mardi 14 novembre 2017

Indépendants

Autant le dire tout de suite: je continue de trouver assez regrettable que le cinéma ne nous conduise pas plus souvent sur le sol africain. Du fait des liens historiques qui nous unissent à l'Algérie, j'ai pensé que j'aurais du plaisir à voir L'Oranais, présenté comme une fresque sur la manière dont le pays a évolué après la guerre d'indépendance...

Chacun aura sa petite idée sur la question et je veux rappeler d'abord que le but de ce blog n'a jamais été d'alimenter le débat politique. Maintenant, il paraît difficilement concevable d'apprécier L'Oranais comme une fiction ordinaire. Le scénario est malin: il nous plonge directement au coeur du sujet et nous invite à nous intéresser rapidement à, non pas un, mais bien deux personnages distincts. Hamid et Jaffar sont amis, mais n'ont pas la même vision des choses dès lors qu'il s'agit de leur pays: le premier nommé accepte le risque de déplaire au colonisateur français, tandis que, prudent, le second aurait plutôt tendance à rester profil bas. C'est ce que nous montre une scène d'introduction, censée se dérouler au cours des années 50. Après une circonstance qui va nouer leur destin, nous retrouverons ensuite les deux compères dans l'Algérie libérée: Hamid en homme politique ambitieux et Jaffar en héros militaire soucieux d'un retour paisible à la vie civile. Ce qui, vous l'imaginez, ne sera pas si simple. Je vous laisse à présent découvrir la suite seuls. J'en ai déjà trop dit !

J'ai bien noté que ce long-métrage n'avait pas reçu que des critiques élogieuses. Cela me surprend un peu, car je ne vois rien d'important susceptible d'amputer son crédit. Clair dans ses enjeux et honnête dans ses intentions, il tient plutôt bien la route, deux heures durant. Tiens... c'est d'ailleurs cette même durée que certains lui reprochent. N'exagérons rien: il existe de nombreux films plus longs que L'Oranais et auxquels personne ne trouve à redire sur ce point très précis. Allons jusqu'au bout: je peux sûrement me montrer plus compréhensif à l'égard de ceux qui disent que le récit peine à trouver une unité entre ses éléments historiques et le sort réservé à ses personnages fictifs. Je le concède: ses quelques allers et venues dans le temps peuvent contribuer à brouiller le message, en compliquant inutilement des choses finalement assez simples. Bon... ça ne m'a pas dérangé. Nul doute qu'il existe un bien meilleur cinéma, algérien ou autre ! Moi, tout bien pensé, j'ai aimé cette fenêtre ouverte sur nos voisins méditerranéens. On ne peut pas dire que l'on croule sous le nombre...

L'Oranais
Film algérien de Lyes Salem (2015)

Un long-métrage "comparable" ? Même s'il se déroule à une époque plus récente, vous pouvez parier quelques kopecks sur Le repenti. D'une certaine façon, le film peut aussi rappeler les grandes histoires de gangsters made in USA, telles que Les affranchis, par exemple. Maintenant, en termes de choc post-traumatique dans un contexte d'après-guerre, on trouve difficilement plus éprouvant qu'Incendies !

4 commentaires:

Pascale a dit…

Pourquoi je n'ai pas vu ce film ???
Mon mari est né en Algérie et il était prévu qu'on y aille...
et je travaille avec deux algériens (un né en France (donc français mais on se comprend) et l'autre avec carte de séjour :-))

Martin a dit…

Pourquoi tu ne l'as pas vu ? Je n'en sais rien, moi, très chère.
Je sais que tu n'es pas coutumière des séances de rattrapage, mais ça peut valoir le coup.

Pascale a dit…

Tu pourrais quand même me dire pourquoi je ne l'ai pas vu.

Martin a dit…

Parce qu'il n'est pas passé dans ton cinéma préféré, je suppose.
Ou, parce qu'à ce moment-là, tu avais décidé de faire autre chose ou tu n'avais pas le temps.