Avec Xavier Dolan, j'ai commencé par la fin. En parcourant mon index des réalisateurs, vous n'aurez aucune difficulté à trouver le seul film du réalisateur québécois que j'avais vu jusqu'à il y a quelques jours. L'occasion aussi de vérifier qu'il s'agit bien de son dernier en date. Arte ayant choisi de diffuser Laurence anyways, son troisième long sur cinq en tout, j'en ai profité pour rattraper un peu de mon "retard".
Autant vous le dire tout de suite: Laurence anyways est un film frénétique - certains ont même pu dire "hystérique". J'ai eu besoin d'un peu de temps pour véritablement entrer dans cette fresque. Sachant qu'elle se déroule sur dix ans (1989-1999) et 168 minutes d'images, ce n'est pas très grave. Une fois familiarisé avec ce rythme de narration particulier, je me suis plutôt attaché aux personnages. Cette empathie a favorisé le plaisir que j'ai eu à les accompagner aussi longtemps. Leur histoire est très originale: Laurence et Fred s'aiment follement, mais voient pourtant la survie de leur couple menacée. L'explication tient en quelques mots: Laurence, à 35 ans révolus, annonce à Fred son intention d'enfin devenir... une femme. Pas d'erreur dans les prénoms, non: j'ai appris du coup que Laurence était un prénom mixte, au Québec. En interview, Xavier Dolan a dit qu'il ne savait pas que ce n'était pas le cas en France. C'est étonnant.
Étonnant, son film ne l'est pas moins, et celui que qu'on présente parfois comme un petit génie ouvre ici toutes les vannes de son sens créatif. Il faut lui reconnaître un talent: celui d'avoir apposé sa patte sur l'ensemble du long-métrage. Très probablement parce qu'en plus d'en être le réalisateur et le scénariste, il a aussi conservé pour lui deux postes importants: celui de costumier et celui de monteur. Résumer Laurence anyways à la folle exubérance technico-artistique de son jeune auteur serait toutefois commettre une erreur. L'énergie qui se dégage de ce récit tient aussi (beaucoup) aux acteurs. Embringué dans un rôle casse-gueule au possible, Melvil Poupaud reprend un personnage qui avait failli revenir à Louis Garrel et tire admirablement son épingle du jeu: il est beau, fort, émouvant. Suzanne Clément est à l'unisson, très engagée et presque parfaite. Maintenant, attention: maniéré et survolté, ce drôle d'objet filmique frôle la démesure. Xavier Dolan a ce petit côté épuisant, exaspérant. Parce qu'il est précoce ? Pour la sortie du film, il n'avait que 23 ans...
Laurence anyways
Film franco-canadien de Xavier Dolan (2012)
Surprise: la France est aussi représentée ici par... Nathalie Baye ! C'est un joli symbole pour une coproduction objectivement réussie. Maintenant, pour être honnête, j'ai préféré Mommy, un paradoxe voulant que, sous couvert d'anticipation pessimiste, cet autre film m'ait paru plus réaliste. Par sa conclusion, l'histoire d'amour atypique de Laurence anyways m'a également rappelé celle de La vie d'Adèle.
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Comme je le pensais, le film ne fait pas l'unanimité...
Cela dit, pas de critique trop virulente: Dasola semble plutôt déçue. Chonchon, elle, a vraiment bien aimé, et Pascale accorde un 5 sur 5. Tinakiller parle de film lumineux: elle donne aussi la note maximale !
Autant vous le dire tout de suite: Laurence anyways est un film frénétique - certains ont même pu dire "hystérique". J'ai eu besoin d'un peu de temps pour véritablement entrer dans cette fresque. Sachant qu'elle se déroule sur dix ans (1989-1999) et 168 minutes d'images, ce n'est pas très grave. Une fois familiarisé avec ce rythme de narration particulier, je me suis plutôt attaché aux personnages. Cette empathie a favorisé le plaisir que j'ai eu à les accompagner aussi longtemps. Leur histoire est très originale: Laurence et Fred s'aiment follement, mais voient pourtant la survie de leur couple menacée. L'explication tient en quelques mots: Laurence, à 35 ans révolus, annonce à Fred son intention d'enfin devenir... une femme. Pas d'erreur dans les prénoms, non: j'ai appris du coup que Laurence était un prénom mixte, au Québec. En interview, Xavier Dolan a dit qu'il ne savait pas que ce n'était pas le cas en France. C'est étonnant.
Étonnant, son film ne l'est pas moins, et celui que qu'on présente parfois comme un petit génie ouvre ici toutes les vannes de son sens créatif. Il faut lui reconnaître un talent: celui d'avoir apposé sa patte sur l'ensemble du long-métrage. Très probablement parce qu'en plus d'en être le réalisateur et le scénariste, il a aussi conservé pour lui deux postes importants: celui de costumier et celui de monteur. Résumer Laurence anyways à la folle exubérance technico-artistique de son jeune auteur serait toutefois commettre une erreur. L'énergie qui se dégage de ce récit tient aussi (beaucoup) aux acteurs. Embringué dans un rôle casse-gueule au possible, Melvil Poupaud reprend un personnage qui avait failli revenir à Louis Garrel et tire admirablement son épingle du jeu: il est beau, fort, émouvant. Suzanne Clément est à l'unisson, très engagée et presque parfaite. Maintenant, attention: maniéré et survolté, ce drôle d'objet filmique frôle la démesure. Xavier Dolan a ce petit côté épuisant, exaspérant. Parce qu'il est précoce ? Pour la sortie du film, il n'avait que 23 ans...
Laurence anyways
Film franco-canadien de Xavier Dolan (2012)
Surprise: la France est aussi représentée ici par... Nathalie Baye ! C'est un joli symbole pour une coproduction objectivement réussie. Maintenant, pour être honnête, j'ai préféré Mommy, un paradoxe voulant que, sous couvert d'anticipation pessimiste, cet autre film m'ait paru plus réaliste. Par sa conclusion, l'histoire d'amour atypique de Laurence anyways m'a également rappelé celle de La vie d'Adèle.
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Comme je le pensais, le film ne fait pas l'unanimité...
Cela dit, pas de critique trop virulente: Dasola semble plutôt déçue. Chonchon, elle, a vraiment bien aimé, et Pascale accorde un 5 sur 5. Tinakiller parle de film lumineux: elle donne aussi la note maximale !
10 commentaires:
Bonjour Martin, je confirme avoir été déçue pas ce film que j'ai trouvé trop long. Il faut dire que le sujet ne m'a passionnée. Bon dimanche.
C'est sûr que, si on n'accroche pas au sujet, le film est tellement "chargé" que ça doit être difficile de l'apprécier quand même. Ce sont des choses qui arrivent. Bonne soirée à toi, Dasola.
Comme tu l'as lu, j'ai adoré ce film. Je comprends les réticences et critiques mais j'ai été bouleversée par cette profonde fresque de 3h qui ne m'a jamais ennuyée.
Effectivement, Tina, nous sommes presque sur la même longueur d'onde vis-à-vis de ce film. Je m'en réjouis.
Prétentieux et insupportable, sauvé heureusement par la prestation de Melvil Poupaud
Tu es sévère, l'ami. Bah... nous ne pouvons pas toujours être d'accord, je suppose.
L'un des plus beaux films de tous les temps pour moi.
C'est hystérique au début (et je n'aime pas... la scène dans la voiture avec la musique à fond... est belle mais pénible !) et puis ça se calme.
Je te recommande +++++ J'ai tué ma mère qui m'avait bouleversée aussi.
De tous les temps ? Rien que ça ? Bigre ! C'est marrant: quand j'ai parlé d'hystérie, je pensais justement à cette scène dans la voiture. Et tu as raison: ça se calme ensuite. Si l'occasion se présente, nul doute que je regarderai les autres films de Dolan, dont "J'ai tué ma mère", par conséquent. J'espère qu'on aura alors l'occasion d'en reparler !
Ah oui, ce fut une fabuleuse découverte, ce Laurence anyways ! J'ai quelque part dans mon stock Les amours imaginaires, pas encore vu, et puis faut bien sûr que je voie tous les autres à commencer par Mommy !
Ah oui, Chonchon, je serais curieux de connaître ton avis sur "Mommy" ! Je m'attèle moi aussi à découvrir enfin les Dolan que je n'ai pas encore vus. Il faut espérer une prochaine diffusion télé, mais il y en a un ou deux que j'ai ratés...
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