tribune sur ton blog.
Merci pour ton commentaire et ton intérêt, 2flics !
Moi-même, je vois très peu de courts. Aussi, quand l'occasion se présente, parfois, je la saisis.
Tu n'as pas tort quand tu parles de la nécessité d'un certain "esprit de synthèse".
Ogres Niais est TRÈS original.
Tant mieux !
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