lundi 25 septembre 2017

Un monde sans pitié

Les films nous inspirent des pressentiments plus ou moins favorables. Quand j'ai choisi de regarder The major, je me suis dit par avance que je n'allais pas rigoler. Cela s'est confirmé ensuite, avec la mort accidentelle d'un enfant dans les cinq premières minutes. Le metteur en scène l'a heureusement laissée hors-champ, mais tout de même...

Dans The major, donc, un flic pressé sur la route percute un gosse imprudent et le tue sur le coup. Face à ce drame effroyable, il laisse ses collègues agir, lesquels montent rapidement un plan pour reporter la faute sur la mère, très vite accusée d'avoir manqué de vigilance. Face à cette injustice flagrante, notre bon ami le pseudo-policier respectable sera bien saisi de remords, mais il sera trop tard alors pour faire valoir la sinistre vérité. Bref... tourné dans des décors enneigés, le long-métrage nous expose froidement les mécanismes quasi-criminels d'une administration corrompue. Toute ressemblance avec les réalités actuelles de la Russie n'est pas forcément fortuite...

Un mot sur ce point précis: le film est bien russe, mais le drapeau qu'il porte n'est pas un étendard. Je veux dire que le récit ne donne jamais de lieu ou de date pour nous encourager à poser le contexte politique contemporain sur les images. Choix intelligent, je trouve. Clairement, ce qui nous est montré pourrait se passer ailleurs, hier, aujourd'hui ou demain... et ce n'est pas très important de situer l'intrigue. Le scénario est bien assez édifiant dans cette imprécision ! Tout au plus pourra-t-on regretter une certaine prévisibilité: je dois dire cependant que, sans parler de rebondissements, la narration nous offre quelques montées de tension franchement efficaces. Quand on a l'habitude des thrillers venus d'Amérique, le changement de cadre apporte aussi un regain d'intérêt. Je ne vous prétendrais pas que The major est meilleur qu'une palanquée d'autres films du genre vus jusqu'à aujourd'hui. Je dis juste qu'il peut valoir un petit détour...

The major
Film russe de Yuri Bykov (2013)

Présenté à Cannes, lors de la Semaine de la critique, le long-métrage précède L'idiot !, déjà évoqué sur ce blog. Il ne serait pas indécent d'affirmer que Yuri Bykov s'implique dans son travail: non content d'être ici réalisateur, scénariste, monteur et auteur de la bande originale, il tient également un second rôle tout à fait important ! Après, on peut aussi préférer Andreï Zviaguintsev et son Léviathan...

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