jeudi 5 septembre 2019

L'amour ou l'oubli

Je n'aime pas les films larmoyants, mais je peux aimer un film triste. Vous voyez la nuance ? Tout est question de "dosage", en réalité. Parfois, je me décide presque à pile ou face et je fais donc confiance au film d'un soir pour tomber du bon côté, malgré mes hésitations. Bonne nouvelle du jour: c'est ce qui s'est passé avec Coming home...

Je vous épargnerai donc mon habituel couplet sur la banalité absolue du titre anglais de ce beau film chinois. Clairement, la traduction littérale - De retour à la maison - n'apporte rien de plus. Autant dire tout de suite que le scénario de ce long-métrage tourne effectivement autour d'un retour: celui d'un homme enfermé dix ans dans un camp de prisonniers lors de la période maoïste et qui s'efforce de rentrer chez lui après s'être évadé. Problème: si son épouse paraît troublée lorsqu'elle apprend la nouvelle, sa fille, danseuse, s'imagine dénoncer cet homme qu'elle a peu connu... et qui risque dorénavant d'attirer sur elle les foudres du parti unique. J'ai trouvé Coming home étonnant de liberté (et de courage !) pour une oeuvre chinoise. Précision: s'il a échappé à la censure et a failli représenter son pays aux Oscars, rien n'a finalement été simple. À vérifier sur Wikipédia car, pour ma part, je souhaite n'en parler que sur le plan artistique...

Cela peut aller assez vite, du coup: j'ai vu un très beau mélodrame. Sans vous expliquer tout en détail, je veux vous dire que le scénario rebondit après l'évasion, d'une façon que je n'avais pas anticipée. C'est à partir de ce rebond, qui fait suite à de longues minutes d'exposition, que Coming home est le plus vibrant, le plus intéressant aussi. Les acteurs, très inspirés, y sont pour beaucoup. Gong Li dessine un portrait de femme avec une impressionnante sensibilité. Pour vous convaincre, je dirai en outre que ses deux partenaires principaux - Chen Daoming qui joue le mari et Zhang Huiwen la fille - sont eux aussi excellents. Sur le plan formel, la qualité du travail effectué saute aux yeux: c'est bel et bien une sublime reconstitution. La musique, elle, ajoute un gros plus à l'émotion: mention spéciale pour une scène de piano sans parole, qui m'a laissé sans voix ! Retenez que je chronique ce film le 5 du mois et découvrez la suite...

Coming home
Film chinois de Zhang Yimou (2014)

Depuis l'Occident, on dit parfois que ce réalisateur est l'artiste officiel du régime chinois, car il semble en général plus soutenu qu'inquiété pour ses créations. Je ne polémiquerai pas aujourd'hui, vu que le film est parvenu à me toucher (ce qui est, je crois, sa vocation première). Après, Adieu ma concubine est certainement plus fort. Et ce film méconnu qu'est 11 fleurs vaut probablement un détour, si possible...

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Un petit mot encore...
Vous en lirez d'autres chez Pascale. Les images sont chez Ideyvonne !

4 commentaires:

ideyvonne a dit…

C'est le hasard qui m'a fait découvrir ce film et, lorsque je l'ai vu, j'ai tout de suite été transportée dans cette histoire, oh combien émouvante !

dasola a dit…

Bonjour Martin, je ne l'ai pas vu et tu me le fais regretter. Merci pour le conseil. Bonne journée.

Martin a dit…

@Ideyvonne:

Ouais... l'idée est assez simple, en fait, mais c'est effectivement très émouvant.

Martin a dit…

@Dasola:

Désolé de te donner des regrets... et ravi de te mettre "la puce à l'oreille" !