Un réalisateur dont le deuxième film d'une longue carrière s'intitule Les nains aussi ont commencé petits ne peut qu'attirer ma curiosité. Bon... je n'ai pas attendu trop longtemps avant d'être très intéressé par le cinéma de Werner Herzog. J'étais heureux que mon association choisisse de diffuser son tout premier opus, l'étrange Signes de vie...
Stroszek, Meinhard et Becker sont trois soldats allemands, en 1942. Ensemble, ils sont chargés de surveiller un dépôt de munitions abandonné par l'armée grecque, sur une île que la Wehrmacht a prise sans avoir à livrer bataille. Sous un soleil de plomb, le trio s'ennuie profondément. Quand il en a terminé avec ses maigres obligations militaires, il réclame le droit de partir patrouiller dans la nature environnante. Signes de vie, c'est le récit assez curieux de la manière dont trois caractères bien différents les uns des autres s'accordent dans une inaction commune. La guerre reste tout à fait hors-champ. L'évoquer ainsi n'est pas anodin dans l'Allemagne (divisée) de 1968...
Werner Herzog est si jeune l'année où ce film sort - 26 ans - qu'il n'y a strictement aucune ambigüité possible quant à son comportement pendant la période nazie. Même si les symboles de l'armée hitlérienne restent absents à l'image, il n'est toutefois pas incongru d'imaginer que le cinéaste s'interroge sur le passé encore récent de son pays. Stroszek, Meinhard et Becker composent finalement trois visages différents de ce que pouvait être le soldat allemand quand la barbarie imposait sa loi partout en Europe (et même au-delà): le premier sombre lentement dans la folie, le deuxième - un peu crétin - s'ingénie à construire des pièges à blattes et le troisième profite d'être loin de chez lui pour s'intéresser à l'histoire des civilisations anciennes. Quelques futurs grands personnages du même réalisateur sont ici en germe. Cela dit, Signes de vie est plus qu'un brouillon. Dans un noir et blanc soigné, c'est un premier film réussi et étonnant.
Signes de vie
Film allemand de Werner Herzog (1968)
Premier essai, premier succès pour le réalisateur bavarois: cet opus lui vaut immédiatement de recevoir l'Ours d'argent de la Berlinale. Curiosité à noter: le scénario s'inspire d'un récit de la littérature allemande publié en 1818, Der tolle Invalide auf dem Fort Ratonneau. Lesté d'une voix off un peu lourde parfois, il n'a pas encore l'ampleur des grands Herzog comme Aguirre ou Fitzcarraldo. Rien de grave...
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J'ai déniché un autre avis sur un blog-ami...
Pour ce type de raretés, on peut toujours compter sur Princécranoir !
Stroszek, Meinhard et Becker sont trois soldats allemands, en 1942. Ensemble, ils sont chargés de surveiller un dépôt de munitions abandonné par l'armée grecque, sur une île que la Wehrmacht a prise sans avoir à livrer bataille. Sous un soleil de plomb, le trio s'ennuie profondément. Quand il en a terminé avec ses maigres obligations militaires, il réclame le droit de partir patrouiller dans la nature environnante. Signes de vie, c'est le récit assez curieux de la manière dont trois caractères bien différents les uns des autres s'accordent dans une inaction commune. La guerre reste tout à fait hors-champ. L'évoquer ainsi n'est pas anodin dans l'Allemagne (divisée) de 1968...
Werner Herzog est si jeune l'année où ce film sort - 26 ans - qu'il n'y a strictement aucune ambigüité possible quant à son comportement pendant la période nazie. Même si les symboles de l'armée hitlérienne restent absents à l'image, il n'est toutefois pas incongru d'imaginer que le cinéaste s'interroge sur le passé encore récent de son pays. Stroszek, Meinhard et Becker composent finalement trois visages différents de ce que pouvait être le soldat allemand quand la barbarie imposait sa loi partout en Europe (et même au-delà): le premier sombre lentement dans la folie, le deuxième - un peu crétin - s'ingénie à construire des pièges à blattes et le troisième profite d'être loin de chez lui pour s'intéresser à l'histoire des civilisations anciennes. Quelques futurs grands personnages du même réalisateur sont ici en germe. Cela dit, Signes de vie est plus qu'un brouillon. Dans un noir et blanc soigné, c'est un premier film réussi et étonnant.
Signes de vie
Film allemand de Werner Herzog (1968)
Premier essai, premier succès pour le réalisateur bavarois: cet opus lui vaut immédiatement de recevoir l'Ours d'argent de la Berlinale. Curiosité à noter: le scénario s'inspire d'un récit de la littérature allemande publié en 1818, Der tolle Invalide auf dem Fort Ratonneau. Lesté d'une voix off un peu lourde parfois, il n'a pas encore l'ampleur des grands Herzog comme Aguirre ou Fitzcarraldo. Rien de grave...
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J'ai déniché un autre avis sur un blog-ami...
Pour ce type de raretés, on peut toujours compter sur Princécranoir !
8 commentaires:
J'aurais volontiers assisté à cette projection car je n'ai jamais vu les tout premiers film de Herzog. Intéressant.
Je suis content d'avoir su titiller ta curiosité ! Le fait est que ce premier Herzog est sans doute un peu oublié aujourd'hui. La présidente de mon association en a parlé comme (je cite) d'un "film de cinéphiles". Et, petite déception tout de même, nous n'étions que treize dans la salle...
La cinéphilie prend beaucoup de temps et la curiosité n'est pas toujours énorme pour ces films. Je sais ce que c'est d'avoir des salles clairsemées. Mais des actions comme les tiennes, doucement, à mon avis, portent leurs fruits.
Ce sont plutôt "des actions comme les nôtres", car je ne suis qu'un modeste animateur de mon association. D'autres membres sont bien plus actifs dans le choix des films et leur présentation à notre petit public.
Mais oui, effectivement, j'ose espérer que les quelques dizaines de personnes qui participent à nos soirées en sortent un peu plus riches émotionnellement. Ma cinéphilie étant venue par découvertes successives, j'ai toujours l'espoir qu'un film laisse une trace dans la tête des gens et leur donne envie d'en découvrir d'autres.
Merci à toi pour ces commentaires encourageants de "confrère" chroniqueur !
Moi aussi ma cinéphilie est venue petit à, petit. Je me définis comme un cinéphile tendance Eddy Mitchell que les westerns de mes dix ans, en une époque où l'on n'était pas soulé d'images de toutes sortes, ont conduit à un cinéma plus exigeant et là je ne citerai aucun auteur car il y en aurait trop. Sans jamais renier un cinema populaire de qualité.Salut collègue.
Eddy Mitchell, c'est une référence que je partage : je me souviens avec un peu de nostalgie des soirées westerns avec mon père. J'étais trop petit pour prolonger avec le film noir de deuxième partie de soirée. Triste le jour où "La dernière séance" a arrêté de diffuser un dessin animé de Tex Avery entre les deux films, ce qui anticipait d'autant l'heure d'aller me coucher...
Assez d'accord avec ce constat d'un trop-plein d'images, même si je ne suis pas toujours aussi sélectif que peut l'être un cinéphile exigeant.
Belle idée de programmation en effet que cet Herzog des origines. L'idée de faire partager des raretés dans un cinéclub me trotte dans la tête (ainsi que celle de quelques amis cinéphiles) depuis un certain temps sans qu'aucun d'entre nous ne songe à passer aux choses sérieuses. Quelques projections privées sont néanmoins sujettes à discussions enrichissantes, avec malgré tout quelque part la frustration de ne pas partager avec d'autres (sinon par blogs interposés). Formidable initiative que vous avez eu là.
Merci, l'ami ! Notre petite association s'accroche, pour la quatorzième saison consécutive. Je ne suis qu'un membre récent et n'ai encore animé que peu de soirées. Cela dit, si tu as l'opportunité de te lancer dans ce type d'opérations avec quelques comparses motivé(e)s, je ne peux que t'y encourager !
Comme tu l'as sans doute compris, ce n'est pas moi qui ai choisi de montrer ce Herzog, mais, comme je l'ai souligné également, j'ai trouvé ce choix intéressant. Cela dit, niveau fréquentation, nous n'avions jamais été aussi peu nombreux depuis la reprise en septembre dernier. Bon, ce sont des choses qui arrivent...
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