lundi 30 juin 2014

L'étranger

Je le confesse: le cinéma me donne parfois des idées saugrenues. C'est pour mieux connaître la carrière de Michael Haneke qu'un soir dernier, j'ai regardé Le château. Ceux que la littérature passionne auront sans doute reconnu le titre d'un livre de Franz Kafka. Bingo ! J'évoque bel et bien aujourd'hui l'adaptation (pour la télé !) du roman de l'auteur tchèque de langue allemande, sorti en 1926. Voilà, voilà...

Moquez-vous si vous voulez ! N'empêche: je suis sûr que vous avez déjà dit d'une situation incompréhensible et absurde qu'elle était kafkaïenne. C'est un fait: livre et film donnent une bonne définition de ce que peut être une telle situation. On y découvre le personnage principal, K., après qu'il a traversé de très vastes étendues enneigées pour rejoindre un modeste village, dont il doit devenir le géomètre. Problème: personne n'est au courant de la nouvelle. Il n'existe même aucune chambre d'hôtel disponible pour héberger K. et, en tant qu'étranger à la petite communauté, ce dernier n'a en fait pas le droit de dormir sur place ! Le château ? C'est le siège de l'administration centrale dont K. dit dépendre. Il s'avère qu'il est presque impossible d'y joindre quelqu'un... et que personne n'y connaît K. de toute façon.

Vous l'aurez compris: au rayon films austères, j'ai touché le gros lot. En version originale germanophone, un tel film nécessite évidemment des efforts de concentration. La mise en scène de Michael Haneke s'avère très épurée, limite théâtrale. Respectueux de sa source d'inspiration, l'Autrichien semble vouloir laisser au texte le rôle principal: une voix off succède ponctuellement aux longues plages dialoguées. Le décor, lui, se fait discret et d'une froideur certaine, encore renforcée par le fait que la neige envahit tous les espaces extérieurs. La précision millimétrique de ce graphisme peut séduire. Le château peut aussi s'apprécier par la participation de comédiens impliqués, assez justes dans leurs drôles de rôles. Le film s'achève comme le livre, sur une impasse. Un bien curieux objet, en vérité...

Le château
Téléfilm autrichien de Michael Haneke (1997)

Dans le premier rôle, les plus cinéphiles d'entre vous auront reconnu Ulrich Mühe, l'acteur allemand découvert en France en maitre-espion dans La vie des autres. Pour Michael Haneke, ayant abordé ses films en commençant par des oeuvres récentes, je dois dire que j'ai trouvé Le ruban blanc et Amour plus abordables - bien qu'austères aussi. Deux Palmes d'or d'un côté, un téléfilm de l'autre: à vous de choisir.

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Une petite précision, pour finir...

Fortuite, ma référence à Albert Camus tombe assez bien, je trouve.

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