Deux films sortis coup coup et, au total, plus de cinq heures quinze d'images: découvrir 1900, c'est comme s'attaquer à un monument. J'ai longtemps hésité sur la bonne manière de vous en parler. J'ai opté finalement pour réunir les deux longs-métrages en une chronique unique. Il y aurait tellement de choses à raconter sur cette somme...
1900 est une fresque historique italienne qui porte mal son titre français. Le titre original - Novecento, et donc Vingtième siècle - correspond mieux à la démarche du réalisateur, Bernardo Bertolucci. Dans une ambition quasi-pharaonique, le cinéaste embrasse l'histoire de son pays entre 1901 et 1945 et, pour cela, dresse le portrait croisé d'Olmo Dalco, enfant né sans père d'une grande famille de métayers, et d'Alfredo Berlinghieri, son double inversé, petit-fils et héritier ultime du riche propriétaire pour lequel les Dalco et leurs proches travaillent. Les deux enfants se côtoient et se lient d'une amitié vacharde sur fond de différence de classe. Quels beaux personnages !
Leur éducation devrait les opposer, mais la vie les rassemble toujours. En grandissant, Olmo se rebelle face aux injustices sociales, mais il ne parvient pas à s'éloigner d'Alfredo. Ce dernier, sommé finalement de reproduire le cadre familial, y est vraiment mal à l'aise et préférerait mener la vie de bohème que d'administrer un domaine dont il est pourtant censé être le chef. C'est très résumé ! L'émotion procurée par 1900 réside principalement, à mes yeux, dans le fait que c'est en s'appuyant sur des personnages archétypaux qu'il raconte la grande Histoire. Et celle de l'Italie était pour le moins tourmentée au cours de ces décennies, entre la misère, les guerres, le fascisme...
La chronique spécifique que j'avais pensé écrire sur le second film aurait pu s'intituler La force du destin. Oui, c'est le titre d'un opéra composé par Verdi, à qui il est fait référence dès le début du film. 1900 a bel et bien une indiscutable force lyrique, que l'on peut juger démesurée, parfois, tant la mise en scène apparaît "copieuse". Évidemment, les acteurs sont de vraies légendes: Gérard Depardieu, Robert de Niro, Burt Lancaster, Sterling Hayden et Donald Sutherland complètent magistralement une distribution italienne de haut vol. Même constat chez les femmes, avec une Dominique Sanda parfaite en oiseau blessé par la dureté des temps. Là encore, je synthétise...
Il paraît improbable que de tels films puissent encore être tournés aujourd'hui. J'avoue avoir été particulièrement touché par un carton qui rend hommage aux habitants de l'Émilie, cette région italienne rurale dans lequel le scénario s'inscrit. Le soin quasi-documentaire apporté à la reconstitution fait de 1900 un film historique majeur. Engagé ? Oui, sans nul doute, et qui peut de ce fait susciter le débat. Malgré quelques longueurs sur la fin, l'impressionnant travail accompli par toutes les équipes techniques derrière la caméra et l'aspect brut de ce récit m'ont vraiment imposé un respect absolu. Et laisser passer quelques jours entre les deux parties n'a rien enlevé à ce vrai plaisir !
1900, premier acte - 1900, deuxième acte
Films italiens de Bernardo Bertolucci (1976)
Plus que deux films: deux oeuvres majeures et comme (trans)portées par la flamboyance de la musique du maestro Ennio Morricone. Inutile d'aller chercher un autre film semblable: il n'en existe sûrement pas. Cela étant dit, le fait que celui-ci dure si longtemps le rapproche quand même, je trouve, d'une autre fresque: La porte du paradis. Cette emphase ne résume pas le cinéma, mais elle lui va à merveille !
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Et si vous voulez aller plus loin...
Vous pouvez commencer en allant lire un texte de "L'oeil sur l'écran".
1900 est une fresque historique italienne qui porte mal son titre français. Le titre original - Novecento, et donc Vingtième siècle - correspond mieux à la démarche du réalisateur, Bernardo Bertolucci. Dans une ambition quasi-pharaonique, le cinéaste embrasse l'histoire de son pays entre 1901 et 1945 et, pour cela, dresse le portrait croisé d'Olmo Dalco, enfant né sans père d'une grande famille de métayers, et d'Alfredo Berlinghieri, son double inversé, petit-fils et héritier ultime du riche propriétaire pour lequel les Dalco et leurs proches travaillent. Les deux enfants se côtoient et se lient d'une amitié vacharde sur fond de différence de classe. Quels beaux personnages !
Leur éducation devrait les opposer, mais la vie les rassemble toujours. En grandissant, Olmo se rebelle face aux injustices sociales, mais il ne parvient pas à s'éloigner d'Alfredo. Ce dernier, sommé finalement de reproduire le cadre familial, y est vraiment mal à l'aise et préférerait mener la vie de bohème que d'administrer un domaine dont il est pourtant censé être le chef. C'est très résumé ! L'émotion procurée par 1900 réside principalement, à mes yeux, dans le fait que c'est en s'appuyant sur des personnages archétypaux qu'il raconte la grande Histoire. Et celle de l'Italie était pour le moins tourmentée au cours de ces décennies, entre la misère, les guerres, le fascisme...
La chronique spécifique que j'avais pensé écrire sur le second film aurait pu s'intituler La force du destin. Oui, c'est le titre d'un opéra composé par Verdi, à qui il est fait référence dès le début du film. 1900 a bel et bien une indiscutable force lyrique, que l'on peut juger démesurée, parfois, tant la mise en scène apparaît "copieuse". Évidemment, les acteurs sont de vraies légendes: Gérard Depardieu, Robert de Niro, Burt Lancaster, Sterling Hayden et Donald Sutherland complètent magistralement une distribution italienne de haut vol. Même constat chez les femmes, avec une Dominique Sanda parfaite en oiseau blessé par la dureté des temps. Là encore, je synthétise...
Il paraît improbable que de tels films puissent encore être tournés aujourd'hui. J'avoue avoir été particulièrement touché par un carton qui rend hommage aux habitants de l'Émilie, cette région italienne rurale dans lequel le scénario s'inscrit. Le soin quasi-documentaire apporté à la reconstitution fait de 1900 un film historique majeur. Engagé ? Oui, sans nul doute, et qui peut de ce fait susciter le débat. Malgré quelques longueurs sur la fin, l'impressionnant travail accompli par toutes les équipes techniques derrière la caméra et l'aspect brut de ce récit m'ont vraiment imposé un respect absolu. Et laisser passer quelques jours entre les deux parties n'a rien enlevé à ce vrai plaisir !
1900, premier acte - 1900, deuxième acte
Films italiens de Bernardo Bertolucci (1976)
Plus que deux films: deux oeuvres majeures et comme (trans)portées par la flamboyance de la musique du maestro Ennio Morricone. Inutile d'aller chercher un autre film semblable: il n'en existe sûrement pas. Cela étant dit, le fait que celui-ci dure si longtemps le rapproche quand même, je trouve, d'une autre fresque: La porte du paradis. Cette emphase ne résume pas le cinéma, mais elle lui va à merveille !
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Et si vous voulez aller plus loin...
Vous pouvez commencer en allant lire un texte de "L'oeil sur l'écran".
4 commentaires:
Vu à sa sortie. M'avait semblé très lourd et très très très manichéen. Jamais revu. Je serais probablemnt moins péremptoire maintenant. A bientôt Martin.
OMG je l'avais vu à sa sortie... et j'avais adoré toute jeunette que j'étais. J'aime ce lyrisme démesuré qui effectivement n'existe plus aujourd'hui. Il y a des scènes terribles (le viol et la mort de l'enfant) et des scènes inoubliables malgré les longueurs.
Que j'aimais Stefana Sandrelli (Je crois) ! Donald était EFFRAYANT en chemise noire avec sa tarée de femme.
Quant aux 2 super stars, ils étaient au top !
La porte du Paradis est un chef d'oeuvre dans mon top de tous les temps.
@Eeguab:
Bertolucci se place du côté des petites gens, mais je n'ai pas trouvé le film manichéen.
Comment le percevrais-tu maintenant ? Je serais curieux de le savoir, mais c'est peut-être un peu... long.
@Pascale:
Les scènes terribles auxquelles tu fais référence m'ont noué pendant toute la deuxième partie !
Nous sommes entièrement d'accord sur les acteurs. Bertolucci ne les ménage pas, comme d'habitude...
À mes yeux aussi, "La porte du paradis" est un très grand film. Et d'une ampleur comparable.
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