La question que je me posais, en me préparant à regarder l'épisode 2 de Shokuzai, était de savoir si Kiyoshi Kurosawa allait bien y révéler le visage et le nom de l'assassin. La digression dramatique qui fonde l'essence même du premier volet me laissait un vrai doute à ce sujet. Maintenant que je sais à quoi m'en tenir, je n'en dirai rien ! Le film veut d'abord nous apprendre ce qu'il est advenu d'Akiko et de Yuka...
Ces segments 3 et 4 m'ont inégalement convaincu. S'il faut dire partout ma préférence, je vous dirais que le troisième est meilleur d'après moi: il a pour cadre une prison(-hôpital ?) et pose lui-même une sorte d'énigme avec quelques flashbacks, tandis que le quatrième nous promène gentiment entre la boutique d'une fleuriste et la maison d'un jeune couple, avant de révéler sa face sombre. Il me semble alors que Shokuzai - Celles qui voulaient oublier confirme la nature réelle de l'ensemble: plutôt qu'un polar ordinaire, Kiyoshi Kurosawa signe une oeuvre d'analyse de la société japonaise, distillant ici et là quelques points d'un onirisme glacial. Car c'est un fait: d'une manière générale, ce qui est montré ici du pays n'incite pas à prendre aussitôt un billet d'avion à destination de Tokyo, sauf à apprécier le travail d'autres artistes porteurs d'un tel regard. Face à l'image, j'ai continué de trouver ce pessimisme froid étrangement fascinant. Presque beau.
La question reste posée: cette mini-série spécialement reformatée avait-elle toute sa place au cinéma ? Je ne veux pas faire preuve d'ostracisme et je répondrai donc positivement. Il n'y a que très peu de séries au long cours que j'apprécie sur la durée, mais cinq épisodes devenus deux films me paraissent un (ou deux !) format(s) acceptable(s). J'ai cru comprendre que Kiyoshi Kurosawa traversait régulièrement des difficultés pour produire ses films, aussi cette idée qu'il ait pu obtenir une reconnaissance pour son travail de création auprès d'autres sources de financement m'est plutôt sympathique. Shokuzai ne plaira sans doute pas à tout le monde: sa conception n'attirera sûrement pas un grand public - 84 et 57 000 billets vendus dans les salles françaises. Tant pis: la singularité et la bonne tenue générale du projet m'ont bel et bien "embarqué", sans qu'un défaut majeur vienne gâcher mon plaisir. C'est suffisant pour me satisfaire.
Shokuzai - Celles qui voulaient oublier
Film japonais de Kiyoshi Kurosawa (2012)
Une note un peu inférieure pour ce second volet: je l'ai trouvé légèrement moins percutant - mais il faut dire aussi que j'avais laissé passer trois jours pour le regarder. J'ai cité les films de David Fincher pour une comparaison possible, lundi dernier, et je n'en vois pas spécialement d'autres aujourd'hui. Il me faudrait mieux appréhender le cinéma japonais pour envisager d'autres pistes. À suivre, donc...
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Qui, parmi mes petits camarades, a évoqué le film ?
Sans surprise, les mêmes qu'avant-hier: Pascale, Dasola et David.
Ces segments 3 et 4 m'ont inégalement convaincu. S'il faut dire partout ma préférence, je vous dirais que le troisième est meilleur d'après moi: il a pour cadre une prison(-hôpital ?) et pose lui-même une sorte d'énigme avec quelques flashbacks, tandis que le quatrième nous promène gentiment entre la boutique d'une fleuriste et la maison d'un jeune couple, avant de révéler sa face sombre. Il me semble alors que Shokuzai - Celles qui voulaient oublier confirme la nature réelle de l'ensemble: plutôt qu'un polar ordinaire, Kiyoshi Kurosawa signe une oeuvre d'analyse de la société japonaise, distillant ici et là quelques points d'un onirisme glacial. Car c'est un fait: d'une manière générale, ce qui est montré ici du pays n'incite pas à prendre aussitôt un billet d'avion à destination de Tokyo, sauf à apprécier le travail d'autres artistes porteurs d'un tel regard. Face à l'image, j'ai continué de trouver ce pessimisme froid étrangement fascinant. Presque beau.
La question reste posée: cette mini-série spécialement reformatée avait-elle toute sa place au cinéma ? Je ne veux pas faire preuve d'ostracisme et je répondrai donc positivement. Il n'y a que très peu de séries au long cours que j'apprécie sur la durée, mais cinq épisodes devenus deux films me paraissent un (ou deux !) format(s) acceptable(s). J'ai cru comprendre que Kiyoshi Kurosawa traversait régulièrement des difficultés pour produire ses films, aussi cette idée qu'il ait pu obtenir une reconnaissance pour son travail de création auprès d'autres sources de financement m'est plutôt sympathique. Shokuzai ne plaira sans doute pas à tout le monde: sa conception n'attirera sûrement pas un grand public - 84 et 57 000 billets vendus dans les salles françaises. Tant pis: la singularité et la bonne tenue générale du projet m'ont bel et bien "embarqué", sans qu'un défaut majeur vienne gâcher mon plaisir. C'est suffisant pour me satisfaire.
Shokuzai - Celles qui voulaient oublier
Film japonais de Kiyoshi Kurosawa (2012)
Une note un peu inférieure pour ce second volet: je l'ai trouvé légèrement moins percutant - mais il faut dire aussi que j'avais laissé passer trois jours pour le regarder. J'ai cité les films de David Fincher pour une comparaison possible, lundi dernier, et je n'en vois pas spécialement d'autres aujourd'hui. Il me faudrait mieux appréhender le cinéma japonais pour envisager d'autres pistes. À suivre, donc...
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Qui, parmi mes petits camarades, a évoqué le film ?
Sans surprise, les mêmes qu'avant-hier: Pascale, Dasola et David.
6 commentaires:
Bonjour Martin, merci pour le lien. Quand je lis ton billet, je me dis qu'il faut que je revois Shokuzai 1 et 2 à la suite. Merci le support DVD. Bonne soirée
Personnellement j'ai vraiment adoré cette mini-série/film ? (à force, on ne sait plus trop comment nommer la chose) même si c'est vrai que les segments 1 et 2 sont plus marquants. Je les avais vus à la suite au ciné car à la fin du 1 je voulais vraiment connaître la suite, franchement au cinéma, ça passe pas mal du tout !
@Dasola:
Pas de quoi ! Pour ma part, j'ai laissé passer trois jours entre les deux épisodes. Mais, comme tu l'auras compris, aucun autre film n'est venu s'intercaler. Le résultat était intéressant. Je ne sais pas à quel rythme les épisodes de la série originelle étaient diffusés au Japon. Un par semaine, je crois, mais je n'en suis pas sûr.
@Tina:
Je pense qu'on peut parler de film, au sens premier du terme, même si je pense que c'est largement en numérique que tout a été tourné (à confirmer toutefois: je suis tout sauf un expert !). Pour ce qui est du caractère marquant des deux premiers segments, je pense que c'est parce qu'ensuite, on est entré dans cet univers et qu'on accepte plus facilement ses codes. Le tout dernier apporte ensuite une nouvelle originalité, que j'ai trouvée bien venue au terme du marathon.
Et oui, clairement, je suis sûr que, sur grand écran, ça doit être très bien !
Après avoir lu tes deux billets, je n'ai qu'une chose en tête : me jeter sur le bluray (ta comparaison avec le cinéma de Fincher a d'ailleurs fini par me convaincre). De plus, en ce moment, la culture japonaise est devenue une véritable obsession chez moi.
Je suis très heureux de t'avoir convaincu de découvrir ce diptyque filmique, ami 2flics (rimes riches) ! Je ne sais pas si tu y trouveras quelque chose d'emblématique de la culture japonaise, mais je ne serais pas surpris que tu y prennes un certain plaisir. En espérant que tu auras l'occasion de nous faire part de tes impressions après coup.
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