Peut-être que je l'ai déjà dit, mais alors vous permettrez, j'espère, que je le répète: j'aime les contre-emplois. Sans en faire bien sûr l'unique moteur de ma passion cinéphile, avoir parfois l'opportunité de découvrir un réalisateur ou bien encore un acteur dans un registre qui ne lui est pas coutumier me fait toujours plaisir. Il y en a quelques-uns qui osent frayer toujours de nouveaux chemins, mais j'ose supposer qu'ils ne sont pas très nombreux. C'est bien pourquoi je respecte la démarche de ceux qui, après avoir conquis la gloire dans un domaine particulier, s'aventurent ailleurs, au risque assumé de décevoir le public de leurs fidèles. Et c'est dans cet état d'esprit, partant sur un a priori positif, que j'ai découvert Un monde à nous, un thriller avec Edouard Baer. Avouez que, d'emblée, on n'attend pas franchement le roi de l'impro comique dans un polar...
Un monde à nous suit les pas d'un père et de son jeune fils. Première scène dans une voiture qui roule de nuit, le père au volant, le fils endormi à ses côtés. On comprend assez vite que les deux fuient quelque chose, sans trop savoir quoi, et aussi que la maman qui devrait les unir n'est plus de ce monde, sans qu'on sache très bien pourquoi. Accident, semble-t-il, mais dont les circonstances restent relativement floues. Bref... les deux personnages principaux sont seuls, à deux. Ils sont en fait en chemin, en direction d'une maison de campagne, dont l'isolement leur servira de protection. Parce que, et c'est ce qu'on apprend assez vite également, le père se sent menacé et cherche donc à préserver le fils de tout ennui. Il a déjà donné, trop perdu pour perdre encore. Tout cela est assez nébuleux et s'éclaire doucement quand, petit à petit, le scénario se déroule...
Le fait est que, pour nous, spectateurs, le mobile de la fuite, l'idée qui pousse le père à s'inquiéter, reste très longtemps mystérieuse. C'est l'intérêt de ce film: que va-t-il arriver ? Cette "escapade forcée" du duo père-fils est-elle logique ? Compréhensible ? Et ferions-nous dès lors la même chose à la place du père ? Accepterions-nous alors cette situation aussi bien que le fils ? La réponse à ces questions multiples nécessite bien sûr de se projeter dans le film et de laisser la porte ouverte à différentes interprétations, sachant que ce n'est qu'à la fin de cette petite heure et demie de cinéma qu'on connaîtra le fin mot de l'histoire. Bien entendu, je ne le révélerai pas. Conseil d'ami au passage: ne surtout pas lire la jaquette du DVD, qui propose sans scrupule une référence, un indice plus qu'important aux habitués du septième art ! Un monde à nous mérite d'être vu d'un oeil vierge. Sans connaissance préalable du sujet. Bien joué, il ne restera pas dans ma mémoire comme une réussite totale, mais j'affirme qu'Edouard Baer est bon à contre-emploi, très crédible en tout cas. Même chose pour le jeune Anton Balekdjian, dans le rôle du fils. Cette première condition du plaisir est bien remplie: je vous laisse découvrir le reste, tout le reste. C'est ma foi assez... surprenant.
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