lundi 7 mars 2016

Les âmes simples

Si vous aimez les petits films, Angèle et Tony devrait vous convenir. Moi qui me contente parfois de scénarios minimalistes, j'ai apprécié celui de ce programme court - moins d'une heure vingt, générique compris. Sur la côte de Normandie, une jeune femme peu expansive essaye de s'en sortir et, un beau jour, rencontre un marin-pêcheur...

Il faudra un peu de temps avant qu'on apprenne qu'Angèle est maman et qu'elle a fait de la prison, ce qui l'a éloignée de son petit garçon. Légèrement plus âgé, Tony, lui, n'a pas eu de soucis avec la justice. Quand il n'est pas sur son bateau, il vit chez sa mère, qui s'occupe pour sa part de vendre le poisson à la criée. Je crois inutile d'ajouter ce que vous aurez déjà compris: les personnages d'Angèle et Tony sont des gens modestes et le cadre dans lequel ils évoluent n'a rien d'extravagant. Je dois dire que je prise ces moments où le cinéma s'intéresse aux Français ordinaires et raconte des histoires simples. Surtout quand, comme ici, son regard est dépourvu de misérabilisme.

Un oeil jeté au palmarès des César 2012 vous rappellera également que Clotilde Hesme et Grégory Gadebois, les deux acteurs principaux de ce premier film d'Alix Delaporte, avaient été co-lauréats du prix décerné aux révélations de l'année. C'est bien mérité: la demoiselle interprète parfaitement le côté farouche de son personnage et le jeu sobre du trentenaire en fait un homme de mer tout à fait crédible. Aucune fausse note à signaler sur la forme: c'est du travail bien fait et honnête - je n'en demandais pas davantage et suis donc satisfait. Angèle et Tony a le grand mérite d'être une oeuvre tendre et calme parmi d'autres souvent plus tapageuses. Je vais le répéter: j'apprécie de pouvoir, de temps à autre, appréhender ce genre de petits films. C'est pour ainsi dire leur délicatesse qui me les rend aussi attachants.

Angèle et Tony
Film français d'Alix Delaporte (2011)

Les deux protagonistes pourraient presque être les cousins normands de Marius et Jeannette - un autre petit film que j'aime beaucoup. Maintenant, le grand dénuement du dispositif filmique le rapproche aussi de La tendresse. Alix Delaporte a en tout cas retenu une notion importante: au cinéma, il vaut mieux suggérer (ou montrer) que dire. Dans son CV, j'ai remarqué un job de... journaliste reporter d'images.

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Si vous aimiez le rock des années 70-80...

Trente ans plus tard, dans un rôle secondaire, vous serez en mesure de reconnaître Corine Marienneau, l'ancienne bassiste de Téléphone !

Pour terminer, j'ajoute un petit lien...
C'est l'occasion pour vous de lire également la chronique de Pascale

6 commentaires:

Pascale a dit…

Je pensais que Clotilde ferait une carrière plus spectaculaire. Elle est solaire cette fille avec son sourire.
Je trouve Grégory Gadebois très très très trop infiniment surestimé !
Dans ce film je le découvrais mais depuis... il m'effraie et m'agace.

Laurent a dit…

J'avais craqué pour ce petit film (qui se déroule à quelques encablures de mes terres natales), et avais été subjugué par la trop rare Clotilde Hesme.

Cela fait quelque temps que cela me taraude, mais voilà l'occasion : j'aime beaucoup les titres que tu accoles à tes billets, Martin !

Martin a dit…

@Pascale:

Je t'avoue que ne connaissais pas Clotilde Hesme avant de voir ce film. Tu en aurais un autre plus ancien à conseiller ? Apparemment, elle jouera dans le prochain Stéphane Brizé, adapté de Maupassant. Je doute fort que ça la fasse sourire, mais ça sera peut-être un joli rôle que nous pourrons apprécier.

Martin a dit…

@Laurent:

Merci pour ce mot gentil sur mes titres !

Le film, lui, aurait toute sa place sur ton blog également, surtout si tu connais les lieux. Pour une production de cette nature, c'est vrai qu'il est assez touchant. Je trouve que le duo principal fonctionne bien. On y croit.

Pascale a dit…

Les chansons d'amour de Christophe Honoré. C'est là qu'on la découvre, elle est sublime.

Martin a dit…

Merci, je vais noter ça dans un coin de ma tête.