jeudi 17 décembre 2020

Illusions amoureuses

Qui est Asako ? Une jeune femme effacée qui travaille dans un café. Le hasard lui permet de rencontrer Baku, un garçon brun et ténébreux dont elle tombe intensément amoureuse. Un matin, le bel Apollon disparaît et la malheureuse est si triste qu'elle refait sa vie ailleurs. Jusqu'au jour où elle rencontre Ryohei, parfait sosie de l'ex évanoui...

Le titre Asako I & II m'avait laissé imaginer un film en deux parties distinctes. Et donc ? C'est (un peu) plus complexe que cela, en réalité. Entre le début du récit et sa conclusion, l'héroïne évolue, mais je crois qu'il y a ici bien davantage à observer qu'un avant et un après. Concrètement, la complète évacuation du premier des personnages masculins survient très rapidement et, à partir de là, c'est un portrait de femme que le scénario dessine. Il en dit long aussi sur la société nipponne, marquée par une grande âpreté des rapports humains. Entre adultes du sexe opposé, les lourdes conventions et les non-dits s'avèrent très souvent ravageurs, a fortiori pour l'introvertie Asako...

Le trouble que procure ce long-métrage est d'autant plus profond qu'un seul et même acteur interprète les rôles de Baku et Ryohei. Celui d'Asako est plus "ordinaire", mais je vous dis cela sans remettre en cause les qualités d'interprétation de la comédienne. Un élément pourrait vous dérouter, cependant: la timidité de son personnage occupe un tel espace qu'on peut la considérer mollassonne, parfois. Vous verrez qu'à l'inverse, elle peut également être très déterminée ! Les critiques professionnels ont rivalisé d'éloges pour rendre compte d'un film jugé sensible et délicat, d'une profonde humanité (je cite). Moi, j'ai vu de belles choses, mais il m'a manqué un je-ne-sais-quoi pour m'emballer vraiment. Une mention spéciale pour une séquence de tremblement de terre, que j'ai interprétée comme une métaphore des tourments des protagonistes. Le film n'a toutefois pas cette aura fantastique que j'aime dans un certain cinéma japonais. Dommage...

Asako I & II
Film japonais de Ryusuke Hamaguchi (2018)

J'espérais - un peu - mieux d'un réalisateur méconnu, mais sorti du lot des anonymes avec ce long-métrage. Pour autant, je n'ai pas renoncé à découvrir sa fresque, Senses, cinq grosses heures de cinéma découpées en cinq épisodes. Pour la sensibilité, je vous renvoie aussi vers mon cinéaste japonais préféré: Hirokazu Kore-eda (voir index). Un autre parallèle à envisager: Vers l'autre rive de Kiyoshi Kurosawa.

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Le film s'est taillé une jolie réputation sur la toile...

Vous le retrouverez (notamment) chez Pascale, Dasola, Strum et Lui.

4 commentaires:

Pascale a dit…

Je n'en garde pas grand chose au fil du temps mais j'avais aimé et comme toi j'avais trouvé l'actrice un peu molle.

Strum a dit…

J'avais bien aimé ce film sensible intrigant, où l'on ressent une sort de flottement, mais je pense comme toi qu'il lui manque un petit quelque chose pour dépasser ce flottement. Merci pour le lien Martin !

Martin a dit…

@Pascale:

Oui, c'est un film un peu évanescent. Agréable à regarder, vraiment touchant par moments, mais qui ne me laissera pas de longs souvenirs, je suppose.

Cela dit, j'ajoute volontiers le nom de Hamaguchi à la liste des cinéastes japonais à suivre.

Martin a dit…

@Strum:

Oui, c'est ça: le film est un peu trop flottant.
Mais je verrais volontiers "Senses" pour aller plus loin avec ce cinéaste.