samedi 24 février 2018

Dans le panneau ?

Comment le mot hype m'est-il devenu familier ? C'est un mystère. Buzz me semble avoir à peu près le même sens et je m'en contentais. Dans mon dictionnaire anglais-français, hype est traduit par battage publicitaire. Teinté d'une certaine excitation, c'est bien ce qui semble tourner autour de 3 billboards. Et j'ai moi aussi un avis sur ce film...

Un aveu, d'abord: juste avant de découvrir ce troisième long-métrage de Martin McDonagh, j'étais... sceptique. Je reconnais bien volontiers que le Britannique a du style, mais j'avais en fait quelques réserves sur ses deux premiers films (cf. mon index des réalisateurs, merci !).

Le point de départ de 3 billboards est intéressant. Une femme divorcée s'offre trois panneaux publicitaires pour interpeller la police, qu'elle juge bien trop passive après le viol et le meurtre de sa fille. Ambiance délétère dans un vague trou perdu au fin fond des States. Avec Frances McDormand énervée, on pense aux frères Coen, mais...

Malgré quelques personnages crétins, je n'ai pas senti dans ce film l'ironie mordante que j'apprécie tant dans nombre d'opus des frangins. J'ai plutôt perçu un certain cynisme désabusé, qui me convient moins comme base de scénario. Cela se joue à quelques nuances, c'est vrai. Mais sans mettre vraiment le doigt dessus, quelque chose m'a gêné...

Un point positif: les personnages sont assez nombreux et évoluent significativement au cours d'un récit rythmé. Parfois même de façon définitive, dirais-je, pour ne pas trop en révéler et vous dévoiler bêtement un rebondissement important (que je n'avais pas vu venir). 3 billboards manque de vraisemblance ? Et alors ? C'est du ci-né-ma !

Un autre point positif: la distribution. Déjà citée (et récompensée) pour sa performance, Frances McDormand est nickel... comme d'hab' ! J'ai bien aimé la manière dont Woody Harrelson joue le flic patient. Mention honorable aussi à Sam Rockwell en brute épaisse susceptible de... chut ! Vous verrez. Le reste ? Oui, ça va aussi, dans l'ensemble.

Au fond, peut-être que c'est un certain manque d'homogénéité du film qui est venu titiller ma fibre cinéphile la plus exigeante. J'ai noté assez de jolis moments pour le sortir du lot, mais pas au point toutefois de m'enthousiasmer vraiment. Bon, voilà... rien n'est grave.

3 billboards - Les panneaux de la vengeance
Film américain de Martin McDonagh (2017)

On fermera les yeux sur ce titre anglo-français complétement naze. Vous l'avez lu: le film ne m'a qu'à moitié convaincu, mais je veux retenir ses authentiques qualités, supérieures, en effet, à la moyenne de la production amerloque contemporaine. Et puisqu'on a donc parlé des Coen pour comparer, j'insiste: Fargo ou No country for old men restent à mes yeux des films bien plus emballants. Chacun son truc... 

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Allez, hop ! L'étape Movie Challenge du jour...
Je valide l'objectif n°20: "Le film a été primé à Venise ou Berlin". J'ajoute que c'était à Venise, en septembre dernier et du Prix Orsella du meilleur scénario. Depuis, il a aussi obtenu quatre Golden Globes et pas moins de sept nominations aux Oscars. À suivre, début mars...

Je termine bien sûr avec les traditionnels liens-amis...

On parle aussi du film chez mes camarades Pascale, Dasola et Tina.

10 commentaires:

Pascale a dit…

Merci pour le lien.
Je trouve dommage cette comparaison quasi systématique avec les frangins parce qu'il y a Frances Mc Dormand. Elle doit aussi en être fatiguée !
Bon en même temps je sais que tu as l'art et la manière de rapprocher les films.
Je trouve aussi que ta curiosité et ton exigences auraient dû être davantage titillées et satisfaites par les multiples directions que prend le film.

Bon je valide le challenge, c'est déjà ça :-)

Martin a dit…

Hé ouais... je t'avoue que les multiples directions ont fini par me dérouter. J'aime les films complexes, mais j'ai trouvé que celui-là manquait un peu d'unité. Cela tient à peu de choses.

Tu as raison: c'est vrai que la comparaison avec les Coen ressort un peu trop souvent quand on parle de Frances et de son travail. Cela dit, je peux ajouter une anecdote: elle a indiqué en interview qu'elle pensait ne pas faire le film, se jugeant à la fois flattée qu'on lui propose ce rôle, mais trop vieille pour le tenir (par rapport aux jeunes qui jouent ses enfants et ce qu'elle avait imaginé du milieu social de cette femme). Elle a ajouté qu'elle avait fini par changer d'avis sur les conseils de... son mari, Joel Coen. Je suppose donc qu'elle comme lui trouvent dans ce long-métrage quelque chose qui correspond bien à leur(s) univers.

Pascale a dit…

Pas forcément... jojo lui a peut être dit : fais ce film, ça te changera des freres Coen.
Et je suis d'accord avec Frances sur l'âge des enfants. Souvent je me dis que les personnages les ont eus bien tard leurs moutards.

Martin a dit…

Ouais, c'est possible aussi que Joel lui ait parlé du changement de registre. Mais il faut quand même reconnaître que, dans leur observation de l'Amérique profonde, ce film et ceux des Coen entretiennent une certaine parenté.

Moi, tu l'auras compris: je préfère les frangins.

Pascale a dit…

Ou alors il lui a dit : fais le, tu auras l'oscar et ça nous fera du cash.

Oui jai clairement compris :-)
Moi j'adore les 2. Et j'avais aimé les 2 précédents de Mc Donagh. Je trouve qu'il se renouvelle bien.

Martin a dit…

C'est vrai qu'il y a une vraie inventivité dans chacun de ses films.

On verra ce qu'il nous proposera par la suite. Il me paraît clair qu'il n'est pas qu'un filmeur. Ce garçon a visiblement des choses à raconter. Wait and see.

dasola a dit…

Bonsoir Martin, je suis en phase avec ce que tu écris. Et sinon, je n'avais pas aimé Bons baisers de Bruges et bien aimé 7 psychopaths parce qu'il y avait Chris Walken (je suis fan). Bonne soirée.

tinalakiller a dit…

Je comprends tes réserves. Je veux dire, j'ai beaucoup aimé le film, j'ai mis une super note et toussa, mais plus le temps passe, plus je vois bien que c'est pas le grand film tant acclamé (même si le film reste très bon).

Martin a dit…

@Dasola:

Ravi de nous savoir à l'unisson ! Moi aussi, j'ai préféré "7 psychopathes" à "Bons baisers de Bruges".
Tu as raison de souligner la présence charismatique de Christopher Walken. Un acteur qui transcende tout !

Martin a dit…

@Tina:

Le film reste en mémoire, mais pour moi, ce n'est pas un véritable sommet.
Cela reste toutefois une oeuvre originale portée de bons acteurs, ce qui n'est déjà pas si mal.