samedi 2 mai 2020

Sans issue

Le fait est avéré: le triomphe de Parasite (Bong Joon-ho) à Cannes l'année dernière ET aux Oscars début février a ramené les projecteurs sur la vigueur et l'originalité du cinéma coréen. Une autre nationalité moins "exotique" aurait ainsi pu me faire à passer à côté de Tunnel. C'est d'emblée confiant en son potentiel que j'ai choisi de le regarder !

Travailleur acharné, Lee Jeong-soo rentre chez lui pour l'anniversaire de sa fille. En cours de route, il échange encore plusieurs appels téléphoniques, avec notamment un gros client et son chef de service. Soudain, c'est alors qu'il est engagé dans un tunnel que le drame survient: l'ouvrage s'écroule et il se retrouve coincé à l'intérieur ! Heureusement, après quelques contorsions tout de même, il parvient à se servir de son portable pour donner l'alerte et appeler au secours. La suite ? Elle se déroule presque exclusivement à huis clos. J'avoue que je m'attendais à quelque chose de plus angoissant. Le récit s'avère plutôt linéaire, sans grande surprise, et c'est bien dommage...

Au final, je ne regrette pas mon choix, mais j'en attendais mieux. Tunnel a construit une part de sa (bonne) réputation sur sa capacité à mélanger les genres avec efficacité. C'est en réalité moins flagrant que dans d'autres films coréens que j'ai pu voir, chez Bong Joon-ho, déjà cité, ou encore chez Park Chan-wook, entre autres exemples. Ici, tout ce qui se passe à l'air libre est une illustration assez banale de l'inquiétude d'une épouse pour son mari et de l'inefficacité relative de certaines procédures d'intervention post-catastrophe. J'imaginais qu'on allait alors s'écarter des faits pour examiner leurs répercussions sur un système corrompu et individualiste: ce sous-thème possible n'est malheureusement qu'à peine traité. Tel quel, le long-métrage reste tout à fait regardable, grâce également à une mise en scène soignée dans un cadre confiné. L'histoire, elle, s'inspire d'un roman. La force de l'image titillera l'esprit curieux... des non-claustrophobes !

Tunnel
Film sud-coréen de Kim Seong-hun (2016)
Après s'être fait connaître avec Hard day, comédie sur une pente macabre, le réalisateur signe ici un film honorable, bien qu'inabouti. Je m'attendais à ressentir plus de tensions... sans aller toutefois jusqu'à des extrémités appréciées dans Dernier train pour Busan. Aucun regret: je suis un peu frustré, mais je n'ai rien vu de mauvais. La production coréenne vaut le détour: cf. l'index "Cinéma du monde".

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Avant de conclure, quelques mots du cinéaste...
Un postulat: "Le public coréen est habitué aux superproductions locales". Une conséquence: "Il faut donc le surprendre constamment pour montrer à quel point notre pays a besoin de changement". D'après Kim Seong-hun, les vrais super-héros se trouvent parmi nous. Et à ses yeux, cette morale trouvera facilement à s'appliquer partout !

Et pour finir vraiment, mes habituels liens amis...
Le film est aussi chroniqué chez Pascale, Dasola, Princécranoir et Lui.

2 commentaires:

Pascale a dit…

Ah moi j'ai été embarquée. J'ai trouvé ça très flippant et bien interprété.
Et le fait que tout le monde se désintéresse ce "cas" très relayé par les media dans un premier temps est vraiment symptomatique de notre époque. Au-delà de quelques jours l'intérêt baisse alors que le gars reste enfermé avec son gâteau -moche- et ses 50 cl d'eau.
Je crois que voir les films sur grand écran leur donne une autre dimension (dans tous les sens du terme).

Martin a dit…

En fait, j'aurais vraiment aimé qu'on voit plus de scènes extérieures.
Mais je te rejoins clairement sur un point: avec un grand écran, ça doit envoyer du lourd !