mercredi 9 novembre 2016

Faux cowboys, vrais ennuis

Vous le vérifierez aisément: j'ai déjà parlé ici de Michael Crichton. C'est donc sans hésiter que je m'affranchis des présentations d'usage pour vous parler de Mondwest (une traduction, si, si ! de Westworld). Ceux d'entre vous qui connaissent la chaîne américaine HBO y ont vu débarquer récemment une série homonyme. Ce n'est pas mon sujet...

Mondwest est le premier film cinéma de son auteur. Je me trompais quand j'imaginais qu'il pouvait être l'adaptation de l'un de ses romans. Non: il s'agit bien d'apprécier ici un scénario à 100 % original. Embarqués vers le futur, nous sommes invités à y découvrir le jeu nouveau destiné aux plus riches: la vie dans un passé reconstitué. Moyennement 1.000 dollars par jour, tout vacancier lassé des congés ordinaires peut ainsi s'aventurer dans la Rome antique, au Moyen-Âge ou au Far West. Vous aurez bien sûr compris que l'option numéro 3 est celle que retiennent les principaux protagonistes du film. Un choix audacieux pour grands garçons alors armés et déguisés en cowboys...

Ni une ni deux, le long-métrage emprunte au western pour laisser croire à cet imaginaire de l'Ouest sauvage. Le truc, c'est que l'illusion s'appuie sur des robots et qu'un matin, les machines se détraquent ! Partant de là, franchement, je n'ai pas vu un film très excitant. Beaucoup trop de temps est pris pour exposer les enjeux dramatiques de Mondwest, mais quand l'élément perturbateur survient, la tension attendue n'est pas véritablement au rendez-vous. Las ! J'avais espéré quelque chose qui me tienne en haleine, mais j'ai dû me contenter d'un thriller assez ordinaire, filant tout droit vers une conclusion intelligente, certes, mais très prévisible. Vous me connaissez assez pour savoir que je n'aime pas "détruire" un film: celui-là a le mérite tout de même d'être un peu en avance sur son temps et précurseur sans doute d'autres productions, mieux abouties. Revoir Yul Brynner m'a fait plaisir, aussi. Disons juste que j'attendais (un peu) mieux...

Mondwest
Film américain de Michael Crichton (1973)

C'est un fait: ce film assez malin ne m'a pas tout à fait convaincu. Même en tenant compte son âge "avancé", je crois qu'il passe à côté d'une partie de son potentiel. Le verre est à moitié plein: on peut dire aussi qu'il rappelle La planète des singes et Les sept mercenaires ! Plus évident encore, il anticipe d'une certaine façon les blockbusters cultes encore à venir, tels que Terminator et bien sûr Jurassic Park.

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Désormais, le film suscite des réactions contrastées...

Vous pourrez le constater chez Elle et Lui, Laurent et Princécranoir

10 commentaires:

Laura L a dit…

Ce film de me tente pas des masses et ton avis ne fait que le confirmation, je vais allé lire l'avis de tes compères pour en être persuadée.
Merci en tout cas pour ta chronique.
Bonne journée.

princécranoir a dit…

Je n'ai pas vu la série mais le film est pour moi un chef d'œuvre de la série B d'anticipation, un must des seventies qui joue avec les codes hollywoodiens (Brynner, le peplum, le western) et prédit si bien la société des loisirs dans laquelle nos société se complaisent (non content d'annoncer aussi, comme tu l'as écrit, nombre de grandes apothéoses robotiques tels les "Terminator" ou "Robocop"). A mon avis, aussi incontournable que "Rollerball" ou "Soleil Vert".

ideyvonne a dit…

Voilà ce que j'avais écrit chez Laurent :
Personnellement je trouve que "mondwest" a été un film assez innovant pour son temps.
La nouveauté de ce parc attire Peter et Martin car ils savent qu'à cet endroit ils pourront assouvir toutes leurs pulsions !
En fait, le film dénonce les bas instincts de l'être humain, sa quête toujours croissante de sensations fortes et ce, en se débarrassant de toutes notions d'éthique, le but de ce parc d'attraction étant bien évidemment de faire des profits !
Crichton nous montre alors où poser des limites avec le personnage qu'interprête Yul Brynner, ce robot qui se retourne contre ses concepteurs...

Martin a dit…

@Laura:

Et merci à toi de l'avoir lue, cette chronique ! Ouais, pour ma part, je regrette un léger manque de tension. Disons qu'à mon humble avis, le film a un peu moins bien vieilli que d'autres.

Martin a dit…

@Princécranoir:

Je respecte tout à fait cet avis, d'autant qu'il est parfaitement argumenté.

Je n'ai pas revu "Robocop" - ce serait bien que je saisisse une prochaine occasion. Bien envie de découvrir "Le soleil vert" et "Rollerball", compte tenu de ce que tu écris. Merci de les rappeler à mon bon souvenir !

Martin a dit…

@Ideyvonne:

J'avais lu ce que tu as écrit chez notre ami Laurent. Ton analyse est juste, même si j'aurais sans doute préféré un film encore plus radical. Cela dit, le fait qu'un des personnages se retrouve seul contre le robot tueur, ça a dû marquer les esprits de l'époque, j'en ai conscience. Et je respecte ça aussi.

tinalakiller a dit…

C'est marrant que tu parles de cette série toi aussi sur ton blog ! J'ai mieux apprécié que toi ce film même si je comprends ce que tu lui reproches, dans le sens où on voit plus de l'action a priori à l'écran que de la réflexion (alors que la série est plus lente et veut ouvrir davantage à la réflexion et au développement des personnages).

Martin a dit…

De toute façon, il me paraît logique, format oblige, qu'une série prenne plus de temps pour développer ses personnages. Franchement, pour le film, c'est plutôt la grande prévisibilité du scénario et un certain manque de rythme qui m'ont dérangé. Rien d'irrémédiable, en fait, mais ça m'a empêché d'être plus enthousiaste à l'égard de cette histoire.

J'aurais par exemple apprécié que la caméra explore davantage les autres univers.

tinalakiller a dit…

De base, effectivement! Mais une série parfois passe à côté de ses personnages, pas celle-ci ! Après je suis d'accord avec ce que tu dis au fond ! Après pour l'exploration des autres univers, je pense que c'est par manque de moyens.

Martin a dit…

Oui, c'est sans doute le manque de moyens qui a poussé le réalisateur à se concentrer sur son univers principal.

Tu as raison: il est vrai que certaines séries passent à côté de leurs personnages - ou alors les font disparaître de manière brutale, sans explication. Paradoxalement, dans certains cas, j'apprécie aussi cette radicalité au cinéma, avec des personnages qui sortent de nulle part et y retournent sans crier gare.