samedi 12 janvier 2019

Au tour des femmes

Il est anglais, il est noir et il s'appelle (vraiment !) Steve McQueen. Désormais, les habitués des salles obscures ne sont plus surpris d'entendre ce patronyme: ce réalisateur a une belle petite réputation. C'est pour lui que je suis allé voir Les veuves, son quatrième long. D'aucuns ont dit que c'était aussi le plus "consensuel". C'est vite dit...

Le film commence sur un (brillant) montage alterné. Un couple s'éveille dans un beau moment de tendresse et d'autres images montrent l'homme comme le chef d'une bande sur un braquage raté. Quatre gangsters laissent quatre femmes derrière eux: sans scène d'exposition complémentaire, le titre trouve aussitôt sa justification. Par la suite, Les veuves raconte comment de sages épouses revenues au célibat forcé s'arment et deviennent braqueuses à leur tour. Évidemment, je ne vous dis pas tout: c'est plutôt leurs motivations pour agir que le scénario explore - et c'est ma foi plutôt efficace. Tout cela révèle les côtés les plus sombres du Chicago contemporain ! Attention toutefois: le récit s'inscrit bien dans le cadre de la fiction. Sincèrement, je ne suis pas sûr que Steve McQueen ait voulu représenter une réalité quelconque. Je crois important de se souvenir que son film s'inspire d'une série britannique (sortie en 1983 et 1985).

Le format original ? Deux fois six épisodes de cinquante minutes. Adaptés ou entièrement réécrits ? Je n'ai pas cherché à le savoir. Resserré, le format cinéma me convient parfaitement et j'ai apprécié ce qu'est devenue cette matière première: un long-métrage soigné. Sans tomber dans l'excès de virtuosité, Steve McQueen et ses équipes techniques ont assez de talent pour emballer leur affaire proprement. Les acteurs évoluent alors en confiance, je suppose, et Les veuves brille également par son casting, grâce d'abord à son quatuor majeur. Viola Davis, Elizabeth Debicki, Michelle Rodriguez et Cynthia Erivo m'ont convaincu, chacune dans un registre (quelque peu) différent. Les hommes - des fripouilles ! - sont très bien aussi: Robert Duvall, Colin Farrell, Liam Neeson, Bryan Tyree Henry et Daniel Kaluuya. J'avoue: je connaissais les blancs, mais pas les noirs ! Dans la guerre qui oppose les couleurs, on nous invite à choisir la cause des femmes. Après tout, pourquoi pas ? C'est tendance. L'arrière-plan politique existe effectivement, mais, à mes yeux, ce n'est pas le sujet du film.

Les veuves
Film américano-britannique de Steve McQueen (2018)

Je n'ai pas vu Twelve years a slave, le film précédent du réalisateur. Son premier, Hunger, m'avait marqué, et le suivant, Shame, aborde frontalement un sujet tout à la fois pathétique et difficile à traiter. Steve McQueen prouve encore une fois qu'il est un cinéaste contemporain intéressant: il sait "fabriquer" de bons petits films. Ouais, ses braqueuses surpassent donc celles d'Ocean's 8. À suivre... 

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Vu en 2018, le film entre dans mon Movie Challenge...

Oui, à la case n°35: "Le film est tiré d'une série ou en a inspiré une".

Maintenant, vous préférez peut-être lire un avis féminin...

Je vous propose... d'en lire deux: celui de Pascale et celui de Dasola.

8 commentaires:

Pascale a dit…

Une déception pour moi comme tu sais. Je trouve l'interprétation féminine pas très convaincante mais je suis ravie d'avoir decouvert Elizabeth Debicki qui domine tout le monde.
Il fait 12 années un esclave :-)
Tu voulais dire manière ou matière ?

Pascale a dit…

Il fait = il faut voir.

Martin a dit…

@Pascale:

Je voulais dire "matière", bien sûr, et c'est corrigé: merci !
Elizabeth Debicki, moi, je l'avais repérée dans "Gatsby" avec ton Leo.

Martin a dit…

@L'assistante du Coréen:

Bien sûr...

dasola a dit…

Bonjour Martin, c'est mille fois supérieur à Ocean 8. Elizabeth Debicki, je l'ai découverte dans la version ciné des Agents très spéciaux (Le film ne "cassait" rien) (2015). Elle jouait une "méchante". Bonne après-midi.

Pascale a dit…

Quand Leo est là... je ne vois rien d'autre.

Martin a dit…

@Dasola:

Mille fois ? Rien que ça ?
Merci pour cette autre référence à Elizabeth Debicki.

Martin a dit…

@Pascale:

C'est très exactement ce que je pensais !