Le mois dernier, j'ai eu le grand privilège d'assister aux répétitions d'un opéra. Pouvant les suivre plusieurs jours d'affilée, je me suis rendu compte qu'un nombre important de corps de métiers participe à l'élaboration du spectacle. J'ai même pu parler avec deux personnes qui en avaient fait plusieurs: un ancien musicien devenu régisseur, ou encore un ex-machiniste désormais chargé de communication. Cela dit, je ne suis pas sûr qu'il soit si évident de passer d'un métier à l'autre dans le monde artistique. Au cinéma comme ailleurs, certains y arrivent tout de suite, d'autres jamais et d'autres encore progressivement, j'imagine. C'est ce à quoi j'ai songé peu après avoir vu Collision, un film signé Paul Haggis, que la jaquette du DVD présentait comme le scénariste de Million dollar baby, le chef d'oeuvre sur le monde de la boxe qu'avait réalisé Clint Eastwood.
Après coup, je me suis vite dit que Paul Haggis était certainement un bon scénariste, mais pas un bon réalisateur. C'est un peu sévère. La preuve: presque tout de suite après, j'ai relevé que l'intéressé signait avec Collision son premier film et qu'avant de le découvrir, j'avais déjà vu son second, Dans la vallée d'Elah, chroniqué ici même le 22 février. J'ai donc pris un peu de recul sur mon impression initiale. Et il m'est apparu évident que ce premier essai de travail derrière la caméra a tout de même quelques belles qualités. Signalons qu'il s'agit d'un film choral, avec de nombreux personnages aux destins dissociés et qui, pour les besoins du scénario, finissent inévitablement par se croiser. D'où le titre. Cette histoire est aussi celle de l'Amérique post-11 septembre, celle de ses communautés essayant plus ou moins bien de vivre ensemble. Une bonne façon d'appréhender, de comprendre, les Etats-Unis d'aujourd'hui.
S'il y a quelque chose dont je ne doute pas, c'est que Collision "parle" aux Américains. Moi, l'Européen convaincu, je suis quelque peu resté à côté, je dois dire. Encore une fois, le film n'est pas mauvais, loin de là. Il délivre un message intéressant, fait régulièrement réfléchir à ce qu'on aurait tendance à faire à la place des personnages, confie des rôles assez forts à un casting plutôt bien choisi, offre également de belles images... bref, beaucoup de ce qu'on est en droit d'attendre du cinéma. Ce qui coince ? Je ne sais pas bien l'expliquer. Peut-être que, devant ces destins croisés, je me suis senti un peu... étranger, au sens propre comme au sens figuré. Je n'ai pas réussi à me dire que ce kaléidoscope de situations pouvait vraiment me concerner. D'ailleurs, pour moi, sur cette perspective, Dans la vallée d'Elah est bien meilleur. Après avoir éteint l'écran télé, j'ai donc rangé le DVD avec une petite pointe de déception. J'attendais un peu mieux. Maintenant, je reconnais aussi que tout n'a pas été négatif. Je dirai même que Paul Haggis est sûrement un réalisateur à suivre. J'attends désormais son troisième film pour mieux le cerner.
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