J'aime les films qui ne racontent pas tout. Quand La tortue rouge commence, nous découvrons un homme au beau milieu de sa lutte pour rester à la surface de flots déchaînés. On se dit que son bateau vient de couler, mais aucune image ne le montre. Ce non-dit efficace m'a permis de... plonger directement au coeur même du récit. Bravo !
Quelques instants plus tard, nous voilà, avec l'homme, sur une île inhabitée, avec des crabes et des hirondelles pour toute compagnie. Que faire quand on est seul au centre de l'océan ? Tenter de survivre ? C'est ce à quoi s'attache d'abord celui que nous pouvons observer. Puis, comme saisi par la peur du vide, le voilà qui construit un radeau pour quitter cette terre si isolée qu'elle en devient inhospitalière. Marchera ? Marchera pas ? Si vous voulez le savoir, allez voir le film ! C'est encouragé par les excellents échos cannois que j'avais entendus à son sujet que, personnellement, j'ai découvert La tortue rouge. Pendant une petite heure et demie, j'ai oublié mon quotidien citadin et égaré mon esprit au beau milieu de nulle part. Je dois admettre que j'ai d'abord eu quelques difficultés à "entrer" dans ce film d'animation au graphisme très précis, mais je vous rassure: j'ai fini par me laisser porter, l'appréciant alors pour son épure et sa poésie...
Je crois qu'il est important de noter que l'auteur de ce petit chef d'oeuvre signe ici son tout premier long-métrage, à l'âge de 63 ans. C'est l'aboutissement de près d'une décennie de travail ! Pour ceux d'entre vous qui l'ignoreraient encore, il me faut préciser également que La tortue rouge est le fruit d'une commande du grand studio japonais d'animation, Ghibli, représenté par le maître Isao Takahata. Vous trouverez facilement (sur Wikipédia) de très nombreux détails sur le processus de création de ce long-métrage unique en son genre. Personnellement, j'aime mieux vous parler de l'émotion et du plaisir ressentis devant le grand écran du cinéma: ce que j'ai le plus apprécié demeure ce choix de construire une histoire sans la moindre parole. Même si la musique est un peu grandiloquente parfois, cette option muette favorise l'identification aux personnages - oui, au pluriel ! J'aurais volontiers signé pour que le rêve se prolonge encore un peu...
La tortue rouge
Film "japonais" de Michael Dudok de Wit (2016)
Une fois n'est pas coutume: je respecte absolument la règle et octroie au film la nationalité de ses producteurs - en notant qu'il en a d'autres belges et français, mais aussi que son réalisateur est... néerlandais. Bref... côté nippon, on notera des points communs avec ce grand film qu'était, voilà déjà deux ans, Le conte de la princesse Kaguya. L'animation européenne s'associe avec les maîtres d'Asie: ça promet !
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D'autres avis enthousiastes sur la blogosphère ?
Absolument: vous en trouverez notamment chez Pascale et Dasola.
Quelques instants plus tard, nous voilà, avec l'homme, sur une île inhabitée, avec des crabes et des hirondelles pour toute compagnie. Que faire quand on est seul au centre de l'océan ? Tenter de survivre ? C'est ce à quoi s'attache d'abord celui que nous pouvons observer. Puis, comme saisi par la peur du vide, le voilà qui construit un radeau pour quitter cette terre si isolée qu'elle en devient inhospitalière. Marchera ? Marchera pas ? Si vous voulez le savoir, allez voir le film ! C'est encouragé par les excellents échos cannois que j'avais entendus à son sujet que, personnellement, j'ai découvert La tortue rouge. Pendant une petite heure et demie, j'ai oublié mon quotidien citadin et égaré mon esprit au beau milieu de nulle part. Je dois admettre que j'ai d'abord eu quelques difficultés à "entrer" dans ce film d'animation au graphisme très précis, mais je vous rassure: j'ai fini par me laisser porter, l'appréciant alors pour son épure et sa poésie...
Je crois qu'il est important de noter que l'auteur de ce petit chef d'oeuvre signe ici son tout premier long-métrage, à l'âge de 63 ans. C'est l'aboutissement de près d'une décennie de travail ! Pour ceux d'entre vous qui l'ignoreraient encore, il me faut préciser également que La tortue rouge est le fruit d'une commande du grand studio japonais d'animation, Ghibli, représenté par le maître Isao Takahata. Vous trouverez facilement (sur Wikipédia) de très nombreux détails sur le processus de création de ce long-métrage unique en son genre. Personnellement, j'aime mieux vous parler de l'émotion et du plaisir ressentis devant le grand écran du cinéma: ce que j'ai le plus apprécié demeure ce choix de construire une histoire sans la moindre parole. Même si la musique est un peu grandiloquente parfois, cette option muette favorise l'identification aux personnages - oui, au pluriel ! J'aurais volontiers signé pour que le rêve se prolonge encore un peu...
La tortue rouge
Film "japonais" de Michael Dudok de Wit (2016)
Une fois n'est pas coutume: je respecte absolument la règle et octroie au film la nationalité de ses producteurs - en notant qu'il en a d'autres belges et français, mais aussi que son réalisateur est... néerlandais. Bref... côté nippon, on notera des points communs avec ce grand film qu'était, voilà déjà deux ans, Le conte de la princesse Kaguya. L'animation européenne s'associe avec les maîtres d'Asie: ça promet !
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D'autres avis enthousiastes sur la blogosphère ?
Absolument: vous en trouverez notamment chez Pascale et Dasola.
14 commentaires:
J'ai beaucoup entendu de choses positives sur ce film (notamment le côté poétique rendu par les dessins) et comme j'avais bien aimé "le conte de la princesse Kaguya" et Ponyo sur la falaise", je pense que dès que j'aurai l'occasion de le voir ce sera aussi un peu plus d'une heure de temps suspendu ;)
Le temps suspendu... l'expression est très juste ! Je dois te dire tout de même que le film reste assez différent des deux que tu cites et, surtout, de "Ponyo sur la falaise" - remarquable aussi, mais d'une pureté plus enfantine à mes yeux.
Un enchantement !
Comment as tu compris la surprise au milieu du film ?
Pour moi
ATTENTION SPOLIAGE...
il devient fou et tout n'est plus qu'illusion.
J'ai tout pris au premier degré et, à partir de ce point de rupture que tu évoques, j'ai moi aussi quitté la terre ferme pour me plonger dans un univers fantastique.
Cela dit, ton interprétation me fera voir le film une deuxième fois avec plaisir. Merci !
Hello Martin. On ressent très bien ton plaisir et ton émotion. Je crois que tu as raison de privilégier tes sentiments sur ce film. Les échos de La tortue rouge sont presque unanimes. Je crois qu'on devrait l'avoir prochainement au CinéQuai.
P.S. Vu avant-hier Colonia, film allemand sur le Chili de Pinochet. Pas beaucoup aimé.
Tu m'as précédé sur l'île de la Tortue. Ni drapeau noir ni jambe de bois, mais un doux parfum de conte mythologique mêlé à ce zéphyr venu d'orient dont tu as parfaitement souligné les vertus poétiques. Je conseille comme toi cette destination estivale.
Ah cette fameuse tortue... tout le monde en parle ! J'ai hâte de la voir du coup !
Bonjour Martin, merci pour lien. J'avais suivi le conseil d'un des frères de mon ami qui avait bien apprécié le film. Je suis contente d'avoir suivi ce conseil. C'est vraiment un très beau film pour petits et grands. Bonne journée.
@Eeguab:
Si tu le programmes dans l'une de tes soirées débat, tu auras peut-être l'occasion de revenir dessus sur ton blog. Je vais surveiller ça de près, tu peux me croire. Le fait est que j'aurais aimé avoir l'opportunité d'échanger un peu plus sur ce film que je ne l'ai fait jusqu'à présent. Ravi de lire que mon plaisir et mon émotion se ressentent dans mon texte !
@Chonchon:
Comme l'a dit Eeguab, il semblerait que notre amie à carapace fasse une relative unanimité. J'espère que tu auras l'occasion de te placer dans son sillage dans pas trop longtemps. J'espère que, toi aussi, tu en sortiras émerveillée !
@Dasola:
Nous sommes bien d'accord. Je mets juste un minuscule bémol pour souligner qu'à mon avis, les très jeunes enfants risquent tout de même de décrocher un peu. Mais il y a effectivement beaucoup de jolies choses dans ce film, à découvrir en famille.
@Princécranoir (que j'ai failli oublier !):
Effectivement, cette Île de la Tortue n'a pas grand-chose à voir avec la fameuse Tortuga. Rien ne nous interdit, à nous autres habitués d'autres terres, de fréquenter les deux. Cela dit, pour cela, il faudrait que je sois revenu de ce voyage et ce n'est pas encore tout à fait le cas...
Donc en effet mon "interprétation" n'est pas évidente. Mais la première partie est tellement réaliste et son "assassinat" aussi... que j'ai pensé qu'à ce moment et étant donné ce qu'il a accompli et qu'il regrette... il a sombré dans la folie, s'est imaginé sa vie avec femme et enfant qui finissent aussi par disparaître et il meurt seul de vieillesse. Et du coup, seul je pense qu'il l'a toujours été.
Je n'ai pas vu les choses ainsi, mais ça se tient. Vraiment, je pense que j'aurai plaisir à revoir le film à travers ce prisme.
Mais il me reste aussi en mémoire quelques scènes où le fils est seul et que j'ai du mal à analyser avec ta théorie...
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