Quand La dentellière sort sur les écrans français, Isabelle Huppert vient d'avoir 24 ans. Ancienne étudiante au Conservatoire national d'art dramatique, elle compte déjà quinze longs-métrages à son actif. Celui de Claude Goretta va marquer sa carrière: le réalisateur suisse lui offre en effet son premier rôle principal. Isabelle devient Béatrice alias Pomme, une fille un peu plus jeune qui, elle aussi, a commencé à gagner sa vie, comme apprentie dans un salon de coiffure. Un jour d'été, la shampooineuse part en vacances avec sa patronne. Elle fait alors la connaissance d'un garçon, François, et en oublie sa solitude...
Si j'ai décidé de regarder La dentellière, c'est pour essayer d'effacer mon a priori persistant à l'égard d'Isabelle Huppert. Je ne sais pas pourquoi, mais je n'aime pas beaucoup cette comédienne - je voue d'ailleurs la même inimitié à Fanny Ardant, qui ne m'a pourtant causé aucun tort particulier. Allez comprendre... le fait est que je suis content aujourd'hui d'avoir défié mes préjugés. J'ai vraiment apprécié le jeu d'Isabelle Huppert dans ce film. Elle a su m'emmener avec elle dans la peau de son personnage et m'en faire ressentir le pathétisme. Soyez prévenus: les âmes sensibles auront peut-être du mal à digérer l'évolution et le dénouement de cette histoire. Je les connaissais d'avance, moi, mais j'ai quand même été secoué. La lente évolution vers ce qui ne paraissait pourtant pas inéluctable est très poignante. Adapté d'un roman éponyme de Pascal Lainé, récompensé du prix Goncourt 1974, le long-métrage cite Maupassant. C'était donc écrit...
Je crois que je n'oublierai pas de sitôt le dernier plan sur le visage d'Isabelle Huppert. Sa fixité a achevé de me tétaniser. Il serait toutefois injuste de résumer le film à cette parfaite composition. Techniquement, le travail accompli me paraît tout aussi digne d'éloges. Oeuvre de trois femmes, le montage est ainsi une merveille de précision. D'une grande beauté dans la simplicité même, la photo contribue elle aussi significativement à la réussite de l'ensemble. J'ignore si vous y serez sensibles, mais j'ai trouvé que le cadre s'enrichissait d'éléments symboliques, comme ces saisons qui défilent et conduisent doucement vers le froid. Je dirais que La dentellière demeure jusqu'au bout un film pudique. Il s'achève sur un silence persistant, sans cris, sans larmes, et j'ai envie d'insister pour dire aussi que ce n'est pas la moindre de ses qualités. L'émotion nait parfois de ces toutes petites choses qui trouvent en nous un écho...
La dentellière
Film franco-suisse de Claude Goretta (1977)
La reconnaissance de son talent ? En France, Isabelle Huppert devait l'attendre encore un peu, avec un Prix d'interprétation féminine obtenu à Cannes en 1978. Le film que je vous ai présenté aujourd'hui lui valut tout de même d'être célébrée en Angleterre et en Italie. Comparaison n'est jamais raison, mais son jeu ici m'a remémoré celui d'Isabelle Adjani dans L'histoire d'Adèle H. Ce sera mon dernier mot.
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Vous voulez malgré tout en savoir plus ?
Je vous renvoie à la chronique de mes amis de "L'oeil sur l'écran". Attention: en la lisant, vous connaîtrez prématurément la fin du film.
Si j'ai décidé de regarder La dentellière, c'est pour essayer d'effacer mon a priori persistant à l'égard d'Isabelle Huppert. Je ne sais pas pourquoi, mais je n'aime pas beaucoup cette comédienne - je voue d'ailleurs la même inimitié à Fanny Ardant, qui ne m'a pourtant causé aucun tort particulier. Allez comprendre... le fait est que je suis content aujourd'hui d'avoir défié mes préjugés. J'ai vraiment apprécié le jeu d'Isabelle Huppert dans ce film. Elle a su m'emmener avec elle dans la peau de son personnage et m'en faire ressentir le pathétisme. Soyez prévenus: les âmes sensibles auront peut-être du mal à digérer l'évolution et le dénouement de cette histoire. Je les connaissais d'avance, moi, mais j'ai quand même été secoué. La lente évolution vers ce qui ne paraissait pourtant pas inéluctable est très poignante. Adapté d'un roman éponyme de Pascal Lainé, récompensé du prix Goncourt 1974, le long-métrage cite Maupassant. C'était donc écrit...
Je crois que je n'oublierai pas de sitôt le dernier plan sur le visage d'Isabelle Huppert. Sa fixité a achevé de me tétaniser. Il serait toutefois injuste de résumer le film à cette parfaite composition. Techniquement, le travail accompli me paraît tout aussi digne d'éloges. Oeuvre de trois femmes, le montage est ainsi une merveille de précision. D'une grande beauté dans la simplicité même, la photo contribue elle aussi significativement à la réussite de l'ensemble. J'ignore si vous y serez sensibles, mais j'ai trouvé que le cadre s'enrichissait d'éléments symboliques, comme ces saisons qui défilent et conduisent doucement vers le froid. Je dirais que La dentellière demeure jusqu'au bout un film pudique. Il s'achève sur un silence persistant, sans cris, sans larmes, et j'ai envie d'insister pour dire aussi que ce n'est pas la moindre de ses qualités. L'émotion nait parfois de ces toutes petites choses qui trouvent en nous un écho...
La dentellière
Film franco-suisse de Claude Goretta (1977)
La reconnaissance de son talent ? En France, Isabelle Huppert devait l'attendre encore un peu, avec un Prix d'interprétation féminine obtenu à Cannes en 1978. Le film que je vous ai présenté aujourd'hui lui valut tout de même d'être célébrée en Angleterre et en Italie. Comparaison n'est jamais raison, mais son jeu ici m'a remémoré celui d'Isabelle Adjani dans L'histoire d'Adèle H. Ce sera mon dernier mot.
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Vous voulez malgré tout en savoir plus ?
Je vous renvoie à la chronique de mes amis de "L'oeil sur l'écran". Attention: en la lisant, vous connaîtrez prématurément la fin du film.
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