Ce n'est pas une lubie, mais plutôt un goût très prononcé: j'aime découvrir de très vieux films. Ceux qui m'attirent particulièrement sont ceux dont la popularité a fait des mythes du cinéma mondial. Selon moi, Tarzan, l'homme singe, avec la toute première apparition de Johnny Weissmuller dans le rôle-titre, fait partie de la liste. Retraité des bassins, l'ex-nageur et poloïste olympique a alors 28 ans.
Il faut toutefois une bonne vingtaine de minutes avant d'entendre enfin le célèbre cri de son personnage et une demi-heure, soit le tiers du métrage, pour qu'il fasse son apparition à l'écran. Je mets d'ailleurs son absence initiale au crédit du film: pour les spectateurs des années 30, moins engloutis sous les campagnes de marketing promotionnel que ceux d'aujourd'hui, je suppose que Tarzan... offrait un certain suspense. Pour être rigoureux, je veux souligner toutefois que cet opus, s'il lance une série forte de douze (!) épisodes, n'est pas pour autant la première adaptation du roman d'Edgar Rice Burroughs. C'est "juste" la première du cinéma parlant et les scènes de lancement de cette version n'évoquent que Jane Parker, fort jolie miss sortie d'on ne sait où et fille d'un chasseur d'ivoire lancé, lui, à la recherche du cimetière des éléphants. En toile de fond, une Afrique noire filmée comme dans un reportage ou reconstituée dans un studio algérois...
Les quelques plans où les personnages occidentaux sont insérés directement sur un fond de savane peuplée d'hommes noirs en tenue traditionnelle m'ont paru aussi malhabiles que touchants. S'il y a sûrement un peu de condescendance à l'égard des peuples de couleur rencontrés en chemin, certains d'entre eux n'étant même rien d'autre que des laquais, le regard que porte le film sur son continent d'accueil reste assez bienveillant. J'ai bien aimé Tarzan... pour ce qu'il était quand il est sorti: un long-métrage pionnier, dans un monde ancien régi par le colonialisme et la conviction d'une race blanche supérieure aux autres. En laissant de côté toute considération politique, je suis parvenu à passer un bon moment devant ces images un peu naïves. Maureen O'Sullivan est trop mignonne dans sa candeur ! J'ai relevé toutefois quelques dialogues à double sens et apprécié 2-3 situations coquines, qui m'ont fort opportunément rappelé que le code Hays n'était pas encore en vigueur. Cette fraîcheur m'a permis d'apprécier l'ensemble du film sans ennui et malgré certaines scènes répétitives.
Tarzan, l'homme-singe
Film américain de W. S. van Dyke (1932)
Époque oblige, les grands singes sont parfois ici des acteurs déguisés et les Pygmées des nains blancs, le visage recouvert de peinture noire. Je ne vais pas en faire mystère: le film est assez kitsch. J'assume toutefois parfaitement le plaisir que j'ai pris à le regarder. Je dirais même qu'il m'a donné envie de voir le King Kong de 1933 ! Côté aventures et dans un autre genre, je conseille Capitaine Blood.
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Pas grand-chose de plus chez les copains...
Ideyvonne présente juste Cedric Gibbons, le chef-décorateur du film.
Du coup, une petite anecdote pour finir...
Maureen O'Sullivan est aussi la mère de Mia Farrow, l'ancienne égérie de Woody Allen. Elle a joué dans six Tarzan et, à 75 ans, est apparue dans un film du réalisateur à lunettes: Hannah et ses soeurs (1986).
Il faut toutefois une bonne vingtaine de minutes avant d'entendre enfin le célèbre cri de son personnage et une demi-heure, soit le tiers du métrage, pour qu'il fasse son apparition à l'écran. Je mets d'ailleurs son absence initiale au crédit du film: pour les spectateurs des années 30, moins engloutis sous les campagnes de marketing promotionnel que ceux d'aujourd'hui, je suppose que Tarzan... offrait un certain suspense. Pour être rigoureux, je veux souligner toutefois que cet opus, s'il lance une série forte de douze (!) épisodes, n'est pas pour autant la première adaptation du roman d'Edgar Rice Burroughs. C'est "juste" la première du cinéma parlant et les scènes de lancement de cette version n'évoquent que Jane Parker, fort jolie miss sortie d'on ne sait où et fille d'un chasseur d'ivoire lancé, lui, à la recherche du cimetière des éléphants. En toile de fond, une Afrique noire filmée comme dans un reportage ou reconstituée dans un studio algérois...
Les quelques plans où les personnages occidentaux sont insérés directement sur un fond de savane peuplée d'hommes noirs en tenue traditionnelle m'ont paru aussi malhabiles que touchants. S'il y a sûrement un peu de condescendance à l'égard des peuples de couleur rencontrés en chemin, certains d'entre eux n'étant même rien d'autre que des laquais, le regard que porte le film sur son continent d'accueil reste assez bienveillant. J'ai bien aimé Tarzan... pour ce qu'il était quand il est sorti: un long-métrage pionnier, dans un monde ancien régi par le colonialisme et la conviction d'une race blanche supérieure aux autres. En laissant de côté toute considération politique, je suis parvenu à passer un bon moment devant ces images un peu naïves. Maureen O'Sullivan est trop mignonne dans sa candeur ! J'ai relevé toutefois quelques dialogues à double sens et apprécié 2-3 situations coquines, qui m'ont fort opportunément rappelé que le code Hays n'était pas encore en vigueur. Cette fraîcheur m'a permis d'apprécier l'ensemble du film sans ennui et malgré certaines scènes répétitives.
Tarzan, l'homme-singe
Film américain de W. S. van Dyke (1932)
Époque oblige, les grands singes sont parfois ici des acteurs déguisés et les Pygmées des nains blancs, le visage recouvert de peinture noire. Je ne vais pas en faire mystère: le film est assez kitsch. J'assume toutefois parfaitement le plaisir que j'ai pris à le regarder. Je dirais même qu'il m'a donné envie de voir le King Kong de 1933 ! Côté aventures et dans un autre genre, je conseille Capitaine Blood.
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Pas grand-chose de plus chez les copains...
Ideyvonne présente juste Cedric Gibbons, le chef-décorateur du film.
Du coup, une petite anecdote pour finir...
Maureen O'Sullivan est aussi la mère de Mia Farrow, l'ancienne égérie de Woody Allen. Elle a joué dans six Tarzan et, à 75 ans, est apparue dans un film du réalisateur à lunettes: Hannah et ses soeurs (1986).
10 commentaires:
Rho tu me fais vraiment remonter à mon enfance, car j'ai beaucoup regardé Tarzan dans mes jeunes années, et je n'oublierai jamais de ma vie son célèbre cri. Quel coffre, impressionnant ! Pour tout te dire, je ne peux d'ailleurs pas me représenter Tarzan autrement que sous les traits de Johnny Weissmuller, tant je l'ai totalement associé à ce personnage. La série doit être terriblement kitch aujourd'hui mais je me rappelle que l'image qu'il rendait de l'Afrique me fait assez peur à l'époque, très sauvage et pleine de dangers. Mais "les blancs" étaient loin d'avoir le beau rôle si mes souvenirs sont bons, que du contraire.
King Kong, quant à lui, il m'a fait pleurer... c'était en tout cas un très grand film dans ma filmographie de jeunesse ;-)
Je suis très content que cette modeste chronique t'ait apporté ce plaisir nostalgique, Sentinelle ! Il est clair que le film est daté, mais son charme demeure pour qui voudra bien accepter son image de l'Afrique largement passéiste. Je crois que cela demeure un spectacle appréciable, qui a toute sa place dans la longue histoire du cinéma et de ses inspirations. Bon, je ne suis pas sûr de voir les onze autres pour autant. Encore faudrait-il en avoir l'occasion, d'ailleurs.
"King Kong", je vais tâcher de le mettre à mon programme. Je suppose qu'il contient aussi un petit message proto-écolo sur l'absurdité de l'homme quand il se croit maître absolu de la nature. Et tant pis si c'est traité de façon kitsch à nos yeux d'aujourd'hui ! Comme tu le sais, je tâche toujours de retenir le bon côté des films, jeunes et vieux, et même s'ils sont plus ou moins dépassés aujourd'hui.
Et tu as bien raison de le voir comme cela Martin. Quant à moi, j'ai tellement aimé ces vieux films dans mon enfance que j'ai peur de trahir toutes ces émotions qu'ils ont suscitées en moi en les revoyant en tant qu'adulte. Mais je pense tout de même me laisser tenter la prochaine fois qu'ils passeront sur une chaîne ou l'autre, car je n'ai généralement jamais été déçue en revoyant un film aimé. Je crois même que j'arrive à retrouver mon regard d'enfant ;-)
Et dire qu'on se plaint d'avoir eu sept Fast & Furious ! ;-)
@Sentinelle:
Je comprends tout à fait que tu hésites à revoir certains classiques de ton enfance. Il n'est pas toujours facile de renouer avec ses émotions originelles. En général, on peut au moins être attendri, je dirais, et c'est souvent une sensation agréable de se rappeler l'enfant que nous étions. Parfois même, on découvre d'autres trésors dans une histoire qu'on croyait pourtant connaître par coeur.
@Princécranoir:
Ouais, t'as vu ça ? Douze épisodes autour du même personnage et avec le même acteur principal ! Il faut ajouter encore les films muets qui ont précédé et d'autres parlants qui ont suivi. Je me demande à quel point Edgar Rice Burroughs (et ses héritiers ?) en auront profité...
C'est vrai que je n'ai parlé que des décors avec Gibbons mais je dois dire que le 1er et le 2ème opus de ces Tarzan pourraient faire partie de ma rubrique "Trésors en N&B" ;)
Nous sommes sur la même longueur d'ondes. Je placerais très volontiers ce tout premier épisode parmi les très bons films de cette époque, moi aussi.
le second film de la saga "Tarzan et sa compagne" sorti en 1934 contournera le code Hays, malgré une scéne de nu integral et sous marin de Jane plutot osée pour l'époque.Il faudra attendre la version avec Bo Derek dans le meme role plus de 50 ans plus tard pour admirer à nouveau la plastique de" la femme singe ".
J'ai eu l'opportunité de découvrir quelques-uns des épisodes suivants, mais je ne l'ai pas saisie. Ce sera partie remise, peut-être. En attendant, merci pour cette précision, CC Rider !
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