mercredi 18 mars 2020

Un étrange papillon

Nouveau virage à 180 degrés aujourd'hui: je reviens au cinéma ancien pour vous parler de Harakiri, un film sorti... il y a plus d'un siècle. C'est la deuxième fois seulement que je parle d'un long-métrage réalisé et diffusé avant les années 20. Pour tout dire, je l'ai découvert un peu par hasard et dans une version ciné-concert. Drôle de machin !

L'histoire ? C'est celle de Madame Butterfly. Une jeune Japonaise devrait devenir grande prêtresse, mais son père estime qu'elle seule doit choisir cette voie et que personne ne saurait l'y contraindre. Finalement, la belle s'entiche d'un Occidental... au point de l'épouser ! Comme dans l'opéra de Puccini, les deux époux seront séparés et, lorsqu'il revient finalement honorer ses promesses de retour, le mari est accompagné d'une autre femme. Ce que j'ai découvert à l'écran n'était pas spécialement émouvant, cela dit. Il m'a en réalité semblé que le scénario n'était pas très bien écrit, l'absence de toute parole apparaissant alors comme un handicap, sans la moindre envolée lyrique un tant soit peu significative. Ce qui explique ma déception. Elle est relative: en fait, je ne suis pas mécontent d'avoir vu le film...

Sur l'aspect ciné-concert, maintenant. Le dispositif scénique, proposé par le groupe Der Zoologe von Berlin, était objectivement ambitieux. Aux images du film s'en ajoutaient d'autres, diapositives ou ombres chinoises, ainsi qu'un peu de théâtre et de la musique électronique. Pour mes oreilles peu habituées à de telles sonorités, cette démarche que les artistes eux-mêmes jugent difficile à décrire et expérimentale n'a pas toujours été des plus agréables. Et je le regrette, d'ailleurs. Loin de me positionner en "gardien du temple", je ne veux pas être trop sévère avec cet Harakiri 2018 (créé à l'occasion d'un festival). Franchement, je suis persuadé que cela peut convenir aux esthètes mieux éclairés que moi: avis aux amateurs, donc, et sans rancune. Tourner le dos aux ciné-concerts n'est assurément pas mon intention !

Harakiri
Film allemand de Fritz Lang (1919)
Une note moyenne qui traduit avant tout ma complète incertitude. J'attendais (un peu) mieux, compte tenu du statut de monstre sacré du réalisateur. Pas grave: ce sera sans doute pour la prochaine fois. En attendant, je vous invite à relire mes impressions très favorables après la découverte du Faust de Murnau, en version ciné-concert. Preuve que les muets allemands méritent bien d'être vus... ou revus !

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Une précision chromatique...
Les images que vous pouvez voir ci-dessus sont directement issues du film, où elles apparaissent bel et bien ainsi, en jaune et en vert. D'autres teintes ont également été utilisées (orange, bleue, rose...). Les artistes présents ont tenu à participer à ce jeu avec les couleurs !

Et pour finir, un petit lien ailleurs...

Vous pourrez lire une chronique du film du côté de "L'oeil sur l'écran".

10 commentaires:

eeguab a dit…

Bonjour Martin. Sûr que les grands muets allemands méritent d'être vus et revus, notamment en ciné-concerts. Je regarde Arte replay Le cabinet des figures de cire. Harakiri est un des rares films de Lang que je n'ai pas vus. A bientôt, amitiés chez toi.

Pascale a dit…

Et bien ça ne donne pas du tout envie.
Par contre les ciné concerts j'adore. Mais il ne faut pas que ce soit trop expérimental.

Martin a dit…

@Eeeguab:

Merci pour tes conseils... et ton amitié !

Il faudra vraiment que je me plonge plus avant dans tous ces films. Le muet est un filon que j'exploite trop peu, de manière générale. J'ai un Chaplin en attente d'ici quelque temps et je suis tombé en extase devant Murnau. Je ne doute pas qu'il y a mille autre exemples qui me raviraient. À suivre...

Martin a dit…

@Pascale:

Désolé de ne pas donner envie. Mais je suis ressorti sans enthousiasme, à vrai dire...

Cette forme de ciné-concert était assez déroutante. Mais je suis trop peu expert en musique électro pour te dire si c'était réellement "expérimental" ou non. Je regrette un peu de ne pas avoir pris le temps d'en discuter avec les musiciens. Une prochaine fois, peut-être. Ce sont des artistes que je serai éventuellement amené à revoir...

eeguab a dit…

En ciné-concert j'ai vu Potemkine, Nosferatu et quelques burlesques au piano. C'est vrai que comme le dit Pascale il y a parfois risque de musique expérimentale... J'ai vu aussi La passion de Jeanne d'Arc avec improvisation à l'orgue de la cathédrale de...Laon. Un peu austère quand même. A bientôt.

cc rider a dit…

Le Fantasia de Disney avec les 80 musiciens de l'orchestre de Monaco dans la fosse a été une vraie expérience.....

Nosferatu , malgré les scénes de peste qui résonnent aujourd'hui de façon un peu trop réaliste est à voir ou à revoir en ces longues journées de confinement....

Martin a dit…

@Eeguab:

Si je comprends bien, côté ciné-concerts, tu n'as vu que des films muets. Pour ma part, j'ai vu aussi "Le seigneur des anneaux" (avec donc la musique live) et "Dark star", évoqué ici il y a peu, avec une autre musique... une autre façon de voir le film, qui te fait comprendre l'importance de la bande son par rapport aux images.

"Jeanne d'Arc" à la cathédrale de Laon ? J'imagine, oui, que c'était austère, mais ça devait être beau.

Martin a dit…

@CC Rider:

Ah oui, "Fantasia" dans ces conditions, ça devait être quelque chose.
Mais je trouve ça bien aussi quand les musiciens sont visibles. J'ai vu Tolkien au Grimaldi Forum !

"Nosferatu" fait partie de la lonnnnnnngue liste des films que je veux voir. Un jour...

Pascale a dit…

Il n'y a pas que l'électro pour que je me sente parfois cobaye d'une expérimentation.
En ciné concert j'ai vu Le Caméraman de Buster Keaton, La communauté de l'Anneau, Duel de Spielberg, Jerry de Gus Van Sant, à chaque fois c'était FORMIDABLE.

Et la Jeanne d'Arc subie par Eeguab ne me tente pas trop :-). Déjà l'orgue n'est pas un son que j'apprécie particulièrement (sauf exception... Toccata et fugue en Ré Majeur de Bach).

Bon, j'ai un "drive" à aller chercher, je vais signer mon autorisation de sortie...

Martin a dit…

Moi non plus, il n'y a pas que l'électro. Mais là, c'était de l'électro... et c'est en réalité une musique que je connais très mal. Le décalage avec les images était parfois source d'étonnement, d'ailleurs, et ce n'est pas forcément désagréable. Juste "difficile" à suivre.

Je ne suis pas un dingue d'orgue, moi non plus, mais pour le coup, dans un cadre comme celui d'une cathédrale et devant l'histoire de Jeanne d'Arc, je me dis que ça peut être raccord, sinon plaisant.

Courses faites, moi aussi, aujourd'hui ! En attendant la réouverture des cinémas, faut bien s'nourrir !