mercredi 18 novembre 2015

Khondji aussi

J'ai pensé un instant vous proposer aujourd'hui un petit tour d'horizon des muses de Woody Allen. Finalement, j'ai trouvé plus intéressant encore d'aborder la question de la photographie de son dernier opus pour évoquer celui qui l'a signée: Darius Khondji. Un artiste hors-champ que j'apprends doucement à reconnaître grâce à son nom aux génériques d'un certain nombre de films récents. Entre autres...

Ici "shooté" par Ed Alcock pour le New York Times, Darius Khondji vient de fêter ses 60 ans, le 21 octobre. Il a hérité d'une culture double, enfant d'un père iranien et d'une mère française. Un article paru dans Télérama en août 2012 soulignait son souhait "d'explorer les derniers rivages de la pellicule". Dans ce même texte, publié après qu'Amour a obtenu la Palme d'or, le directeur photo dissertait doctement sur l'influence de son job sur le style des réalisateurs. Modestie: "Idéalement, il faudrait que mon travail ne se voie pas"...

Darius Khondji a déjà photographié cinq des films de Woody Allen. Parmi eux, les deux dont l'action se déroule en France: Minuit à Paris et Magic in the moonlight. Il disait que le réalisateur avait le choix sur tout et juge que la liberté du New-Yorkais est "incroyable". Anecdote amusante: sur le plan de la photo, ce grand spécialiste assure qu'il n'est pas très à l'aise avec Paris et, en 2012, indiquait n'avoir pas encore trouvé l'occasion de la filmer comme il le voudrait. Comme quoi, le cinéma est bien avant tout un pur travail d'équipe...

Au début de sa carrière, dans les années 80, Darius Khondji a travaillé autour d'une série de courts-métrages et a même signé un clip vidéo. Le premier long que je connais de lui, c'est Delicatessen, le film étrange réalisé par Jean-Pierre Jeunet et Marc Caro, sorti en 1991. Une autre collaboration suivra avec le duo: La cité des enfants perdus, en ouverture du Festival de Cannes 1995. Khondji et Jeunet collaboreront une dernière fois en 1997, sur Alien: la résurrection. Le premier nommé confirmait alors sa capacité à s'ouvrir au monde.

Parmi les cinéastes qui ont fait appel à ses services, on peut trouver, outre Woody Allen himself, quelques-uns des très grands noms d'aujourd'hui, comme Roman Polanski, David Fincher ou James Gray. C'est dans un western que l'on aurait dû bientôt retrouver une photo signée Darius Khondji: avec notamment Natalie Portman dans le rôle principal, Jane got a gun sortira dans les salles françaises mercredi prochain. Las ! Le directeur photo n'est pas allé au bout du tournage. J'admets que j'ignore tout du projet sur lequel il planche désormais...

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Les commentaires sont ouverts...
C'est l'occasion de  me donner des infos, si toutefois vous en avez. N'hésitez pas non plus à parler de photo cinéma au sens le plus large !

12 commentaires:

princécranoir a dit…

Excellente idée que de consacrer un article entier à un grand chef opérateur. Khondji est incontestablement un des plus grands artistes des lumières , qui peut se targuer d'être aussi important qu'un réalisateur, au même titre que le français Delbonnel ou Roger Deakins.

cc rider a dit…

Quand j'aurai dit "Citizen Kane",quand j'aurai évoqué les gros plans de "Notorious" du grand Alfred, l'oscar pour "les hauts de hurlevent " et toutes ces sublimes images en noir et blanc qui se sont imposées à nous , il ne me restera plus qu'à vous dire merci Monsieur Greg Tolland , merci de nous rappeler qu'au de là du réalisateur , le génie est aussi du coté du Directeur de la photographie..

Anonyme a dit…

Yes ! C'est génial ce genre d'article car il faut évidemment mettre en lumière ces hommes de l'ombre (même si Khondji est connu - mais hélas que par les cinéphiles) qui font du travail formidable et indispensable !

Véronique Hottat a dit…

Bonjour Martin,

Quelle bonne idée de parler des chefs-opérateurs, un travail essentiel et qui fait la différence dans un film. Parfois, je me demande même si je n'ai pas été plus sensible à la photographie qu'à la réalisation, surtout concernant les films N&B.

Je te souhaite une bonne journée.

2flicsamiami a dit…

En effet, un prestigieux directeur de la photographie. Il avait également jeté l'éponge sur le tournage de Panic Room.

Martin a dit…

@Princécranoir:

J'ai chez moi un livre qui donne la parole à plusieurs grands directeurs photo. Il faudrait que j'en reprenne la lecture avec un peu plus d'assiduité. Merci de trouver mon idée de chronique excellente ! Je trouve qu'on ne parle jamais assez des techniciens du cinéma. D'autres exemples suivront probablement.

Martin a dit…

@CC Rider:

Des films que vous citez, je ne connais que "Citizen Kane", ce qui prouve une fois de plus que j'ai bien des lacunes encore, qu'il me faudra rattraper au fur et à mesure. Votre commentaire me rappelle judicieusement qu'il y avait aussi de grands directeurs photo à l'époque du noir et blanc généralisé. Je crois même qu'alors, un Oscar était remis pour la photo noir et blanc et un autre pour la photo couleur.

Martin a dit…

@Tina:

Quel enthousiasme ! Merci ! Cela va définitivement m'encourager à mettre en lumière d'autres artistes de l'ombre.

Martin a dit…

@Sentinelle:

Plus sensible à la photographie qu'à la réalisation ? C'est intéressant, ce que tu dis. La dynamique complexe qu'est la réalisation d'un film consiste sans doute à bien agencer tous les éléments pour former un tout cohérent. Il est probable que, si la photo est ratée, ça saute aux yeux immédiatement. Et, en ce sens, le directeur photo a peut-être bien un droit à l'erreur plus limité que le réalisateur et/ou que d'autres techniciens sur le plateau. De plus, à mon avis, il peut être amené à faire des propositions au réalisateur pour rendre telle ou telle séquence plus marquante. L'un des postes majeurs sur un tournage, assurément.

Martin a dit…

@2flics:

Oui, c'est Darius Khondji qui a photographié "Panic room", tu as raison. Cela devrait me donner l'occasion d'en reparler prochainement, d'ailleurs. Mais que ça reste entre nous !

Rebecca a dit…

Darius khondji travaille actuellement sur "Lost city of Z" de James Gray

Martin a dit…

Merci pour cette précision, Rebecca. Et bienvenue sur le blog !