samedi 21 octobre 2023

L'amour pour sauveur ?

En m'asseyant dans la salle de cinéma pour découvrir le nouveau film d'Aki Kaurismäki, j'avais l'impression de rendre visite à un vieil ami. Le cinéaste finlandais, couronné d'un Prix du jury au dernier Festival de Cannes, est resté fidèle à lui-même. Les feuilles mortes, bel opus mélancolique, laisse toutefois filtrer un soupçon d'espoir. Ouf, merci !

Ansa, quadra et célibataire, travaille dans un supermarché d'Helsinki. Un vigile la voit s'emparer de quelques produits alimentaires périmés. Elle est alors licenciée, tout comme Holappa perd son boulot d'ouvrier après avoir été surpris à boire de l'alcool sur son lieu de travail. Comme très souvent avec Aki Kaurismäki, les héros du long-métrage viennent du milieu populaire et n'ont rien à faire, sinon survivre. L'amour pourra-t-il les sauver ? C'est ma foi possible. Dans son style caractéristique et admirable, le réalisateur nous le dit clairement. Rien n'est simple, cependant: Holappa perd le numéro de téléphone qu'Ansa lui a confié et, ignorant de son nom, peine à la retrouver. D'où un récit pathétique, mais également parsemé de petites touches d'humour à froid, ce à quoi je suis sensible. Une forme de politesse...

Les feuilles mortes
, une chanson qui nous ressemble ? Je le crois. L'important est donc de garder les yeux grand ouverts en l'écoutant. J'aime décidément beaucoup ces plans presque totalement immobiles. J'aime aussi la manière dont ils sont éclairés, cette fameuse lumière crue qui, sortie des projecteurs, n'écarte pas tout à fait les ombres. J'aime enfin les couleurs... et il y en a beaucoup dans le cinéma désenchanté d'Aki Kaurismäki. Un cinéma qui paraît assez intemporel tout en étant très ancré dans le présent (grâce à la radio, cette fois). Pas question pour autant d'oublier les classiques: en une heure vingt seulement, le film prend le temps de citer quelques titres importants du septième art international - je vous laisserai découvrir comment. Si ces clins d'oeil s'adressent plutôt aux cinéphiles, le public "profane" ne doit pas se détourner: tout ici est vraiment fluide et accessible. J'espère donc que ce beau travail aura la reconnaissance qu'il mérite. Cela me semble déjà le cas auprès de la critique pro, à tout le moins. Mais je trouverais très regrettable qu'elle reste la seule à l'apprécier !

Les feuilles mortes
Film finlandais d'Aki Kaurismäki (2023)

On a dit qu'il y a une quinzaine d'années, alors déprimé, le cinéaste envisageait d'arrêter le cinéma ! Il en est désormais à 21 films. Chacun des huit que je connais pour le moment est une petite perle. Vous voulez rire ? Voyez Leningrad Cowboys go America en priorité. Sinon, L'homme sans passé et Les lumières du faubourg, parfaits. Et il y a L'autre côté de l'espoir, Au loin s'en vont les nuages, etc...
 
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Pour en revenir au film du jour...

Je vous conseille d'aller lire aussi les avis de Pascale, Dasola et Strum.

12 commentaires:

dasola a dit…

Bonjour Martin K, je suis contente que le film t'ai plu. C'est simple, c'est beau. J'adore. Le film est heureusement encore à l'affiche. Bon dimanche.

Pascale a dit…

C'est quand même un cinéma "difficile" d'accès je trouve. Même si l'amour sauvera peut-être ces deux là, l'avenir reste sombre.
J'aime aussi cet humour un peu désabusé voire involontaire et ces personnages lunaires. Et les intermèdes musicaux sont savoureux.

n'ont pas rien à faire,

Martin a dit…

@Dasola:

Salut ! Moi aussi, je suis content que le film m'ait plu !
C'était mon huitième Kaurismäki, en fait, et le réalisateur finlandais ne m'a jamais déçu.

Martin a dit…

@Pascale:

Coquille corrigée, je te remercie !

D'accord avec toi pour dire que ce n'est pas un cinéma si facile d'accès au premier abord. Je dirais qu'il faut "passer un cap". Mais l'humanisme qui en émane récompense cette hardiesse. Et avec la musique rock made in Helsinki, c'est encore mieux !

Tu as aimé, toi aussi ? J'ai passé quelques jours à écouter la chanson de la deuxième photo en boucle.

Pascale a dit…

Oui j'adore les intermèdes musicaux dans chaque film mais je n'ai pas réécouté celle, très sombre, de la photo. Je vais chercher.
Dans ce cas, ce serait sympa de mettre un lien pour partager, égoïste.

Martin a dit…

C'est demandé si gentiment que...
https://www.youtube.com/watch?v=XgzKpRbvmww

Pascale a dit…

Oui c'est vrai c'est demandé gentiment, je trouve aussi 😂
A l'avenir, merci de mettre le lien dans le corps de la note, ça m'évitera de réclamer (gentiment) car tu sais que remplir la fiche de police à chaque commentaire me prend du temps.

Martin a dit…

Je tâcherai de m'en souvenir. Je suis de toute façon largement perfectible...

Anonyme a dit…

Hello Martin. J'avais raté cet article. Rien à rajouter, on est d'accord. Et cette concision, bon sang, cette concision. A l'heure où même la comédie la plus banale dépasse souvent deux heures.A bientôt.

Eeguab a dit…

Pardon. Je suis Anonyme. 🙁

Martin a dit…

@ "Anonyme" :

Merci d'être venu me (re)lire: ça fait toujours plaisir.
Nous sommes d'accord en tous points et cela me réjouit pleinement.

Au plaisir d'un autre film vu et aimé en commun, l'ami !

Martin a dit…

@ Eeguab:

Je t'avais reconnu !
Enfin, oui, je pense pouvoir dire ça...

Ce genre de "bugs" arrive quand on oublie de renseigner ses coordonnées.
J'ai cru comprendre que cela pouvait s'avérer fastidieux pour certains de mes lecteurs.