mercredi 27 novembre 2024

Une forêt à défendre

J'avoue: je ne sais pas exactement où nous en sommes aujourd'hui. Je me souviens cependant de campagnes contre le groupe Ferrero pour l'utilisation de l'huile de palme dans son produit-phare: le Nutella. Une huile végétale qu'on peut extraire des fruits d'arbres indonésiens ou malaisiens, plantés en lieu et place de la forêt primaire. Une folie !

Huit ans après le triomphe public et critique de Ma vie de Courgette au Festival d'Annecy, le réalisateur suisse Claude Barras nous conduit sous les tropiques, à Bornéo. Là-bas, la production de l'huile de palme représente clairement une menace pour plusieurs espèces végétales et animales: l'orang-outang, l'éléphant pygmée et le tigre de Sumatra. Notez qu'elle en constitue également une pour les Penans, le peuple local. C'est ce que montre ce nouveau film: Sauvages. Le scénario s'articule autour du personnage de Kéria, une petite fille qui a adopté un bébé singe dont la mère a été tuée par des ouvriers de la forêt. Citadine, elle rencontrera bientôt son cousin, Selaï, et sa famille toujours installée au coeur même de la nature - bien qu'aussi équipée avec quelques-unes des technologies dites modernes, téléphones portables ou panneaux solaires, par exemple. Accessible aux gosses dès 8-10 ans, cette histoire s'adresse aussi aux plus grands. Oui, oui !

"Nous n'héritons pas de la Terre. Nous l'empruntons à nos enfants". Rappelée en ouverture du long-métrage, la célèbre maxime écologiste illustre parfaitement son propos. Si on adhère aux idées développées dans ce joli film, on passera à l'évidence un bon, un très bon moment. Je ne rejoindrai pas aujourd'hui le camp de ceux qui jugent Sauvages comme un pamphlet manichéen, bons d'un côté, méchants de l'autre. Engagé, assurément, il ne semble pas pour autant trop caricatural. Claude Barras explique qu'il souhaite encourager le passage à l'acte des personnes sensibles à la cause et assure qu'il est possible d'opter pour une consommation "responsable, plus locale et plus sobre". D'après lui, "c'est là que réside l'acte politique le plus efficace". Didactique, il donne quelques clés pour avancer, sans prêchi-prêcha. Petite perle sur le plan technique, cette agréable "leçon de choses" brille aussi par des choix sonores et musicaux d'une efficacité certaine. Avec également des surprises du côté voix: Laëtitia Dosch ou Benoît Poelvoorde, notamment. Un bon plan pour TOUTE la famille.

Sauvages
Film suisse de Claude Barras (2024)

J'ai déjà cité l'admirable Ma vie de Courgette comme une référence importante du cinéma d'animation francophone (sur un autre sujet). Pour renouer avec la nature, je reverrai Princesse Mononoké, le chef d'oeuvre du grand maître japonais Hayao Miyazaki. Une émotion d'intensité comparable pourrait vous traverser devant Le peuple loup ou Le jour des corneilles. Et je reste à l'écoute de vos suggestions...

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Vous voulez en savoir plus ?
Le film s'accompagne d'un site Internet pédagogique très complet. Bilingue français-anglais, il devrait aussi être disponible en allemand.

Et vous voulez lire un autre avis ?
Cela tombe bien: celui de Pascale était disponible bien avant le mien !

4 commentaires:

Pascale a dit…

Je me suis hélas rangée du côté de ceux qui trouvent le film manichéen dans le sens où les vilains sont armés jusqu'aux dents et vêtus comme des militaires...
En dehors de ça, j'ai vraiment une fois de plus adoré les petites marionnettes attachantes de Claude Barras et son beau message écolo. La voix de Benoît Poelvoorde fait merveille ici et j'étais ravie d'entendre celle bien chaloupée de mon cher Gaël Faye.

Martin a dit…

Oui, tu as raison : les vilains sont armés et habillés en militaires. Est-ce manichéen ? Peut-être. Disons pour être juste que j'ai trouvé le propos pertinent, en tout cas.

Du côté des voix, c'est du très bon boulot. Tu connais mieux Gaël Faye que moi, mais je vais sans doute lire un de ces bouquins. Je l'ai trouvé très intelligent et posé dans une interview récente.

Pascale a dit…

Je ne pense pas que les personnes qui travaillent sur les chantiers soient des paramilitaires. Mais le message est fort.

Alors Gaël Faye est un être de lumière. Son premier roman Petit pays était excellent et bouleversant. Pour le second, Jacaranda je trouve qu'il est vraiment passé dans la cour des grands. On peut lire le second sans avoir lu le premier. Je recommande. Impossible de ne pas aimer et tourner les pages sans s'arrêter. Je l'ai dévoré en deux soirées.

Martin a dit…

C'est noté pour Gaël Faye. Je pense que je commencerai par "Petit pays".
Quand ? Ça, je ne le sais pas...