lundi 3 juillet 2017

Chérif sans étoile

Ce n'est pas systématique, mais il m'arrive de chercher quelques infos avant de rédiger une chronique de film. Je trouve parfois des détails intéressants ou de savoureuses anecdotes. Une telle recherche menée sur Qui vive m'a appris que sa jeune réalistrice-scénariste avait mis cinq ans pour l'écrire... avant de le tourner en 25 jours chrono. Bigre !

C'est sans moquerie aucune que j'en parlerai comme d'un "petit" film. Oui, je l'ai trouvé modeste, aussi bien d'ailleurs dans ses enjeux narratifs que dans sa réalisation, mais c'est une véritable qualité. L'histoire ? C'est celle de Chérif, vigile dans une galerie marchande qui espère, un jour prochain, réussir le concours d'infirmier. Un mec simple, en somme, qui mène sa vie tranquillement, sans embrouille. Deux éléments vont surgir pour bousculer cette routine: sa rencontre avec Jenny, une jolie éducatrice passionnée de vidéo, et le retour inattendu de Dedah, un vieil ami qui avait quitté le quartier. Inutile que j'en dise davantage: le mieux est que vous découvriez cela vous-mêmes, si toutefois ce pitch vous a intéressé. Moi, c'est d'abord par son duo d'acteurs vedettes que Qui vive a su titiller mes envies...

Reda Kateb est en effet un jeune comédien français que je suis certes de loin en loin, mais avec un plaisir tout à fait constant jusqu'alors. Beaucoup de choses ont été dites sur sa gueule et sa voix: il dégage effectivement un charisme indiscutable, et ce sans effort apparent. Adèle Exarchopoulos, elle, évolue dans un autre registre, sa beauté complétant idéalement un naturel à toute épreuve, très prometteur et, à mon avis, vraiment remarquable pour une femme de 23 ans. Maintenant, attention: Qui vive se centre surtout sur son personnage masculin. C'est d'ailleurs bel et bien le seul (mini-)reproche que j'ose lui faire: il sacrifie un peu les protagonistes secondaires. Il faut dire qu'il dure moins d'une heure et demie: impossible de tout développer. L'avantage, c'est qu'on évite les fioritures inutiles. Moi, ça m'va bien !

Qui vive
Film français de Marianne Tardieu (2014)

Un petit film, donc, mais qui mérite le détour pour ceux qui aiment les histoires simples... et les deux acteurs que j'ai mentionnés, donc. Dans un genre similaire, j'avais plutôt apprécié Alyah, également. Sans doute le cinéma français a-t-il mieux à offrir, mais j'aime l'idée qu'il permette fréquemment l'éclosion de jeunes talents, que ce soit devant ou derrière la caméra. Je continuerai à les suivre d'assez près.

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Je termine, classiquement, avec des liens amis...

Sentinelle est la première à m'avoir intéressé au film, il me semble. Ce qui ne veut pas dire qu'il faut que vous négligiez l'avis de Pascale !

10 commentaires:

Véronique Hottat a dit…

Je suis contente que tu aies aimé ce film, certes pas ébouriffant et avec ses faiblesses, mais peu importe, il m'a séduite et c'est ce qui compte avant tout pour moi. Et c'était la première fois que je voyais l'acteur Reda Kateb. J'ai vite compris pourquoi j'avais lu autant d'éloges à son sujet, et il a bien progressé depuis. Je parlais dans mon billet de sa justesse, de sa sensibilité, de son intériorité et de sa densité en tant qu'acteur, qui faisaient qu'il pouvait devenir en quelques années une des valeurs sûres du cinéma français. Je crois qu'il l'est devenu maintenant. Sinon, oui, la réalisatrice se concentre essentiellement sur l'acteur, au détriment des autres personnages, mais on peut la comprendre aussi, donc on lui pardonne ;-)

Laurent a dit…

J'apprécie beaucoup Reda Kateb et il faudrait donc que je vois ce film. Merci d'en parler, Martin !

Martin a dit…

@Sentinelle:

Je vois que nous sommes dans la même posture vis-à-vis du film et... je m'en réjouis aussi.

Je ne suis pas certain que je dirai que Reda Kateb est devenu (je te cite) "une valeur sûre du cinéma français". Son travail et la diversité de ses rôles ne sont pas à remettre en cause, mais je pense qu'il n'a pas encore la notoriété que mérite son indiscutable talent. Enfin, clairement, reconnu ou pas, ce n'est pas ça qui fera que je l'apprécierai moins.

D'ailleurs... non, je n'ai rien dit. À suivre...

Martin a dit…

@Laurent:

Avec plaisir !
Je ne sais pas si le film te plairait, mais je suis sûr qu'il a toute sa place sur "Deuxième séance".

Véronique Hottat a dit…

Et bien là, tu vois, tu chipotes un peu ;)
Bon' je reformule : pour moi, Reda Kateb est devenu une valeur sûre du cinéma français et qui l'aime me suive !

Martin a dit…

Bon, allez, d'accord... puisque tu insistes, je te suis.
Je dirai même plus: je te suis... sans chipoter !

Pascale a dit…

Merci de ne pas me négliger :-)))
Comme d'habitude je ne me souviens pas de la fin mais ça ne doit pas être bien gai...
Reda a une voix exceptionnelle et tire chaque film vers le haut c'est incroyable.
Adèle fait des choix contestables et décevants depuis mais elle va se ressaisir elle est bien jeune.
Le cinéma français est meilleur dans les drames... J'ai encore fait les frais d'une comédie récemment. Consternant.

Pascale a dit…

Et Reda EST une valeur sûre du cinéma français. Il a même LE grand premier rôle de Django. Il sauve le film qui lui... est raté.

Martin a dit…

@Pascale 1:

La fin ? Je n'en parlerai pas !

Nous sommes d'accord sur Adèle et Reda. J'espère que la première nommée aura surtout d'autres occasions de briller. Pas sûr qu'un nombre si important de réalisateurs lui fasse confiance pour exprimer d'autres facettes de son talent.

Je suis également d'accord avec toi pour dire que les drames français sont souvent plus intéressants que les comédies françaises. Mais, si on parle tant des comédies "bas de plafond", c'est aussi, je suppose, parce que des producteurs ne lisent les scénarios qu'au travers du prisme de leur rentabilité (réelle ou supposée).

Martin a dit…

@Pascale 2:

Je n'ai pas vu "Django".
Mais je serai ravi de rediscuter de ce grand talent avec toi, autour de ses prochains films.