mardi 28 août 2018

La vérité du son

Un seul acteur peut TOUT changer ! Quand John Travolta fut retenu pour le premier rôle de Blow out, le budget de ce que Brian De Palma avait conçu comme un petit film passa de 5 à 18 millions de dollars ! Ce qui n'a pas empêché cet opus de connaître un échec commercial. Bientôt quarante ans ont passé: il mérite peut-être d'être réhabilité...

Jack Terry est ingénieur du son à Philadelphie. Sa mission principale consiste à fournir des bruitages crédibles à des productions cinéma fauchées. Une fameuse nuit où il se promène à la recherche de sons nouveaux, le jeune homme est témoin d'un accident: sous ses yeux médusés, le chauffeur d'une voiture perd le contrôle et la machine termine sa course folle dans un étang. Ni une ni deux, Jack plonge pour secourir les occupants de l'habitacle et, in extremis, parvient simplement à en extraire Sally, une jolie fille du même âge que lui. Quelques heures plus tard, on lui apprend qu'un homme politique américain, favori des sondages pour la Présidence, est resté coincé dans la bagnole. En route pour une bonne heure et demie de thriller ! Pas forcément très original sur le fond, Blow out demeure toutefois un long-métrage efficace, assez réussi par ailleurs sur le plan formel. Je suppose que les amateurs du genre pourront y voir... un classique !

Quant à moi, j'ai aimé sa façon de s'intéresser aussi aux personnages secondaires, dressant du coup un tableau peu reluisant de l'Amérique. Pour l'anecdote, il paraît d'ailleurs que c'est justement cette vision sombre de la réalité qui a dérouté le public et la critique de l'époque. Sous la double influence de Coppola et d'Antonioni, Brian De Palma traçait son propre sillon, n'hésitant pas du même coup à "maltraiter" sa propre femme, Nancy Allen, peu à l'aise avec certaines contraintes du premier rôle féminin. Pire pour certains, le réalisateur eut l'audace d'aller jusqu'au bout de la noirceur, nous réservant une conclusion inattendue et atypique, le tout au cours des cérémonies de la Fête nationale américaine. L'effet de contraste était bien sûr saisissant. Les partisans du clan Reagan ont dû avaler leur popcorn de travers ! Maintenant, je vous (r)assure: on a déjà vu des brûlots plus violents. Blow out n'est pas ce que j’appelle un film politique au sens propre. Son contexte n'est au fond qu'un élément de décor. Seule la tension compte. Et le fait est qu'elle réside d'abord dans l'intrigue principale...

Blow out
Film américain de Brian De Palma (1981)

Un autre petit détail amusant: il fut un temps envisagé de faire appel à Olivia Newton-John pour incarner le principal personnage féminin. John Travolta et elle auraient ainsi reconstitué le tandem de Grease ! Finalement, après ce semi-échec, De Palma parvint à se redresser sans délai, avec un film-culte: Scarface (et Al Pacino, cette fois). J'avoue un faible pour L'impasse - un autre de ses films de gangsters.

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Bien sûr, les avis sur le film peuvent diverger...

C'est dire l'intérêt pour vous d'aller lire aussi Strum, Benjamin et Lui !

6 commentaires:

Pascale a dit…

Il me semble qu'il a été réhabilité ce film. A la limite d'être culte.
Je prends toujours plaisir à le revoir.
Nancy n'a fait carrière que grâce a son mari de l'époque je pense. Mais je l'aimais bien.
John Travonta est formidable dans ce film. Les fans ont été déconcertés.

Pascale a dit…

TravoLta...
Rien ne change.

Martin a dit…

@Pascale 1:

Oui, je crois aussi qu'au fil du temps, le film a renforcé son statut.
D'ailleurs, je trouve que c'est mérité: il m'a offert un assez bon moment.

Ce n'est qu'après que j'ai réalisé que Nancy Allen était l'odieuse de "Carrie". Avec John Travolta, déjà.

Martin a dit…

@Pascale 2:

Il faut que tout change pour que... euh, non, ce n'est pas le même film.

Pascale a dit…

J'y ai pensé... mais ca s'embroillait totalement dans ma tête... il faut que tout . Non... il faut que rien... et merde...

Martin a dit…

Comme quoi, il faut toujours revenir aux classiques.