mardi 21 avril 2020

Rédemption indienne

Un enfant est décédé sur la table d'opération du docteur Max Lowe. Pour tourner le dos à la médecine, ce chirurgien américain est parti en Inde. C'est à Calcutta (et par hasard) qu'il va croiser le chemin d'une Britannique déterminée, à la tête d'un dispensaire de fortune. Oui, j'ai revu La cité de la joie, tiré du livre de Dominique Lapierre...

J'avais un vague souvenir autour de ce film: je crois l'avoir découvert lors de sa sortie en salles, il y a bientôt trente ans. Patrick Swayze était alors un acteur très apprécié et l'Inde déjà une destination relativement "exotique" pour le cinéma européen. Le récit littéraire originel avait pour personnage principal un prêtre français: traduit dans 31 langues, il s'était vendu à plus de 40 millions d'exemplaires ! Face à l'écran, il n'est nullement difficile de constater que le scénario s'est autorisé à prendre de très importantes libertés avec ce matériau premier, au risque d'ailleurs de l'affaiblir quelque peu. Je n'irai pas jusqu'à parler de trahison, mais j'ai une forme de regret à exprimer...

La cité de la joie a de belles images, qui gomment les barrières culturelles dans un grand élan humaniste - une démarche louable. L'ennui, c'est qu'il n'évite pas totalement le piège du manichéisme. Pour édifier les foules ou prévoir des rebondissements, la dimension humanitaire de cette histoire est gommée au profit d'une opposition entre "gentils docteurs" et "méchants oppresseurs du peuple pauvre". Je veux bien admettre qu'il y a des mafias dans les bidonvilles indiens: c'est tout à fait crédible dans une société aussi inégalitaire. Seulement voilà, le long-métrage montre trop souvent des gens souriants et soumis face à des monstres dépourvus de tout scrupule. Et, comme par miracle, au coeur même du ghetto, tout paraît propre et bien rangé, au point que la vilaine maladie d'un des personnages secondaires apparaisse comme un cliché facile pour dire la misère. Honorable, le film n'est dès lors que rarement émouvant. Dommage...

La cité de la joie
Film franco-britannique de Roland Joffé (1992)
Son aspect légèrement aseptisé lui aura fait perdre une demi-étoile. Dans un autre bidonville, je trouve Elefante blanco plus convaincant. Cela dit, le film a au moins le mérite de montrer une facette de l'Inde plus sombre que la façade du Taj Mahal ... et je l'apprécie pour cela. Après, quitte à choisir, je crois que je préférerais revoir du cinéma indien, ancien (Tonnerres lointains) ou plus récent (The lunchbox) !

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Vous souhaitez avoir un aperçu plus complet ?

OK: je vous propose de consulter la chronique en images d'Ideyvonne

4 commentaires:

Pascale a dit…

Oui c'était un "gentil" film tout à la gloire de Patrick Swayze (que j'aime beaucoup). Dans mon souvenir aussi je "revois" le bidonville presque propret, très coloré et les gentils très souriants. Mais je crois que c'est un film bourré de bonnes intentions.

Martin a dit…

Propret: je crois que tu as trouvé le bon mot pour définir ce film.
Tout cela n'est pas forcément très flatteur pour les Indiens, mais bon...

cc rider a dit…

L'Inde au Cinéma ? "le fleuve" de Jean Renoir....

Martin a dit…

Oui: il faudrait que je voie ce film, en effet.
Merci d'avoir rappelé ce grand classique à mon bon souvenir !