mercredi 2 septembre 2015

Permafrost

Mes habitué(e)s le savent déjà. Pour d'éventuels lectrices et lecteurs qui viendraient ici pour la première fois, je souligne que le cinéma reste fondamentalement pour moi un art de l'évasion. Si j'ai cru bon de regarder Far North, en dépit de critiques peu amènes, c'est bien justement pour découvrir un ailleurs. Objectif atteint... sur ce point.

Le titre est explicite: Far North nous conduit dans le Grand Nord. Désolé de ne pouvoir mieux renseigner celles et ceux parmi vous qui, passionnés de géographie, aimeraient savoir où exactement: le film reste assez énigmatique sur ce point, comme du reste sur l'époque précise à laquelle l'action est censée se dérouler. IMDb cite l'Arctique et l'Union soviétique: c'est possible - et c'est sur le "sol" de la Norvège que le long-métrage aurait été tourné. Une voix off nous explique d'emblée qu'une femme vit à l'écart de tout groupe humain constitué depuis qu'à sa naissance, un chamane a prédit qu'elle porterait malheur à tous ceux qui l'approcheraient. Un autre personnage féminin cohabite pourtant avec cette paria assumée, au beau milieu des glaces. Et, bientôt, c'est un homme qui se joint à l'étrange duo...

Autant l'écrire: plus que par son atmosphère, c'est grâce son décor naturel que Far North parvient à fasciner. Les dialogues sont réduits au strict minimum et laissent très régulièrement le spectateur imaginer ce qu'ils ne dévoilent pas. J'ai apprécié: alors que le milieu hostile aurait pu être le cadre d'un banal survival movie, le scénario m'a embarqué vers autre chose, tout en me laissant l'impression constante que, tôt ou tard, quelque chose allait finir par exploser. Comme j'ai vu le film sur un tout petit écran, je n'ai pas compris immédiatement que le fil narratif était coupé par un long flashback. Qu'importe: une fois remis à l'endroit, je l'ai trouvé... correct. Ailleurs sur le Net, d'autres dénoncent sa conclusion, jugée glauque et/ou rocambolesque. C'est vrai, mais on a bien le droit d'aimer ça...

Far North
Film britannique d'Asif Kapadia (2007)

Un conseil: n'en attendez pas trop ! J'ai abordé le long-métrage comme une vague série B d'un autre âge et c'est ainsi que je l'ai plutôt apprécié. Ceux qui vous diront que Michelle Yeoh et Sean Bean peuvent mieux faire ont raison. Resterait donc à s'immerger totalement dans ces incroyables espaces blancs: il me faut admettre que, dans un cadre similaire, On the ice est un film plus convaincant.

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C'est improbable, mais c'est vrai...

Asif Kapadia a réalisé le dernier documentaire sur Amy Winehouse.

Sur le film, bien peu d'échos chez les copains...

David disait simplement qu'il aurait mieux fait d'écouter les critiques.

4 commentaires:

princécranoir a dit…

Un film dans un paysage enneigé : mieux vaut en profiter maintenant avant que ça ne devienne de la science-fiction. Je ne connaissais pas ce versant polaire de Kapadia, réalisateur derrière le remarqué "Senna" et l'admirable "Amy" (que j'ai beaucoup aimé).

Véronique Hottat a dit…

Et bien quelle surprise en effet de retrouver ici le réalisateur de "Amy", que j'ai autant apprécié que notre ami princécranoir. A voir donc par curiosité, si je comprends bien :-)

Martin a dit…

@Princécranoir:

Il est surprenant, ce Kapadia, hein ? De fait, on peut regretter ici qu'il n'exploite pas totalement le potentiel de son décor. Il y avait peut-être quelque chose à tirer de la fonte des glaces, mais cet aspect de la situation actuelle m'a paru éludé. Il faut dire aussi que l'action du film n'est pas clairement située dans le temps.

Martin a dit…

@Sentinelle:

Oui, par curiosité, c'est un film qu'on peut voir sans déplaisir. Comme je l'ai souligné, le tout serait de ne pas trop en attendre. C'est assez "brut de décoffrage" et pas franchement bavard. Je n'ai pas vu les documentaires "Senna" et "Amy", mais je peux facilement imaginer ici aux antipodes de ces films-là. Ce qui rend le réalisateur intéressant dans ses différentes démarches, aussi.