lundi 27 avril 2020

La course au bébé

J'écrirai peut-être un jour une chronique là-dessus, mais il me semble que les frères Coen alternent films sérieux et comédies loufoques avec une belle constance. Leur présence au sommet de ma cinéphilie est presque ininterrompue depuis que je les ai découverts ! Remonter aux origines me plaît ! Et aujourd'hui, ce sera avec Arizona Junior...

Dans ce deuxième opus des frangins, Holly Hunter et Nicolas Cage forment un couple atypique: Ed(wina) et Herbert - alias Hi - se sont connus en prison, quand la première nommée, flic, prenait des photos du second après chacune de ses arrestations. L'improbable rencontre s'est achevée par un mariage. Problème: très amoureux, le couple n'arrive pas à avoir d'enfant. C'est finalement un reportage télévisé qui apportera la solution miracle: des mouflets, un riche industriel vient d'en avoir cinq d'un coup et il suffira donc d'en kidnapper un pour ne plus se laisser déprimer par le moindre problème de fertilité. Aussitôt imaginé, aussitôt réalisé: le plan d'Ed et Hi fait ses preuves. Je vous laisserai voir seuls comment (et avec quelles conséquences). J'ai pu lire quelque part que le graphisme d'Arizona Junior le reliait avec l'univers du cartoon, ce que je trouve à vrai dire assez juste. Quelque chose de l'esprit de Tex Avery anime ces images loufoques...

Après Sang pour sang, un premier film noir, Ethan et Joel Coen avaient souhaité négocier un virage... à 180 degrés ! Leur maestria narrative et technique a fait le reste: tout en truffant leur "bébé" d'allusions référentielles, ils sont parvenus à signer ici une comédie efficace et très personnelle, qui en préfigurera beaucoup d'autres pour la suite de leur carrière. On trouve déjà ici quelques visages familiers, devant la caméra - Frances McDormand et John Goodman - ou dans la coulisse (à l'image de Carter Burwell, auteur de la BO). Arizona Junior n'arrache pas des larmes, mais c'est déjà un spectacle très soigné en termes de mise en scène: les deux frères réalisateurs parviennent d'emblée à offrir une base solide à leur style inimitable. Pour une introduction, c'est très réussi et, mieux, réalisé sans temps mort: la petite heure et demie du film s'avère tout à fait suffisante. Que j'aime le cinéma américain quand il ose se montrer aussi dingue !

Arizona Junior
Film américain d'Ethan et Joel Coen (1987)

J'insisterai sur un point: le vrai potentiel comique des deux frères s'enrichit encore grâce à leur sens technique (quasi-)irréprochable. L'humour loufoque n'est que trop rarement aussi bien représenté. Blake Edwards et The party en étaient peut-être bien les précurseurs. Si vous fouillez dans mes archives, vous trouverez aussi Shane Black et Kiss kiss bang bang: un possible plan B avant le prochain C...oen !

8 commentaires:

Pascale a dit…

Je l'ai revu à la télé récemment.
Qu'il est bien ce film !
Nicolas Cage hirsute et Holly Hunter autoritaire sont tordants.

Martin a dit…

Nous sommes d'accord.

Quelle surprise de voir Holly Hunter là-dedans... et dans "La leçon de piano" !
Cela aura au moins le mérite de me faire comprendre que je connais très mal cette actrice...

Pascale a dit…

Ah oui elle est formidable. Souvent autoritaire d'ailleurs. J'adore ce film que personne n'aime, Always de Spielberg. Elle est craquante.
Par contre je n'aime pas du tout son personnage de Top of the lake.

Martin a dit…

"Always"... un film qu'il faut que je revoie. Ne serait-ce que pour Audrey et Holly.
Je n'ai pas vu la série "Top of the lake" (malgré Jane Campion). Je me souviens de tes réserves.

Pascale a dit…

Et Richard Dreyfus ❤

Ah oui ? Quelle mémoire !

Martin a dit…

De toute façon, je compte bien avoir vu un jour TOUS les Spielberg !
C'est vrai que ma mémoire est plutôt efficace: le blog me permet de l'entretenir.

Strum a dit…

Un film que j'avais adoré adolescent. J'avais beaucoup ri. J'aimerais bien le revoir d'autant que j'aime beaucoup les frères Coen. Merci Martin.

Martin a dit…

Pas d'quoi, Strum ! Content que cela te fasse plaisir de retrouver les frangins.

J'espère que nous aurons l'occasion de lire une chronique strumienne sur le film.
Il est toujours risqué de revoir les films qui nous ont marqué adolescent, mais... c'est tentant !