dimanche 8 avril 2018

Flandre poisseuse

D'un film à l'autre, c'est une évidence: je fais parfois le grand écart. Deux jours après la comédie légère dont j'ai parlé vendredi, j'ai choisi d'enchaîner avec ce qui s'est avéré être l'un des thrillers les plus noirs que j'ai vus depuis longtemps: Les Ardennes. Bienvenue en Belgique ! Soyez donc prévenus: cet opus flamand ne fait pas dans la dentelle...

Le film nous plonge direct dans le vif du sujet. On y voit un corps habillé plonger dans une piscine, en sortir précipitamment et fuir aussi vite que possible. Ce corps est celui de Dave, un jeune type ordinaire, qui vient de se compromettre dans un cambriolage raté avec son frère, Kenny. Moins rapide, ledit frangin, lui, est tombé entre les mains de la police et a été condamné à une peine de prison ferme. Quatre ans plus tard, en libération conditionnelle, il retrouve ce qui lui reste de famille et peine à se réinsérer durablement. Quelque chose nous suggère alors que tout cela va mal se terminer. J'aime autant ne pas vous en dire davantage sur l'intrigue elle-même. Ce que je peux - et veux - souligner, c'est que Les Ardennes dépasse le cadre du polar classique et a parfois l'allure d'une chronique sociale.

En fait, tout concourt à créer autour des personnages une atmosphère poisseuse. L'image paraît presque délavée tant elle est sombre. Personne ne semble devoir être épargné et, si un peu d'humour noir vient très légèrement atténuer la tension, celle-ci opère malgré tout de façon quasi-continue. J'insiste: c'est l'une des qualités du film. Évidemment, pour apprécier ce "spectacle", il vaut mieux être prêt. Les habitués du genre ne cilleront pas, mais les âmes sensibles devraient réfléchir à deux fois... sans forcément renoncer, cela dit. Les Ardennes ne souhaite pas nous parler avec complaisance du mal absolu: il évoque plutôt ce qui ressemble à l'inexorabilité du destin. L'originalité n'est pas toujours au rendez-vous, mais c'est efficace. Ultime conseil: choisissez la VO pour... une immersion en profondeur.

Les Ardennes
Film belge de Robin Pront (2015)
Aujourd'hui, plusieurs films me viennent à l'esprit comme références. Côté flamand, je citerais prioritairement Bullhead, avant Le fidèle. Précision: dans les deux cas, l'histoire est (un peu) moins glauque. Côté américain, Dave et Kenny peuvent aussi rappeler le duo fraternel de Good time. Une scène de "découpage" m'a fait penser à Fargo ! Maintenant, pour plus de noirceur encore, il y a toujours Prisoners...

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N'oublions pas le Movie Challenge...
Je coche (assez facilement) la case n°23: "C'est un premier film".

Le film n'est pas très connu, mais...

Je termine en relevant que Pascale et Dasola en ont parlé également.

4 commentaires:

Laurent a dit…

Il m'a l'air bien sombre, ce film, mais ton avis m'incite à le mettre sur ma liste de "à voir". Merci d'en avoir parlé, Martin !

Martin a dit…

Je te confirme la noirceur du film.
Je n'en dis pas plus pour ne pas spoiler. Si tu le vois le film, on pourra comparer nos avis.

Quoi qu'il en soit, merci à toi, Laurent, de ton intérêt pour ma prose !

Pascale a dit…

Un personnage bête et méchant, des autruches, de la noirceur à tous les étages... Magritte (César) du meilleur film belge cette année la.

Martin a dit…

Merci pour la précision sur le Magritte !
Pour le reste, je suis fan de ton expression "de la noirceur à tous les étages". C'est exactement ça.