vendredi 31 août 2018

La route incertaine

Avez-vous déjà entendu parler de The strange ones ? Sous ce titre original (traduit, en France, par Deux inconnus), un court-métrage s'était, en 2011, taillé une petite réputation dans le relatif anonymat des festivals. L'an passé, l'argument a été repris dans un film long ! J'ai pu le voir au cinéma, un peu avant ma récente coupure estivale...

Quelque part au beau milieu de l'Amérique profonde, Nick et Sam parcourent des kilomètres en voiture. Le premier a une trentaine d'années, le second n'est qu'un adolescent. Si quelqu'un parle avec eux de leur périple, les deux garçons expliquent qu'ils s'en vont camper entre frangins. Pourtant, nous, spectateurs, pressentons que la vérité n'est pas forcément si simple. Les premiers plans nous le suggèrent et, renforcés par le titre, ils nimbent tout de suite le film d'une aura de mystère, qui disparait petit à petit... et jamais complètement. Oui, The strange ones pose une énigme, sans la résoudre vraiment. Aussitôt après la séance, un court dialogue avec une autre personne dans la salle m'a permis d'exposer ce que j'en avais compris: le fait est pourtant qu'une heure plus tard, j'avais (presque) changé d'avis...

Ces interprétations multiples font tout le sel de The strange ones. Formellement, le film est impeccable, dans des lieux que l'on a pu voir dans d'autres films, familiers donc, mais pas réellement identifiés. Finalement, c'est comme si les personnages évoluaient dans le décor d'un conte: il y a une maison qui brûle, un restaurant posé sur le bord de la route, un motel sans client, une cabane en forêt, une grotte obscure, un terrain d'exploitation agricole et sa grange... des lieux symboliques que l'on visite tour à tour, sans trop savoir où s'arrêter. Les acteurs, eux, captent l'essentiel de notre attention: Alex Pettyfer m'a laissé imaginer mille choses, ce qui est d'autant plus remarquable avec peu de dialogues, mais la vraie révélation du film reste pour moi le jeune James Freedson-Jackson, excellent, qui m'a semblé surpasser son aîné en intensité... et en ambigüité ! Sur ce point, j'ai constaté que le film ne faisait pas l'unanimité, d'aucuns lui reprochant un côté artificiel ou, à l'inverse, trop léché. Je réfute les deux qualificatifs. Face à un ton aussi original, je n'ai pas envie de faire la fine bouche !

The strange ones
Film américain de Christopher Radcliff et Lauren Wolkstein (2017)

La nuit. En pleine nature. Une voiture, les phares allumés. Un homme au volant et un gosse sur la banquette arrière. Le tout premier plan m'a rappelé celui de Midnight special, mais la suite n'a rien à voir. Reste un film que j'ai donc aimé, parce qu'il nous fait bien gamberger et ne dévoile ses secrets qu'au compte-gouttes (et partiellement). Dans un tout autre style, c'est également la force de... Paris, Texas

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C'est avec plaisir que j'ajoute un lien à cette chronique...

Merci à Pascale: séduite par le film, elle m'a permis de le découvrir.

2 commentaires:

Pascale a dit…

Ah super que tu l'aies vu.
Je l'avais adoré.
J'ai pu parler avec les réalisateurs. Ils ont beaucoup aimé une de mes explications.
Je te la donne en MP si tu me donnes la tienne :-)

Les deux acteurs rivalisent de charme, d'intensité et d'ambiguïté je trouve.

Martin a dit…

Le film semble ne pas avoir connu un grand retentissement. Dommage...
Ce type de petites productions indépendantes a du mal à trouver sa place, surtout sans star.

Je pense que j'en reparlerai si j'ai l'occasion de voir le court-métrage originel.
A priori, c'est avec d'autres acteurs, et il faut voir si l'effet est aussi saisissant.

PS: je t'envoie ma théorie par mail !