dimanche 30 octobre 2016

Je suis bobo

Je vous indiquais il y a quelques jours que 672 films étaient sortis dans les salles françaises l'année dernière. Ce qui pose inévitablement la question du choix: pourquoi ceux-là et pas d'autres ? J'ai découvert récemment Ruth & Alex: pour une raison que j'ignore, ce petit film américain n'a été diffusé qu'en support numérique et VOD. Bon, OK...

Ce qui m'a donné envie de le regarder, c'est d'abord les présences conjointes de Diane Keaton et Morgan Freeman en tête d'affiche. D'ailleurs, cela peut aussi me suffire à vous conseiller de lui donner une chance si vous en avez l'occasion. Pas question cependant d'ériger le film en incontournable: il ne devrait pas vous bouleverser. L'histoire est celle d'un couple de seniors américains, résidents heureux (et depuis 40 ans !) d'un appartement à Brooklyn, New York. Pas de petits-enfants et d'enfants "tout court" à aimer. Le temps passé oblige tout de même Ruth & Alex à prendre des dispositions pratiques. Concrètement, l'heure est peut-être venue pour eux d'emménager ailleurs, vu qu'ils ont de plus en plus de mal à grimper jusqu'à leur quatrième étage sans ascenseur. Je suis tombé juste avec mes attentes: Diane / Ruth et Morgan / Alex sont très bons. Maintenant, est-ce que ça donne vraiment un bon film ? Il faut voir...

Je ne vais pas dire le contraire: je l'ai bien aimé, ce long-métrage. Dans le même temps, j'ai conscience de ses limites. Ce que je trouve tendre, d'autres que moi le trouveront cul-cul la praline. Il est clair que, formellement, tout ça ne révolutionne en rien le septième art. J'admets même que le réalisateur use un peu trop des flashbacks quand il s'agit d'alimenter une certaine mélancolie. Je dois convenir malgré tout, pour l'avoir constaté, qu'avec moi, ça fonctionne. J'apprécie les quelques répliques bien senties qui parsèment le récit. C'est assez habilement que Ruth & Alex évite le piège du pathos. Parfois bancal, il rattrape le coup avec la petite pointe d'humour amenée par son interprétation. La caricature d'une Amérique restée raisonnable malgré la frénésie du quotidien est assez "bobo", de fait. Tant pis: une fois n'est pas coutume, je l'accepte et... m'y retrouve. Je vous certifie que cela ne se passera pas comme ça tous les jours !

Ruth & Alex
Film américain de Richard Loncraine (2015)

Gentrification, n. fém.: phénomène d'embourgeoisement urbain. C'est un peu ce qu'observe le film, il me semble, et un an seulement avant Brooklyn village, dont j'ai d'assez bons échos. De là à dire maintenant que Woody Allen a déjà des héritiers... n'exagérons pas ! J'attendrai de voir plusieurs autres films récents pour le prétendre. Sachant qu'il sera difficile de faire mieux que Manhattan ou Alice...

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Pour finir, une anecdote rassurante. Euh...
Les distributeurs francophones n'ont pas le monopole des traductions idiotes ! Le titre original (5 flights up, certes difficile à retranscrire) est transformé en espagnol par Memorias de Brooklyn. Pour un film qui se passe à Brooklyn ! Un chouette décision marketing, I guess...

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