Allez, en ce jeudi, un saut dans le passé: le film chroniqué aujourd'hui fête ses 60 ans cette année ! Surtout ne pas le confondre avec son homonyme français de 2002, avec la belle Géraldine Pailhas dans le rôle titre. L'héritière "version américaine" offre pour sa part un superbe rôle à Olivia de Havilland, dont j'avais entendu parler pour sa présence, dix ans plus tôt, dans Autant en emporte le vent. Cette fois, il n'est plus question de jouer la belle-soeur de Scarlett O'Hara, mais toutefois un personnage de la même époque, la moitié du 19ème siècle, une certaine Catherine Sloper. Pas vraiment jolie, assez timide, l'intéressée vit toujours auprès de son vieux père médecin et de sa tante maternelle. La maman, elle, est décédée avant même le début du film. Ce qui, à ce qu'il semble tout au long des premières scènes, pèse sur la vie de Catherine, jeune femme sans repère quant à la manière de se comporter en (haute) société.
Au départ, l'intrigue du film tient en quelques mots: Catherine est donc une espèce d'oie blanche incapable d'aimer et surtout d'être aimée. Bien qu'elle soit aussi assez objectivement un beau parti, aucun prétendant ne lui fait la cour ni ne la convoite en secret. Situation pathétique qui s'inverse subitement quand L'héritière croise la route d'un jeune homme plutôt séduisant, un dénommé Morris Townsend. Lequel l'entreprend franchement et lui dévoile presque tout aussi rapidement son amour. Un homme déterminé. Bien évidemment, on imagine la suite: Catherine le repousse, se sent pourtant attirée, un peu honteuse, puis déterminée elle aussi. Le problème, c'est qu'au milieu des tourtereaux, il y a un père, qui, lui, goûte peu l'empressement de celui qui veut devenir son gendre.
Deux paragraphes de résumé, c'est bien assez ! Je vous recommande vivement de découvrir la manière dont le scénario va se dénouer seuls, devant le film. Un indice: L'héritière est bien autre chose qu'un mélodrame classique. J'ai déjà mentionné le rebondissement originel: il sera suivi d'autres retournements marquants et c'est dans cette relative complexité de l'intrigue que le film trouve sa saveur. Très franchement, à visionner ce film dont je n'avais jamais entendu parler auparavant, je me suis purement et simplement ré-ga-lé ! Visuellement, d'abord: la facture me semble somme toute assez classique, presque théâtrale, pour tout dire, avec ces longues scènes en noir et blanc séparées par quelques fondus. Fortement marquée elle aussi, la musique joue à fond son rôle d'amplificateur d'émotions. Ne retenir que des aspects techniques serait déjà prendre bien du plaisir, mais je ne terminerai pas cette chronique avant d'avoir souligné la très belle réalisation de William Wyler, qui prouvera dix ans plus tard, en créant Ben Hur, que son génie avait plusieurs facettes. Et puis, il y a bien sûr l'excellence des acteurs, et notamment donc d'Olivia de Havilland, qui exprime à merveille l'ensemble des nuances de son personnage. Elle que les cinéphiles connaissent aussi par son combat contre la tyrannie des studios n'a, pour le coup, pas volé son Oscar de la meilleure actrice. En père tyrannique et en chevalier servant ambigu, le très shakespearien Ralph Richardson et Montgomery Clift sont eux aussi parfaits.
1 commentaire:
Taratata Mélanie !
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