lundi 25 mai 2020

Faute de Palme...

J'aurais vraiment aimé aujourd'hui vous parler du Festival de Cannes. Ce week-end, la liste des Palmes d'or devait s'allonger d'une unité supplémentaire, ce qui m'aurait offert l'occasion d'un bilan personnel. Tant pis... ce sera pour une autre fois, pas trop tardive, j'espère. Compensation: je reviens sur des Grands Prix du jury que j'ai pu voir.

D'abord, un petit rappel: si la première édition du Festival de Cannes était programmée en 1939, le Grand Prix du jury, lui, n'est décerné que depuis 1967. Il a eu d'autres noms et, au départ, était censé récompenser un film "grand public", là où la Palme d'or était conçue pour honorer une oeuvre "art et essai". Ce distinguo a fait long feu. Désormais, on parle du Grand Prix du jury comme le trophée attribué au deuxième meilleur film de la sélection, presque aussi prestigieux. Plutôt que trop en dire, je me suis penché sur la liste des titres. Depuis 2000, il se trouve que j'en ai vu dix: ça m'a paru un chiffre intéressant pour en parler. Les voici donc réunis en images et liens...

2018 / BlacKkKlansman / Spike Lee (États-Unis)
J'ai dit et je répète qu'avec un suprémaciste blanc à la tête de l'État américain, un tel pamphlet est salutaire. La chose la plus incroyable reste encore qu'il parvienne... à nous faire rire. La classe in-té-grale !

2017 / 120 battements par minute / Robin Campillo (France)
Le coronavirus nous aura-t-il fait oublier le Sida ? J'espère que non. Avec un peu de recul, je me souviens de ce long-métrage (césarisé) comme d'un uppercut. Du genre de ceux qui font du bien, en réalité...

2013 / Inside Llewin Davis / Ethan et Joel Coen (États-Unis)
Oui, je sais: j'en ai également parlé dans une autre de mes listes récentes. Franchement, il le mérite: c'est l'un des meilleurs films musicaux que je connais. Avec des frangins au sommet de leur talent.

2011 / Le gamin au vélo / Jean-Pierre et Luc Dardenne (Belgique)
Autres frères, autre ambiance, autre genre... mais la réputation plombante des cinéastes belges n'a pas lieu d'être, cette fois. Le film reste clairement social, oui, mais, de fait, il est tout aussi lumineux !

2010 / Des hommes et des dieux / Xavier Beauvois (France)
Le drame des moines de Tibhirine, traité avec une parfaite sobriété. Je ne crois pas ce long-métrage réservé aux seuls croyants: il parle d'humanité, plutôt que de religion. Et il est beau, tout simplement...

2008 / Gomorra / Matteo Garrone (Italie)
Digne d'un documentaire, un coup de poing qui casse l'image glamour de la mafia napolitaine. Une polémique est née sur les conditions réelles de tournage, mais le message demeure d'une rare puissance...

2007 / La forêt de Mogari / Naomi Kawase (Japon)
À l'image du protagoniste principal, le film ne se laisse pas approcher facilement. Je vous dirais en fait qu'il faut juste lui laisser le temps. Sur le thème universel du grand âge, il s'avère profond... et touchant.

2005 / Broken flowers / Jim Jarmusch (États-Unis)
L'un des plus grands malentendus du palmarès cannois, à mes yeux. Souvent présenté comme une comédie, il s'agit au contraire d'un film résolument mélancolique. Ce qui n'empêche pas Bill Murray d'y briller !

2004 / Old boy / Park Chan-wook (Corée du Sud)
Ce n'est pas mon préféré du réalisateur, mais c'est celui qui l'a révélé dans le monde occidental, je crois. Il serait mieux que je le revoie avant d'en dire des choses fausses. Sur le plan formel, c'est costaud...

2002 / L'homme sans passé / Aki Kaurismäki (Finlande)
Le personnage principal est amnésique... et j'ai oublié ce dont le film traite, au fond. Qu'à cela ne tienne: la confiance (presque) aveugle que j'accorde au réalisateur joue en sa faveur ! Nous en reparlerons...

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Une précision...
Le garçon planqué derrière son beau diplôme en tête de chronique s'appelle Xavier Dolan. Québécois, il a décroché le Grand Prix en 2016 pour Juste la fin du monde. C'est un film que je n'ai pas encore vu...

Et une petite réflexion pour finir...
Je suis un peu nostalgique: le Festival de Cannes et cette ouverture internationale dont il témoigne pour le cinéma me manquent un peu. Grands Prix du jury ou pas, j'espère avoir encore bien d'autres films de qualité à vous présenter ces prochains temps. Une quête infinie. Même sans Cannes, je ne l'oublie pas et m'y remets donc dès demain !

10 commentaires:

cc rider a dit…


Une pensée particulière pour le grand prix 71 « Johnny got his gun «  de Dalton Trumbo, adapté de son propre roman , sorti en pleine guerre du Vietnam, et qui reste encore aujourd'hui un must des films antimilitaristes.

Martin a dit…

Je n'ai pas vu, celui-là, mais c'est un film dont j'ai souvent entendu parler (par vous aussi, sans doute). J'aimerais le voir et je me dis que ce serait bien d'en tirer une chronique pour un 11 novembre.

Bref... un jour d'automne, peut-être, sur les Bobines...

Pascale a dit…

Je suis d'accord avec tout ce que tu dis de la grande qualité des films que tu cites jusqu'à la Forêt que je n'ai pas vu, Broken flowers qui ne me laisse pas un souvenir impérissable malgré Bill et qui effectivement (et toujours malgré Bill) n'est pas une comédie. Quant au Kaurismaki, il m'a laissée amnésique aussi.
Cannes ne me manque absolument pas même si chaque année je suis devant mon poste pour le Palmarès et que j'attends impatiemment les films primés.

Johnny got his gun est film qui fout KO.

Martin a dit…

Cannes me manque simplement pour la porte ouverte que le Festival représente pour bon nombre de films étrangers. J'imagine qu'en l'absence de ce rendez-vous printanier, les salles françaises auront moins de films orignaux à présenter cette année. Bref...

Ravi que l'on se retrouve sur autant de films ! Je ne sais pas si "La forêt de Mogari" te plairait. Est-ce que tu as déjà un avis sur Naomi Kawase ? Cette réalisatrice ne fait pas l'unanimité et d'aucuns disent qu'elle ne tient jamais vraiment ses promesses. Moi, j'aime bien. Et puis, une femme cinéaste au Japon, ce n'est pas si fréquent...

Comme je le disais à CC, il faut que je voie "Johnny got his gun". Mais ce n'est pas pour tout de suite...

Pascale a dit…

Je crois n'avoir vu que Still the water mais ça me surprend...

Martin a dit…

Qu'est-ce qui te surprend, au juste ? Tu as le sentiment d'oublier quelque chose ?
Il y a peut-être d'autres films que tu as vu sans en parler sur ton blog. "Les délices de Tokyo" ?

Pascale a dit…

Ça me surprend de n'en avoir vu qu'un.

Non je ne l'ai pas vu.

Martin a dit…

OK. Moi, je n'ai vu que "La forêt de Mogari" et "Still the water".
Parmi ceux dont j'ai entendu parler, "Shara" est celui qui m'attire le plus.

Et, pour ce qui est des Grands Prix du jury, j'aimerais rattraper le dernier: "Atlantique".

tinalakiller a dit…

J'aime beaucoup Juste la fin du Monde de Dolan et curieuse de lire la pièce, annoncée désormais dans les programmes de français au lycée ! J'aime également 120 BPM et Des Hommes et des Dieux. J'ai revu Gomorra, toujours un choc, un film incroyable (dommage que la carrière de Garrone déçoive de film en film).
Le film de Spike Lee (que j'aime également beaucoup) tombe, hélas, à pic...
Sur le moment, j'avais bien aimé Inside Llewyn Davis et Le Gamin au vélo, mais j'avoue que je ne m'en rappelle plus très bien. Il faudrait aussi que je revoie Broken Flowers même si j'en garde également un beau souvenir de ce film.
Je compte aussi rattraper Atlantique, très intriguée !
Sans surprise, de la liste, Old Boy reste mon chouchou, même ma Palme d'or !

Martin a dit…

Hé Tina ! Content de te lire ! Je vois que tu as vu la plupart de ces films, à l'exception du Kaurismäki et du Kawase. Un problème avec la lettre K ?

L'année de "Old boy", c'est sans doute un choix politique qui a contribué à ce que la Palme d'or soit attribué à "Fahrenheit 9/11". Michael Moore serait un choix de réalisateur intéressant pour en faire une mise à jour avec Donald Trump dans le rôle du président: ça tomberait aussi à pic que le Spike Lee, tu as raison !

D'ici là, je vais donc essayer de rattraper "Atlantique", apparemment disponible sur les plateformes confinées.