dimanche 17 septembre 2017

Seul

Je m'efforce d'utiliser le mot "héros" avec grande circonspection. Souvent, comme je le fais aujourd'hui, je l'entoure de guillemets prudents pour en atténuer la portée. Je note que les distributeurs français d'Elser, un héros ordinaire, eux, ne se sont pas retenus. Après tout, comme je vais vous l'expliquer, je peux les comprendre...

Sur l'affiche allemande du film, Georg Elser est désigné comme celui qui aurait pu changer le monde ! Aviez-vous déjà entendu son nom ? Comme le film, Wikipédia vous dit l'essentiel: cet homme ordinaire aura été, en 1939, la tête pensante et l'unique exécutant d'un attentat contre Adolf Hitler. Un conseil d'ami: pour apprécier le long-métrage qui lui est consacré, le mieux est d'en savoir le moins possible avant. Attention toutefois: cette leçon d'histoire est vraiment éprouvante. Intelligemment construit, le scénario du film ne nous épargne pas grand-chose des sévices que les Nazis ont infligés à leur "adversaire". Il vaut donc mieux être dans un bon jour pour encaisser ces images...

Cela étant dit, et c'est ce qui le rend intéressant, Elser, un héros ordinaire donne à voir bien autre chose que des séances de torture. Non content de montrer comment tout un pays peut basculer soudain vers le chaos absolu, il décrypte aussi quelques-uns des mécanismes intimes qui poussent un homme à commettre un acte irréparable contre la vie d'un autre. Simple constat: Elser n'a rien d'un fanatique. Vaguement entouré d'amis communistes, c'est un homme peu engagé dans l'action militante, qui pressent toutefois que d'autres voudraient que les choses changent. Ce n'est que petit à petit, en constatant chaque jour ce que nous appellerions des injustices, que cet homme va décider d'agir. Cinématographiquement parlant, cela donne un film au montage alterné, nourri de flashbacks nombreux... et édifiants ! L'académisme de l'ensemble est réel, mais je ne crois pas qu'il altère la portée de ce film-témoignage. Une bonne référence sur son sujet...

Elser, un héros ordinaire
Film allemand d'Oliver Hirschbiegel (2015)

Les films qui parlent de la résistance allemande sont plutôt rares. Dans la lignée historique, j'avais apprécié Le labyrinthe du silence. Je crois qu'il est toujours préférable de regarder les faits en face ! Pour cela, je crois qu'Oliver Hirschbiegel est un cinéaste intéressant. Je l'avais découvert avec La chute, un long-métrage (polémique) consacré aux derniers jours d'Adolf Hitler. J'en reparlerai sûrement... 

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Le film d'aujourd'hui mérite une audience plus large...

Avant de le voir, vous pourrez lire aussi les avis de Pascale et Dasola.

6 commentaires:

Pascale a dit…

C'est par le cinéma que j'apprends le plus je trouve. Ensuite, j'essaie de me documenter pour tenter de connaître la part fictionnelle et la part réelle.
Le film pêche aussi par le choix de l'acteur mou et pas charismatique.
L'homme, malgré son échec, on ne peut que le saleur bien bas.

Martin a dit…

C'est vrai que l'acteur ne déploie pas un charisme ébouriffant.
Mais, justement, je trouve que c'est plutôt adapté au personnage, à quelques exceptions près.

Généralement, moi aussi, j'essaye de me documenter sur les faits réels APRÈS avoir vu tel ou tel film "historique". Cela me permet très souvent de nourrir les arguments de mes chroniques.

dasola a dit…

Bonjour Martin, c'est grâce au cinéma et à ce film que j'ai appris l'existence de Georg Elser. C'est bien que cela soit un film allemand. Cela lui donne un peu plus d'authenticité. Merci pour le lien. Bonne après-midi.

Martin a dit…

Je suis tout à fait d'accord avec toi, Dasola: entre les mains d'un réalisateur non-allemand, le film n'aurait pas eu le même impact. Je dirai donc que tout est pour le mieux.

Pascale a dit…

Le saleur bien bas = le saluer bien bas :-)
Je devais avoir les jambes croisées. N'accusons pas le coréen.

Martin a dit…

Je n'accuse personne.
Mais bon, le Coréen aurait pu te corriger, pour une fois...