dimanche 11 novembre 2018

Un reste d'espoir

Il est important pour moi aussi de célébrer le centième anniversaire de la fin de la Première guerre mondiale. Tant d'hommes sont partis se battre en 1914 que je n'ai pas de fierté particulière à souligner ici que mon grand-père paternel en faisait partie, mais la paix retrouvée mérite qu'on se souvienne. Dans ce cadre, le cinéma peut être utile...

J'ai longuement hésité pour décider de mon film-support de mémoire et, finalement, j'ai choisi de revoir Un long dimanche de fiançailles. Adaptation d'un roman de Sébastien Japrisot (1991), ce long-métrage sensible dresse le portrait de Mathilde, une jolie jeune orpheline élevée par son oncle et sa tante, à 100% convaincue que le garçon qu'elle aime n'est pas mort au front, même s'il n'en est pas revenu. Opiniâtre, la demoiselle s'appuie sur quelques vagues superstitions pour garder l'espoir et, malgré le pied-bot qui la handicape, mène vaillamment l'enquête afin de connaître la vérité. Dans cette France résiliente du début des années 20, ses échanges avec d'anciens Poilus et leurs femmes l'aident à en savoir plus. Le moins qu'on puisse dire sur ce point, c'est que le film propose tout un défilé de visages connus et appréciés: outre Audrey Tautou dans le rôle principal, le casting rassemble Julie Depardieu, Marion Cotillard et même... Jodie Foster chez les dames, tandis que l'on retrouve notamment Gaspard Ulliel, Albert Dupontel, Clovis Cornillac et André Dussollier du côté masculin !

Cette distribution en or massif est la toute première chose qui saute aux yeux au moment d'aborder le récit. Selon les goûts de chacun(e) d'entre vous, elle sera un élément décisif pour le suivre avec plaisir ou, au contraire, l'écarter sans ménagement. Il me semble probable qu'il en soit de même pour la forme: je retiens que Bruno Delbonnel est reparti avec un César, mais je reste persuadé que la photographie qu'il a conçue pour le film ne fera pas l'unanimité des cinéphiles exigeants. Le gris de ses tranchées est réaliste, mais la teinte sépia du reste des images crée parfois un décalage important, au détriment peut-être de l'émotion - cette idée n'est pas mauvaise en soi, cela dit. Du point de vue scénaristique, Un long dimanche de fiançailles raconte des choses intelligentes sur ce que peut être la condition humaine dans un immédiat après-guerre, aux heures où les soldats rescapés sont censés vite panser leurs plaies pour avancer gaiement vers des lendemains qui chantent. Ce n'est évidemment pas si facile. Et cent ans plus tard, il n'est sûrement pas vain de nous le rappeler...

Un long dimanche de fiançailles
Film français de Jean-Pierre Jeunet (2004)

Un joli film qui, dans la filmographie du réalisateur et de son actrice principale, arrive juste après Le fabuleux destin d'Amélie Poulain. Pas étonnant dès lors que l'on détecte quelques similitudes visuelles et que l'on retrouve un tonalité assez positive. La vie et rien d'autre est plus sombre, mais parle merveilleusement de l'après 1914-1918. La chambre des officiers est très bien aussi. Liste non exhaustive...

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Et hop ! Un pas de plus pour le Movie Challenge...

Je peux cocher la case n°36: "C'est l'adaptation d'un livre que j'ai lu".

Pas question pour autant de négliger mes petits camarades...
Plusieurs d'entre eux ont fait une allusion au film dans leurs colonnes. Mais seul "L'oeil sur l'écran" s'est aussi fendu d'une (mini-)chronique !

10 commentaires:

eeguab a dit…

Oui je trouve qu'Un long dimanche... est plutôt un joli film. Les films de Tavernier, La vie et rien d'autre et Capitaine Conan (la guerre 14-18 en 19) mais aussi, le J'accuse d'Abel Gance, bien sûr Les croix de bois, A l'Ouest rien de nouveau, Trois camarades, mais aussi Les sentiers de la gloire et Pour l'exemple, La chambre des officiers, L'adieu aux armes, etc... sont des oeuvtres intéressantes.
A bientôt.

Martin a dit…

Merci pour cette liste, cher Eeguab ! Il y a quelques films que je n'ai pas vus.
Le sujet m'intéresse grandement. Il est donc probable que je me rattrape un jour. En ta compagnie ?

Je te souhaite en tout cas une belle journée du 11 novembre.

Véronique Hottat a dit…

J'avais lu le roman de Sébastien Japrisot à sa sortie, en 1991. Bien avant son adaptation cinématographique, que j'ai vue mais je ne m'en souviens plus très bien. Je pense que je l'avais bien aimé mais les portraits et les émotions suscités par les mots de Sébastien Japrisot ont plus imprégné ma mémoire que les images de Jean-Pierre Jeunet. J’ai préféré « mon héroïne » de papier, en quelque sorte, mais je pense que c’est assez récurrent dans le cas des romans adaptés au cinéma, du moins si on a pris la peine de les lire auparavant. Après, c'est fichu, l'imaginaire est parasité et limité par les images vues. J’aimerais beaucoup revoir La vie et rien d'autre de Tavernier. Et découvrir prochainement Les croix de bois de Raymond Bernard. La chambre des officiers (déjà cité par Eeguab) et Au revoir là-haut ont également bénéficié d'une adaptation réussie sur le grand écran. Beaucoup d'hommages aujourd'jui, comme ces derniers jours, et j'en suis heureuse.


Pascale a dit…

J'avais beaucoup aimé le roman lu après avoir vu le film que j'avais aimé aussi. Très émouvant MmM... Souvent les films me donnent envie de lire et j'adore ça.
La couleur sepia est étrange. C'est du Jeunet pur jus.

Tu ne parles pas de Capitaine Conan de MON Bertrand. Il est passé dans le poste la semaine dernière. Je l'ai revu. Même choc. Cela reste pour moi LE film sur la guerre 14/18, le plus juste, le plus complet. Et on y découvrait la prestation hallucinante de Philippe Torreton, mercenaire implacable et humain plus qu'humain.

Martin a dit…

@Sentinelle:

De mon côté, je t'avoue que c'est du texte de Japrisot dont je ne me souviens plus vraiment. Cette lecture commence à remonter, à vrai dire. Je pense que j'avais assez vite enchaîné le livre après le film. Oui, j'étais dans le sens inverse...

Merci de placer le débat sur la littérature, chère Sentinelle, la chose amusante étant qu'en matière de romans liés à la première guerre mondiale, ma préférence va pour l'instant à ceux d'un auteur belge: Xavier Hanotte. N'en avions-nous pas déjà parlé ensemble ? Il me semble me souvenir que si, mais il se peut que je fasse erreur.

Martin a dit…

@Pascale:

Pareil pour moi: les films me donnent envie de lire. Et inversement.

Je ne parle pas de "Capitaine Conan" ici, mais j'en ai fait la chronique, malgré tout.
Pour être franc, j'ai cité "La vie et rien d'autre", car je préfère ce Tavernier-là.

Véronique Hottat a dit…

Coucou Martin,

Je n'ai jamais lu jusqu'à présent Xavier Hanotte, donc je ne pense pas que c'est avec moi qui tu en avais parlé (mais avec qui alors ? ah ça, comme je suis curieuse parfois). Mais c'est intéressant que tu le cites, car j'ai décidé de lire un peu plus d'auteurs belges et je l'ajoute dans ma liste des auteurs à découvrir. Sur ce, très bon dimanche, cher ami !

Martin a dit…

Ah ah ! Du coup, je ne sais plus avec qui j'en avais parlé dans le monde virtuel. Mystère...

Me voilà à présent curieux de connaître ton opinion sur ce Xavier Hanotte ! Il va falloir que je sois patient, je crois.
Parmi les livres que j'ai lus et aimés, je citerais "Derrière la colline", "Les lieux communs" et "De secrètes injustices".

GirlyMamie a dit…

Je l'ai vu une première fois et j'ai détesté. Puis une seconde (tout le monde disait que c'était bien, je voulais m'assurer que je n'avais pas raté un wagon !) et là j'ai adoré ! C'est fou comme parfois l'état d'esprit dans lequel on se trouve peut faire aimer ou pas un film...

Martin a dit…

Ah, ça, c'est clair ! La manière dont on reçoit un film peut largement dépendre de son humeur.
"Un dimanche de fiançailles" n'est pas sans défaut, mais c'est un film honorable et, je crois, important.

Je ne l'ai pas mentionné dans ma chronique, mais le DVD est même proposé en audiodescription.
Ce choix de Jeunet de s'adresser au plus grand nombre me paraît franchement à porter à son crédit !