lundi 2 avril 2018

Le grand pèlerinage

La chronique du jour doit commencer par une petite leçon d'histoire. Février 1890: le gouvernement américain viole le traité qu'il a signé pour mettre fin aux guerres indiennes. Des tribus fuient leur réserve. Quelque 350 Lakotas, hommes, femmes et enfants, sont alors arrêtés et, une fois désarmés, massacrés à Wounded Knee, le 29 décembre...

Le film dont il sera question aujourd'hui nous rappelle cette tragédie. Pourtant, ce n'est ni une fiction-reconstitution, ni un documentaire sur les événements. Après le rappel (écrit) de quelques éléments contextuels, il s'agit plutôt du récit d'une initiative qui, de nos jours, rassemble encore plusieurs tribus: un pèlerinage vers Wounded Knee. The ride se focalise sur l'essentiel: il ne contient aucune interview d'historien et ne recourt à aucune voix off. Pas de discours politique non plus, mais des images saisies au plus près des cavaliers indiens pendant les deux bonnes semaines que dure leur rituel de mémoire. Là aussi, il y a, bien sûr, des hommes, des femmes et des enfants...

La captation de ce moment a nécessité un patient travail d'approche. La réalisatrice explique notamment qu'elle a participé au déplacement pour la première fois en 2009, un peu timide et presque persuadée d'être illégitime. Elle a toutefois bel et bien été acceptée et a pu faire plusieurs voyages, au point de considérer aujourd'hui les Indiens qu'elle a rencontrés comme une deuxième famille. Je peux confirmer que quelque chose de cette intimité sublime The ride, qui, au cours de leur périple, nous montre comment ces gens vivent et perpétuent leurs traditions. Ce n'est pas réellement un spectacle, mais le récit apporte indiscutablement une meilleure connaissance de ces peuples largement livrés à eux-mêmes et, à l'évidence, maintenus en marge. L'histoire est cruelle et édifiante, mais elle est belle et digne, aussi. J'ai apprécié que le film soit un exposé des faits plutôt qu'un pensum militant au service de je ne sais quelle cause. C'est très convaincant !

The ride
Documentaire franco-américain de Stéphanie Gillard (2018)

Revisiter ainsi les grands espaces américains inverse la perspective et la rend très intéressante. Peut-être qu'il manque un petit côté épique pour plus d'impact émotionnel. Pour cela, le cinéma de fiction a du répondant, avec Danse avec les loups et Little big man au rang des incontournables. Je recommande, par ailleurs, Les loups blancs et, surtout, le superbe Ces chansons que mes frères m'ont apprises.

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Une info que je crois bon de vous donner...

Selon une croyance répandue chez les Lakotas, la septième génération après le massacre ramènerait l'unité du peuple. Et... nous y sommes !

4 commentaires:

Pascale a dit…

Incroyable j'ai "rencontré" un lakota dans The rider récemment mais pas vu ce Ride. J'aurais aimé...

eeguab a dit…

Hello Martin. J'aimerais le voir. Nous avions passé Les chansons... Par ailleurs inquiétude sur nos soirés animation et notre programmation Art et Essai, comme je t'avais dit le craindre. Espérons...

Martin a dit…

@Pascale:

Le film semble n'avoir connu qu'une sortie confidentielle.
Sans mon association, il ne serait probablement pas sorti chez nous...

Martin a dit…

@Eeguab:

Je pense qu'il pourrait te plaire ou, à tout le moins, t'intéresser.
Et je continue de croiser les doigts pour que vos séances puissent se poursuivre.

C'est quand même dingue d'avoir de telles difficultés à mener une action aussi désintéressée !