vendredi 4 décembre 2020

En (trans)formation

Je n'ai que peu de bons souvenirs de mes années d'étudiant en droit. 1993-1997: certains de mes profs d'alors étaient vraiment odieux ! Lorsque j'ai regardé Le brio, il y a quelques jours, le personnage joué par Daniel Auteuil m'a de prime abord rappelé ces sinistres juristes. Mais j'étais toujours curieux de savoir ce que le film avait à en dire...

Neïla Sala, banlieusarde parisienne, est en retard à son premier cours de fac (à Panthéon-Assas, l'un des universités les plus prestigieuses). Dans le grand amphithéâtre où elle a du mal à trouver une place assise, elle est sermonnée par le prof pour cette "faute" supposée. Pierre Mazard, ulcéré, renvoie alors la jeune femme à ses origines sociales et ethniques. L'affaire fait grand bruit: il passera en conseil de discipline et risque une sanction, sauf s'il accepte de préparer l'étudiante à un concours d'éloquence. L'institution passe avant tout...

Vous pouvez imaginer la suite. Je l'ai trouvée si peu vraisemblable que je n'ai pas adhéré au film. J'ai d'abord bien noté que, malicieux, le hasard m'avait placé pour la deuxième fois d'affilée devant un film porté par un tandem homme d'expérience / femme plus jeune. Derrière les clichés, je concède que Daniel Auteuil et Camélia Jordana n'ont pas à rougir de leur prestation. Ici, c'est plutôt le fond du propos qui m'a gêné aux entournures: le long-métrage suggère clairement que, pour être respecté, il faut se conformer aux codes des classes dominantes et qu'il n'y a pas grand-chose de bon à tirer des jeunes issus de l'immigration nord-africaine. Sans tomber dans l'angélisme de bas étage, je dis que ce discours aurait gagné à être plus nuancé. Mais, évidemment, s'il l'avait été, ça n'aurait pas été le même film ! Le brio n'est pas ouvertement raciste, mais seul l'un des personnages opposés fait finalement un (grand) pas vers l'autre. Un déséquilibre...

Le brio
Film français d'Yvan Attal (2017)

La conclusion de l'histoire me laisse avec un sentiment très mitigé. J'imagine qu'il y avait quelques bonnes intentions derrière le propos ambivalent, mais la manière dont elles sont présentées m'a interrogé sur la sincérité du réalisateur (et co-scénariste). C'est regrettable. Vous cherchiez un bon film sur l'idée de pédagogie ? Les héritiers paraît bien moins moralisateur et Primaire est vraiment intéressant !

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Si vous souhaitez prolonger la discussion...

Vous pouvez aussi vous intéresser aux avis de Pascale, Dasola et Lui.

4 commentaires:

Pascale a dit…

J'ai préféré ignorer le racisme ambiant.
Mais ce film enchaîne les scènes invraisemblables et ridicules (celle du métro) qui suffisent à l'éviter.

Martin a dit…

Tu y es parvenu, à ignorer le racisme ? J'en ai été incapable.
La scène du métro n'est pas la pire, à mes yeux. Mais on n'y croit pas !

Attal aurait mieux de s'entourer de gens un peu plus authentiques...

Pascale a dit…

J'ai dû penser que je faisais du mauvais esprit, que ça ne pouvait être possible.
Mais le mépris du personnage d'Auteuil (qui se rachète... comédie oblige) en dit long finalement.

Martin a dit…

Ouais... j'ai trouvé ça caricatural et grossier.