Il est quand même fort, cet Eric Cantona. Pour un peu, il arriverait presque à me faire aimer le foot et les Anglais. Je dois d'abord admettre que je n'ai pas hésité longtemps avant d'aller voir Looking for Eric, le dernier film de Ken Loach, dont il est à fois le héros, l'acteur principal et le co-producteur. Le capital sympathie que j'avais déjà développé pour le bonhomme en est sorti encore grandi. Sincèrement, je crois que nous tenons là un vrai chic type, du genre de ceux que la générosité pousse à partager leur bonheur. Surprenant pour les habitués des drames de Ken Loach: le réalisateur anglais vient bel et bien de signer une comédie pétillante. Entré au cinéma en toute confiance, j'en suis revenu le sourire aux lèvres, content d'avoir vu ce chouette film, plein d'un humour très communicatif. Presque tout au long, on rit beaucoup et, par les temps qui courent, ce genre de choses, ça fait franchement beaucoup de bien ! L'antidote rêvé à la morosité ambiante, j'vous assure !
Plantons le décor: Eric est un pré-quinquagénaire britannique, qui vit seul à la tête d'une famille plusieurs fois recomposée. Il peut bien sûr compter sur une bande de copains - supporters de Manchester comme vous l'aurez compris -, mais son boulot et sa vie lui sont quelque peu pesants. Perdu dans ses sombres pensées, notre homme cherche du réconfort en parlant dans le vide, posté devant un poster géant de son héros, Eric Cantona himself. A la recherche d'Eric. Looking for Eric, en anglais dans le texte. Une quête improbable finalement menée à bien quand, un beau matin, Eric le paumé voit apparaître Eric l'ex-footballeur dans sa chambre à coucher ! Lequel va s'échiner à le remettre d'aplomb en lui distillant, bon gré mal gré, quelques axiomes de sa meilleure philosophie. On peut bien trouver cette idée de départ un peu absurde. Je dirais, moi, qu'elle est plus exactement farfelue. Reste que ça fonctionne parfaitement bien ! Comme dopé par la combativité de son idole, Eric le loser va gagner en courage, relever la tête, reprendre le contrôle de sa vie.
Sauf à être totalement imperméable à l'émotion, c'est alors difficile de ne pas s'identifier peu ou prou à ce brave type. Certes, le retour progressif à une vie moins ordinaire ne va pas sans heurts, remises en question et réveils de quelques vieux démons. Looking for Eric délivre toutefois un message éminemment positif. On sent bien que, poussé par Cantona, Loach a repris quelques-uns des thèmes sociaux qui lui sont chers, mais pour cette fois insuffler l'espérance au coeur de son public. Il faut, je crois, être profondément cynique ou blasé pour ne pas adhérer du tout à la démarche. Dans ce joli numéro d'auto-dérision, l'ami Canto est parfait. On prendra aussi beaucoup de plaisir à découvrir un casting anglais impeccable ! Je donne d'ailleurs une mention spéciale à Steve Evets, que j'ai découvert dans le rôle principal. Hormis notre Frenchie roi du ballon, il n'y a d'ailleurs pas de star dans ce film-là. Soyez tranquilles: je puis vous assurer que cela ne nuit en rien à la qualité de l'ensemble, bien au contraire.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire